Benjamin Vauthier : «Le procédé industriel de traitement des lixiviats à Meknès est unique au Maroc»

Huit ans après la mise en service du CEV de Meknès, de quelle manière les procédés techniques ou technologiques appliqués sur ce site ont-ils évolué ?
La décharge de Meknès s’est complètement transformée depuis 2014, date du démarrage du contrat de SUEZ. D’un dépotoir de déchets à ciel ouvert, le site est devenu un centre d’élimination et de valorisation respectant les normes internationales. SUEZ modernise en continu le site afin qu’il maintienne ses hautes performances économiques, sociales et environnementales. Parmi les procédés mis en place sur le centre, qui en font une référence à l’échelle nationale et continentale, nous pouvons citer la station de traitement des lixiviats. Le centre de Meknès est fier d’être le premier et seul centre au Maroc à garantir un traitement exemplaire des lixiviats qui, rappelons-le, constitue un enjeu majeur pour la gestion des décharges dans le Royaume, compte tenu du taux d’humidité élevé des déchets. Aujourd’hui, le procédé de traitement permet de produire une eau conforme au rejet en milieu naturel. La circularité, principe de base de nos actions, est appliquée dans le traitement du lixiviat puisque le site s’est doté, il y a quelques années, de l’Evalix, unité brevetée SUEZ, inédite et unique au Maroc, dont la mission est le séchage des concentrats.
Le centre d’élimination et de valorisation de Meknès est doté d’un système de captage du biogaz, gaz de méthane, 28 fois plus nocif que le CO2. En captant ce biogaz, SUEZ ne contribue pas seulement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais produit une source d’énergie pour alimenter l’Evalix cité auparavant.
N’oublions pas le centre de tri abritant la coopérative des 180 chiffonniers auquel SUEZ a contribué à créer. Cette innovation sociale permet d’aider à améliorer les conditions de vie et de travail des trieurs. Nous espérons bientôt mécaniser l’ensemble des opérations de tri sur le centre.

Sur le plan énergétique, le site est-il totalement autonome aujourd’hui ?
Nous produisons aujourd’hui suffisamment de biogaz pour faire fonctionner l’unité de séchage des concentrats issus du traitement des lixiviats. Par ailleurs, nous avons lancé depuis quelques mois un programme d’extension et de renforcement des puits de captage de biogaz, l’objectif étant d’atteindre un taux de captage de 70%, ce qui va nous permettre de produire dès l’année prochaine une énergie propre et verte qui servira essentiellement dans un premier temps à rendre le site 100% autonome.

Comment se positionne aujourd’hui, à l’échelle nationale, le CEV de Meknès en termes de protection de l’environnement ?
Le site s’inscrit pleinement dans les orientations du Maroc en termes de développement durable et de protection de l’environnement. La volonté de Sa Majesté le Roi de faire du Royaume un exemple environnemental représente un catalyseur pour tous les intervenants du secteur.
La prise en charge de l’ensemble des enjeux écologiques du site par SUEZ (enfouissement, biogaz, traitement des lixiviats, etc.), la recherche continue de l’excellence opérationnelle et l’introduction de nouvelles innovations renforcent le leadership de notre centre. D’ailleurs, le site est non seulement un «flagship» pour le Groupe SUEZ à l’international, mais aussi une vitrine pour la ville de Meknès et pour le Royaume.
Notre ambition est bien évidemment de continuer dans ce sens. À ce titre, nous envisageons de mettre en place un programme de préservation de la biodiversité sur le site, en partenariat avec des acteurs académiques et associatifs, avec des solutions favorisant une amélioration significative de la qualité écologique des milieux, à la fois sur le périmètre d’activité du site et celui de ses riverains.
La gestion des lixiviats est-elle totalement maîtrisée aujourd’hui ?
Tout à fait. Le procédé industriel de traitement des lixiviats utilisé par SUEZ sur le CEV de Meknès est performant, unique au Maroc et adapté aux spécificités locales. Ce procédé permet de garantir une qualité de traitement conforme avec un rejet en milieu naturel, tout en produisant de l’eau utilisable en irrigation. Ce sont 56.000 m3 de lixiviats qui y sont traités par an. Au total, le site a traité depuis son démarrage près de 220.000 m3 de lixiviats.
Le traitement associe un bioréacteur à membranes d’ultraï¬Âltration et une station de ï¬Âltration par osmose inverse avec déshydratation des boues et traitement thermique des concentrats au niveau de l’Evalix. En octobre 2021, nous avons renforcé la station de traitement des lixiviats existante par la mise en service d’une nouvelle unité de traitement d’une capacité de traitement supplémentaire de 100 m3 par jour.

Concrètement, quel est l’apport de ce site à la population locale ?
Le centre de Meknès a un impact positif sur le climat grâce au captage et à la réutilisation du biogaz, sur l’économie circulaire à travers la valorisation de la matière et la production de compost, et sur la ressource hydrique via la production d’eaux réutilisables. Sans oublier que pour les habitants de la ville et riverains du site, les nuisances olfactives et paysagères ont été considérablement réduites, et le site a participé de façon significative à l’ancrage et à l’emploi local.

«Green Landfill», décharge 2.0… autant d’appellations pour qualifier les ambitions de SUEZ de faire du CEV de Meknès une sorte de décharge totalement verte. Où en êtes-vous aujourd’hui par rapport à ce projet ?
Le Green Landfill est un concept appliqué aux centres d’élimination et de valorisation que SUEZ a développé. Ce concept apporte 3 bénéfices majeurs : un site ancré dans l’écosystème qui l’avoisine, une valorisation des déchets ménagers et une solution adaptée et adaptable aux pays en voie de développement.
Ainsi, SUEZ propose aux villes marocaines une nouvelle approche de la gestion des déchets sur les sites d’enfouissement, en exploitant toutes les ressources pour en faire des sites à impact positif : aucune émission de méthane provenant des déchets, un bilan énergétique positif, aucun lixiviat rejeté dans le milieu naturel avec une réutilisation de l’eau produite en agriculture pour faire face au stress hydrique.
Pour le centre de Meknès, les projets sont nombreux : un investissement additionnel est en cours et permettra le captage de plus de biogaz et ainsi la réduction des gaz à effet de serre tout en certifiant le site. Nous continuons à diversifier nos outils et méthodes de valorisation, que ce soit matière ou énergétique avec des objectifs de taux de valorisation qui dépassent les normes du marché. Enfin, nous renforçons les partenariats entre SUEZ et ses parties prenantes afin de faire du site un espace d’éclosion et de mise en pratique de nouvelles innovations environnementales au bénéfice du pays.