À peine lancé, le dispositif d’aide exceptionnelle accordée aux professionnels du transport routier suscite déjà les réactions des parlementaires. Les députés des quatre partis de l’opposition se posent en effet plusieurs questions sur les critères adoptés par le gouvernement pour choisir les catégories ciblées. Dans une question écrite adressée jeudi dernier à la ministre de l’Économie et des finances, le président du groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS) demande des précisions quant aux critères d’octroi de cette subvention. Il en est de même pour les montants de soutien fixés et les véhicules de transport identifiés. «Nous nous interrogeons sur l’efficience des critères adoptés et à quel point ils répondent au principe d’équité et d’objectivité. Plusieurs professionnels expriment leurs craintes de se voir exclus de cette subvention et qu’elle bénéficie plutôt aux propriétaires des véhicules au détriment des chauffeurs. Je donne à ce titre l’exemple des taxieurs. Il faudra également avoir une idée sur la durée de cette subvention et les scénarios envisagés au cas où le prix du carburant continuerait de grimper», souligne Rachid Hammouni dans une déclaration accordée au «Matin».
Même son de cloche chez Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement. Si ce parlementaire juge l’idée de l’octroi d’une subvention aux transporteurs professionnels salutaire, il estime par ailleurs qu’elle reste incomplète et nécessiterait davantage de réflexion et de concertations pour mûrir afin de pouvoir développer une vision globale qui tient compte également du pouvoir d’achat de la classe modeste et moyenne et ne laisse personne pour compte. «L’idée de soutenir financièrement le secteur du transport ne date pas d’aujourd'hui. La question s’était déjà posée en 2013 lorsque le prix du pétrole avait atteint 140 dollars le baril, mais plusieurs obstacles entravaient alors sa mise en œuvre, notamment l’anarchie du secteur et la prévalence du transport informel. Les propriétaires de véhicules refusaient par ailleurs de déclarer leurs dépenses en carburant et il n’y avait aucun moyen de les recenser, parce qu’ils n’étaient affiliés à aucune couverture médicale. Aujourd’hui, les choses ont changé et une aide ciblée est désormais possible.
Encore faut-il l’adresser aux catégories les plus méritantes. Pourquoi le gouvernement iraitil soutenir des grandes entreprises de transport touristique disposant d’importants moyens, au détriment de citoyens modestes n’ayant d’autre choix que de se déplacer avec une moto ? Il suffit de faire un petit tour à Marrakech pour avoir une idée de la situation», s’exclame M. Bouanou. Pour pouvoir éclairer donc toutes ces zones d’ombre qui existent dans le tableau, les partis de l’opposition ont ainsi appelé à la tenue d’une réunion urgente de la Commission des finances et du développement économique en présence de la ministre de l’Économie dans le but d’avoir une réponse à toutes les questions restées en suspens.
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Le MP aussi veut des explications
Le Mouvement populaire (MP) a rejoint les autres partis de l’opposition pour jouer la même partition. Dans une question écrite adressée par le parlementaire Mohamed Ouzzine au ministre du Transport et de la logistique, le MP a appelé le chef de ce département à fournir des éclaircissements sur l’aide financière octroyée au secteur du transport professionnel et les mesures prises pour cibler les chauffeurs de taxi qui sont le maillon faible de la flambée des prix du carburant.