La prestation exceptionnelle de l’équipe nationale de football au Mondial du Qatar 2022 s’est invitée aux débats lors de la 11e édition de la conférence «The Atlantic Dialogues». Dans ce cadre, le Conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, André Azoulay, a affirmé vendredi que «la participation marocaine à la Coupe du monde de football Qatar 2022 a révélé une réappropriation de l'identité, de la nationalité, de la capacité d'être marocain tous ensemble, quelles que soient les générations, quels que soient les niveaux sociaux, quelle que soit la diversité qui est aussi la richesse de mon pays», a expliqué André Azoulay.
Intervenant vendredi à Marrakech lors de la 11e édition de la conférence internationale «The Atlantic Dialogues», organisée à l’initiative du Policy center for the new South (PCNS), le Conseiller Royal est revenu également sur les réactions de certains médias, français notamment, qui ont commenté le port du drapeau de la Palestine après un match de l’équipe nationale en Coupe du monde. M. Azoulay a qualifié ainsi certains de ces commentaires d’insulte à l'intelligence la plus élémentaire. «Ce que j'en ai retenu, c'est que dans les rues de Gaza, à Ramallah, partout ailleurs en Palestine, il y avait le drapeau marocain. Et ce n'est pas la normalisation avec l'État d'Israël qui a empêché les Palestiniens de montrer, de manifester et d'afficher leur attachement au Maroc».
Poursuivant son intervention lors du premier «AD Talk» sur le thème «Un monde fragmenté, regards croisés Sud-Nord», M. Azoulay a tenu à rappeler que le Maroc avait fait depuis longtemps les bons choix. Des choix qui ont fait que le pays, qui n’est pas nécessairement le mieux doté en termes de ressources et matières premières, puisse jouir d’une résilience, d’une cohérence, d’une gouvernance, d’une stabilité et d’un leadership qui ont imposé un modèle de société qui fonctionne. «Quand on voit les fondamentaux de l'économie, la maîtrise des crises (crise économique de 2008, crise de la Covid…), on peut dire qu’on a résisté et qu’on a passé le cap», a souligné le Conseiller du Souverain qui n’a pas caché sa fierté des réalisations de ces dernières années, notamment avec la généralisation de la protection sociale.
Les relations Maroc-France, un trésor selon Hubert Vedrine
Pour sa part, l’ancien ministre des Affaires étrangères de la France, Hubert Védrine, est revenu sur les relations entre le Maroc et la France. Pour lui, il est vrai que la mondialisation rebat les cartes pour tout le monde, pour le Maroc comme pour la France, mais il faut toujours se rappeler que l'histoire dans la longue durée France-Maroc est exceptionnelle. Retraçant les relations bilatérales, M. Védrine a affirmé que le Maroc «est un très ancien pays et la France aussi». À un moment donné, pour des raisons variées, il y a eu la phase coloniale active européenne et à un moment donné, le Maroc était affaibli sur le plan de sa souveraineté, il y a eu donc le protectorat qui a duré 40 ans.
ça aurait pu conduire à une sorte de détestation mutuelle et ça n'a pas été le cas. «Finalement, on en est maintenant à plusieurs décennies d'indépendance. Avec trois Souverains successifs s'est développé un phénomène unique de relation entre les sociétés françaises et marocaines, les élites françaises et marocaines, les classes moyennes françaises et marocaines dans tous les domaines. Tout le monde ici le sait, donc pas la peine de développer. Mais j'insiste sur le fait qu'elle est unique, mais c'est une sorte de trésor à mon avis», a insisté l’ancien responsable français.
+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Fathallah Oualalou : le Maroc a droit au respect
Les larmes aux yeux, l’ancien ministre de l’Économie et des finances du Maroc, Fathallah Oualalou, s’est adressé dans un discours émouvant aux participants à cette 11e éditions des Atlantic dialogues et au monde. Rappelant que «le Maroc, tel qu'il est dans sa diversité, dans son histoire, dans son système monarchique, dans les rapports qui existent entre toutes ses composantes, n'a pas de complexe, aucun complexe», l’ancien responsable a fait savoir que dès son indépendance, le Royaume a tendu la main à la France et à l'Espagne. «Nous avons géré notre indépendance sans aucun complexe. Nous avons oublié les ruptures et nous sommes capables de les oublier», a-t-il souligné. Dans un monde mondialisé et sans complexe, le Maroc a aussi le droit de tendre la main à de nouveaux partenaires comme les États-Unis ou la Chine, au même titre que ce que fait la France ou l’Espagne avec d’autres pays. Toutefois, la géographie et l’histoire restent importantes. «L'essentiel est donc de gérer et la proximité et la mondialisation et sans complexes», a relevé M. Oualalou.
Revenant sur l’épopée de l’équipe nationale dans la Coupe du monde au Qatar, l’ancien responsable a tenu à rappeler les images de S.M. le Roi Mohammed VI dans les rues de Rabat pour fêter la victoire des Lions de l’Atlas. Une scène formidable a affirmé M. Oualalou qui a tenu à souligner que «ce que nous avons gagné est la prise de conscience qu’on a les moyens et le droit de se faire respecter par les autres. «Ils doivent savoir que nous avons la capacité de rattraper les autres et d'être comme eux», a-t-il affirmé. «Nous sommes prêts à respecter tout le monde et à tendre la main. Mais nous demandons qu'on soit respecté et même dans la question de l'intégrité territoriale de notre pays, nous devons être respectés», a relevé M. Oualalou qui a affirmé que l'Espagne et la France connaissent l'histoire et connaissent la géographie de cette région et c'est pour cela qu'elles ont la responsabilité de nous respecter sur cette question.
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