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gouvernement n’a pas de baguette magique !» Cette phrase lâchée par Aziz Akhannouch, lors de la conférence tenue à l’issue de la réunion mensuelle de la présidence de la coalition de la majorité gouvernementale, a été récupérée par le Parti de la justice et du développement (PJD) qui va faire par la suite un assaut de critiques à l’encontre du gouvernement dans un long communiqué. «La mission et le rôle principal de l’Exécutif sont de faire face aux contraintes, relever les défis. Son rôle n’est pas de prétendre qu’il ne dispose pas de la baguette magique et de tourner le dos à ses responsabilités», lit-on dans le communiqué du PJD adopté à l’issue de la dernière réunion de son secrétariat national. Et Aziz Akhannouch, lors de son passage devant la Chambre des représentants, à l’occasion de la séance mensuelle des questions de politique générale, ne manquera pas de rendre la monnaie de sa pièce au PJD. «Aujourd’hui, nous faisons face avec détermination aux répercussions de la guerre (russo-ukrainienne), de la pandémie et des changements climatiques. Nous n’avons aucun contrôle sur le déroulement des crises, leur timing ou leurs dimensions, et c’est pour cela que la baguette magique a été mentionnée. Tout cela se passe en dehors de nos frontières, mais nous faisons d’énormes efforts pour en atténuer les effets», avait affirmé M. Akhannouch, en dressant le tableau des budgets mobilisés récemment pour faire face à ces crises : 2 milliards de dirhams pour le plan de sauvetage du tourisme, 10 milliards pour le programme de lutte contre la sécheresse, 13 milliards pour le remboursement des arriérés de TVA, 14 milliards pour prévenir une augmentation de 40% du prix de l’électricité, 3 milliards pour la subvention du sucre et 14 milliards pour le gaz butane.
«Ce que vous dites n’est qu’un mensonge»
Par la suite, et en réaction aux propos du député PJD Abdellah Bouanou, qui a soulevé la question du niveau «élevé et inexpliqué» des marges des distributeurs de carburant au Maroc, Aziz Akhannouch s’en est pris directement au PJD. «Nous surveillons la situation, et nous observons les marges. Ce que vous dites, M. Bouanou (et les frères), n’est qu’un mensonge. Les marges en vigueur aujourd’hui sont au même niveau que celles de 1997. Mais si votre objectif, après avoir retiré le pétrole de la Caisse de compensation, est de le réintégrer dans celle-ci en y consacrant 3 milliards de dirhams, je vous demande juste de vous mettre d’accord avec votre chef (de parti) avant de venir débattre avec moi. Je ne pense pas, M. Bouanou, que votre leader l’approuvera !» Et Akhannouch de lancer, après que Bouanou soit monté au créneau suite à ses propos, «Redoute Allah, vous êtes musulman !», avant de poursuivre «Il y a des questions qui ne méritent même pas une réponse. Ils répètent ce disque depuis 5 à 7 ans, mais concernant les résultats des élections, les Marocains savent (comment ils étaient). Je tiens à vous rappeler que certains des responsables, qui étaient avant moi, déclaré en 2013 qu’ils ne pouvaient pas tout réformer en même temps. Gloire à Allah ! Lorsque vous étiez aux commandes, vous avez demandé aux Marocains de vous laisser du temps. Maintenant, c’est aux autres de faire en six mois ce que vous n’avez pas pu faire en dix ans.»Et d’ajouter : «permettez-moi de dire la vérité aux Marocains. C’est le PJD qui a fait augmenter les prix et libéralisé les prix des carburants. Ils ont été aux commandes pendant dix ans et n’ont pas été capables d’assurer un stock stratégique d’hydrocarbures».
Répliquer via un live sur Facebook : sport favori de Benkirane
Cette charge d’Akhannouch n’a pas laissé de marbre Benkirane. Le chef du PJD, réputé pour ses coups d’éclat sur Facebook, s’est lancé dans un live de 38 minutes où il a soufflé le chaud et le froid sur Akhannouch. «Nous voulons dire à M. Aziz, qui nous reproche de libéraliser les prix du carburant, que c’est quelque chose de grand pour nous et dont nous sommes fiers», a lancé Benkirane d’emblée. Revenant sur le communiqué qui a écorché M. Akhannouch, Benkirane a expliqué que celui-ci a été adopté parce qu’il estimait que la primature s’était mise à se comporter d’une manière «non logique» et «inappropriée». «Le Chef du gouvernement, en toute symbolique, s’il reconnaît qu’il n’a pas de baguette magique, doit en fait démissionner et s’en aller», a dit Benkirane. Évoquant la question de la flambée des prix des carburants, M. Benkirane a dit qu’il était logique que les prix augmentent à la suite du conflit russo-ukrainien, mais, a-t-il relevé, des pays ont pris des mesures pour atténuer les répercussions de cette hausse des prix, demandant à M. Akhannouch de réorienter le surplus de recettes fiscales dégagé par ces hausses pour faire baisser les prix ainsi que de demander aux entreprises de réduire leurs marges bénéficiaires.
Quant à la Caisse de compensation, M. Benkirane a souligné que celle-ci absorbait 54 milliards de dirhams quand il était Chef du gouvernement, ce qui l’a amené à chercher une solution à ce problème, expliquant qu’il a d’abord approuvé une augmentation des prix qui a été favorablement accueillie par les citoyens, et a entrepris de réformer progressivement la Caisse de compensation jusqu’à la suppression des hydrocarbures de la liste des produits subventionnés. «Sans cette réforme, la Caisse de compensation accaparerait aujourd’hui la moitié du budget de l’État», a dit M. Benkirane mettant au défi M. Akhannouch de réintroduire les carburants dans la liste des produits subventionnés s’il en était capable. Le SG du PJD a avoué, par ailleurs, que l’erreur ayant accompagné la réforme du fonds de compensation était de croire que la concurrence allait réguler les prix, mais les distributeurs se sont mis d’accord sur un «type de concurrence» qui leur permettrait de continuer à recouvrer ce qu’ils gagnaient auparavant par le biais de la compensation. M. Benkirane a cependant nuancé son attaque contre M. Akhannouch en rappelant qu’il était «un bon ministre de l’agriculture» et que le programme Maroc vert a connu un certain succès sous ses mandats. «Les médias disent que je te soutiens et je n’ai aucun problème à te soutenir», a-t-il dit avant d’appeler Akhannouch à «se ressaisir». «Ce n’est pas grave. Vous venez juste d’arriver et vous êtes en train de vous former», a-t-il lancé à la fin.
Revoir le discours du chef du gouvernement à partir de 2:36:25
Réponse du SG du PJD, Abdelilah Benkirane
