L’autonomisation économique des femmes et leur accès au monde du travail sont un facteur clé pour la relance économique. Dans ce sens, le gouvernement a annoncé, dès le début de son quinquennat, sa volonté d’augmenter le taux d’activité économique des femmes à plus de 30% à l’horizon 2026, au lieu de 20% actuellement. «Pour atteindre cet objectif, le ministère de la Solidarité, de l'insertion sociale et de la famille ainsi que d’autres départements ministériels ont élaboré plusieurs programmes qui visent à accompagner les femmes dans les différentes régions du pays et les aider à renforcer leur capacité à participer à des activités économiques», déclare au «Matin», Awatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l'insertion sociale et de la famille.
Le projet de loi de Finances de l’exercice 2023 prévoit ainsi plusieurs actions dans ce sens. Il s’agit notamment de la mise en place du troisième Plan gouvernemental de l’égalité et de la parité ainsi que de l’opérationnalisation de la Commission nationale de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de la femme. L’Exécutif confirme également sa détermination à soutenir l'activité économique des femmes, à travers la mise en place de mesures en vue d’appuyer les femmes en matière de formation et d'emploi, en particulier, dans le cadre des Programmes “Awrach” et “Forsa”.
Mais malgré l’importance de ces différents programmes, les associations féministes estiment qu’il faut absolument renforcer l’éducation, mais aussi les cadres normatifs et juridiques pour espérer atteindre les objectifs escomptés en matière d’autonomisation des femmes. Contacté par nos soins, Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), insiste sur l’importance de traduire la vision du gouvernement par des lois, des politiques publiques et des mécanismes institutionnels de promotion des droits des femmes en adoptant des mesures concrètes. «Je pense que l’objectif d’atteindre un taux de 30% d’activité des femmes est très ambitieux au regard de leur situation économique et leur accès au marché du travail qui sont en régression cette dernière décennie à cause notamment de l’impact de la pandémie Covid-19 et la situation de crise mondiale provoquée par la guerre en Ukraine», souligne la présidente de l’ADFM. Et d’ajouter que «les droits sont indivisibles. Et pour permettre à toutes les femmes et les filles d’être autonomes à tous les niveaux, il faut intégrer leurs droits dans les réformes juridiques.
En effet, il faut inclure de manière transversale l’égalité de genres dans les politiques publiques et mettre en place des mécanismes pour la promotion et la protection des droits des femmes. Il faut aussi promouvoir la culture de l’égalité dans tous les domaines, essentiellement dans le système éducatif».-------------------------Déclaration de Awatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l'insertion sociale et de la familleAwatif Hayar : «Plusieurs programmes gouvernementaux ont été élaborés pour atteindre l’objectif de 30% de taux d’activité économique des femmes à l’horizon 2026»«Le sujet des droits des femmes au Maroc bénéficie du soutien très important de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Le dernier discours du Trône érige le principe de parité comme objectif fondamental pour le pays et rappelle l’importance de l’accès des femmes à leurs droits. Le Souverain a insisté une nouvelle fois sur la nécessité d’assurer la pleine participation de la femme marocaine dans tous les domaines et veiller à ce qu’elle ait le statut qu’elle mérite.
Pour soutenir l’activité économique des femmes et faire valoir leurs droits, le nouveau programme du gouvernement vise à mobiliser tous les départements et acteurs concernés afin de contribuer à augmenter le taux d’activité économique des femmes à plus de 30% à l’horizon 2026 au lieu de 20% actuellement.Au sein du ministère, nous avons élaboré la stratégie GISR (Green Innovative Social Regeneration) qui est un mécanisme de régénération sociale verte et innovante. Elle vise notamment à renforcer la capacité des femmes et des jeunes filles à participer à des activités économiques et créer une nouvelle génération de services sociaux au profit des familles et des personnes en situation difficile. Il s’agit, entre autres, de développer des services de la petite enfance et de prise en charge des enfants en bas âge afin de libérer les femmes pour qu’elles puissent avoir le temps de travailler.Nous avons aussi lancé le programme “Tamkine wa riyada” visant l’autonomisation économique de la femme. Il touchera 36.000 femmes à l’échelle nationale, soit 3.000 dans chaque région, avec un budget total réservé conjointement par le ministère, les Conseils des régions et les wilayas de plus de 250 millions de dirhams. Ces femmes seront accompagnées dans leur parcours et vont bénéficier de formations “soft skills”, mais aussi de formations “métiers” en présentiel et à distance, en s’appuyant sur les acteurs du pôle social qui sont l’Agence du développement social, l’Entraide nationale et les services sociaux régionaux.Il y a également des programmes qui ont été déployés par d’autres départements ministériels. Il s’agit notamment des programmes “Awrach” et “Forsa” où l’approche genre est très présente.Nous avons aussi adopté, au niveau du Conseil du gouvernement du mois juin 2022, le projet de décret portant sur la création de la Commission national pour l'égalité des genres et l'autonomisation de la femme. Et nous sommes, actuellement, en train d’élaborer le troisième Plan gouvernemental pour l’égalité (PGE3) qui comporte justement un axe sur le renforcement de l’autonomisation des femmes.»