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Actes esthétiques : L'offre se banalise, les médecins s'inquiètent

L'offre est grandissante et les prix alléchants. Les salons de coiffure et centres de beauté qui proposent des actes esthétiques, tels que les injections, le peeling et le laser épilatoire sont légion et pratiqueraient de manière illégale, selon le Syndicat national des chirurgiens-plasticiens du Maroc (SNCPM) qui lance une alerte à tous ces jeunes qui se laissent tenter par ces services, mais aussi aux autorités pour mettre fin à «cette pratique illégale de la médecine».

Actes esthétiques : L'offre se banalise, les médecins s'inquiètent

Les actes esthétiques sont de plus en plus populaires auprès des Marocains, surtout les jeunes femmes. Injections de comblement, de toxine botulique (Botox) ou d’acide hyaluronique, laser épilatoire… cartonnent depuis quelques années. Mais attention ! Simplicité d’accès et de prise de rendez-vous ne rime malheureusement pas forcément avec légalité et respect des consignes sanitaires. C’est la raison pour laquelle le Syndicat national des chirurgiens-plasticiens du Maroc (SNCPM) a lancé une alerte contre la pratique illégale des actes de médecine esthétique, par de nombreux salons de coiffure, salles de sport, spas et autres.

«Les centres de beauté et salles de sport proposant en toute impunité des injections de comblement, de toxine botulique, de PRP, de mésothérapie ou même de laser épilatoire se multiplient dans toutes les régions du Maroc. Nous alertons les pouvoirs publics quant aux dangers liés notamment aux injections réalisées par des personnes non qualifiées mettant en péril la sécurité de patientes souvent jeunes et innocentes», dénonce le Syndicat dans un communiqué.

Contactée par nos soins, une source du SNCPM ayant requis l'anonymat affirme que les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans la banalisation de ces actes purement médicaux et qui ne doivent pas être mis au même niveau qu’une coiffure, un tatouage ou une manucure… «Les réseaux sociaux ont permis à ces centres de beauté de se faire connaître auprès de jeunes patientes innocentes attirées par des tarifs bas, avec l’aide parfois d’influenceuses, prônant de plus en plus les techniques “russes” à la mode qu’ils appliquent de manière non personnalisée à toutes leurs victimes, montrant également des “vrais” ou “faux” produits médicaux qui ne leur sont pas autorisés, mais dans un but de crédibilité», explique notre source.

«Les “give-away”, promotions et l’utilisation illégale de photos de résultats avant-après volées sur le Net à des médecins marocains et étrangers certifiés attirent malheureusement de nombreuses victimes. De plus en plus de “vrais” ou “faux” médecins, mais non inscrits au Conseil national de l’Ordre des médecins, ont été répertoriés par notre Syndicat. L’attrait pour les techniques “à la mode” de ces pays est grandissant au Maroc et les réseaux sociaux leur permettent d’en faire la publicité», assure la même source. Qu'en disent les centres de beauté ? Impossible de connaître leur position, ceux que nous avons contactés n'ayant pas souhaité se prononcer sur le communiqué du syndicat.

Le syndicat affirme, par ailleurs, les produits d’injection utilisés dans ces centres aussi bien pour le visage que pour le corps sont parfois des produits de comblement illicites, interdits ou des copies de produits de comblement illicites, interdits ou des copies de produits de comblement existants, mais non stériles. Le SNCPM souligne également que les personnes qui pratiquent ces actes illégalement ainsi que leurs clientes ignorent que cela peut avoir de graves séquelles souvent irréversibles.

«Nous recevons de plus en plus de patientes victimes de ces pratiques sauvages présentant des complications souvent graves. Il faut savoir que les injections réalisées par des personnes non qualifiées sans aucune connaissance médicale ou de l’anatomie, peuvent causer des risques de nécrose cutanée, d’infection, de cécité, paralysie temporaire…», alerte la source du syndicat. Et d’enchaîner : «la mésothérapie et le PRP réalisés en dehors des règles d’asepsie peuvent générer des infections cutanées. Les peelings et les lasers médicaux, quant à eux, peuvent être à risque de brûlures ou de fâcheuses cicatrices lorsqu’ils sont pratiqués par des non-médecins. Toutes ces techniques doivent être effectuées uniquement par des chirurgiens-plasticiens et les médecins ayant reçu la formation adéquate. Nous appelons nos concitoyens à la prudence et lançons un appel aux autorités concernées afin de mettre fin à cette pratique illégale de la médecine».

Le SNCPM précise que pour faire la différence entre les centres de beauté et de soins et les cabinets médicaux, il suffit de vérifier la plaque du médecin inscrit au tableau de l’Ordre national des médecins à l’entrée de son cabinet. Le syndicat rappelle enfin que seule une structure médicale dotée de tous les moyens nécessaires peut parer à d’éventuelles complications en urgence.

Des pratiques punies par la loi

Le Syndicat national des chirurgiens-plasticiens du Maroc rappelle que la pratique des actes de médecine esthétique de manière illégale est punie par la loi. Le Code de déontologie médicale, dans son chapitre II article 4, dispose que «nul ne peut accomplir aucun acte de la profession médicale, à quelque titre que ce soit, s’il n’est pas inscrit au tableau de l’Ordre conformément aux dispositions de la présente loi et celles de la loi n° 08-12 relative à l’Ordre national des médecins, au titre du secteur dans lequel il entend exercer» rappelle le syndicat. Et d’ajouter que «toute pratique illégale de la médecine est passible de poursuites judiciaires. Seuls les chirurgiens-plasticiens et les médecins ayant reçu la formation et les diplômes requis, inscrits à l’Ordre des Médecins ont le droit de procéder à des gestes médicaux à visée esthétique».

De même, les personnes qui arrivent à se procurer par des moyens illégaux certains produits et machines utilisés dans les actes médicaux esthétiques risquent d’être punies. Le Syndicat indique, en effet, que toute infraction aux dispositions de la loi n° 84-12 relative aux dispositifs médicaux est punie conformément aux dispositions législatives et réglementations en vigueur.

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