De plus en plus de nouvelles maladies virales font leur apparition ces derniers temps et se propagent rapidement dans les quatre coins du monde. Pour faire face à ces virus et éviter de graves conséquences sur notre système de santé, Pr Abdelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses, estime qu’il est grand temps pour le Maroc d’agir. Invité de «L’Info en Face», il affirme qu’il faut se doter d’un plan national de lutte et de prévention des maladies virales émergentes et ré-émergentes. «Il est très important aujourd’hui de mettre en place une stratégie ou un plan de riposte contre le “terrorisme” infectieux, en particulier contre les maladies virales. Il faut toujours être prêt et prévoir tout ce qui peut aider à maitriser ces pathologies, que ce soit en termes de ressources humaines ou de matériels, médicaments, vaccins…», a déclaré Pr Chakib.
Ce dernier propose ainsi de mettre en place des plans de riposte spécifiques en fonction du type de transmission des virus pour lutter contre ces maladies virales d’une façon plus efficace. Les moyens de diagnostic des maladies ont nettement évolué Revenant sur la question de la propagation plus fréquente et plus rapide des maladies virales ces dernières années, le spécialiste pense que les moyens de diagnostic sophistiqués, dont on dispose actuellement, permettent aux scientifiques de détecter plus de virus qui auraient pu passer inaperçus avant. «Les maladies virales ont toujours existé. Mais le fait de les détecter n’était pas très facile. Aujourd’hui, nous disposons de moyens technologiques qui nous permettent de diagnostiquer de plus en plus de virus, parfois même de façon précoce», souligne le spécialiste. Et d’ajouter que «la Covid-19, la variole du singe et autres maladies virales apparues ou réapparues récemment ne seront pas les dernières. Il faut s’attendre dorénavant à avoir de plus en plus de pathologies virales qu’on ne connaissait pas avant, non pas spécialement parce que nous sommes entrés dans “l’ère des virus”, mais surtout parce que les scientifiques sont devenus beaucoup plus vigilants et les moyens de diagnostic ont nettement évolué».
Des facteurs climatiques et environnementaux
Le médecin a également évoqué les facteurs climatiques et environnementaux qui favorisent l’émergence ou la réémergence des maladies. «L'impact du changement climatique et environnemental sur les maladies animales émergentes ou ré-émergentes est évident. À cause de la déforestation et de l’urbanisation des forêts, l’homme détruit les milieux naturels de certains animaux, les poussant ainsi à chercher de nouveaux endroits où vivre. En changeant de lieux de vie, ces animaux finissent enfin par entrer en contact avec l’homme et lui transmettent leurs virus, d’où l’apparition de ces maladies connues sous le nom de zoonoses», explique Pr Chakib. Ce dernier a rappelé, en outre, que 75% des maladies infectieuses affectant les humains ces dernières années sont d’origine animale.
Elles sont dues principalement à des virus mais également à des bactéries ou des parasites, capables d’infecter aussi bien les hommes que les animaux. Parmi ces maladies, on note Ebola, la grippe aviaire, la grippe porcine, la Covid-19... «Pour lutter contre la propagation de ces maladies, il faut absolument prendre au sérieux les facteurs de risque environnementaux et adopter les mesures nécessaires pour assurer un bon équilibre entre l’homme et la nature. Il est aussi important de prendre soin de notre santé mentale et limiter les situations de stress qui représentent un facteur de risque important pour un grand nombre de maladies», insiste le spécialiste. Par ailleurs, Pr Chakib a rappelé l’importance du respect des gestes barrière, tels que le port du masque mais surtout la distanciation physique et le lavage des mains, qui jouent un rôle primordial à côté de la vaccination dans la lutte contre les maladies virales. «Les hommes doivent apprendre à vivre avec ces nouveaux virus et d’autres qui arriveront les prochaines années. Il n’y a pas de raisons pour paniquer, mais il faut tout de même rester vigilant, notamment pendant les déplacements, et prendre les précautions nécessaires pour protéger sa santé».