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Bienvenue dans le monde d’après de Hicham Lasri

Hicham Lasri, le loup blanc de la littérature maghrébine d’expression française. C’est ainsi qu’on qualifie l’invité de la dernière rencontre du Book Club «Le Matin», venu présenter son cinquième roman intitulé «Big Data Djihad, comment j’ai détruit internet et sauvé le monde». Un livre qui vient, une nouvelle fois, confirmer le qualificatif que l’on attribue à notre invité : un écrivain révolutionnaire qui défie les règles d’écriture classiques.

Le livre que Hicham Lasri est venu partager avec les invités du Book Club «Le Matin» est un livre de science-fiction qui offre une vision assez différente du monde. «J’ai voulu écrire un roman qui permet de voir le monde autrement, car je suis fatigué du réalisme social de la littérature et j’ai besoin de rêver et de projeter le lecteur dans un monde extrême», explique l’auteur. Il a ainsi utilisé l’ironie dans son roman pour évoquer ce phénomène social qu’est la Toile. «Big Data Djihad» raconte l’histoire d’un inventeur qui va détruire internet par vengeance. Sa dulcinée, une influenceuse, l’a rejeté et il ne l’a pas accepté, ce qui l’a poussé, du jour au lendemain, à mettre fin à internet. Il est tout de suite arrêté, mais ne peut réaliser comment il est parvenu à faire ce qu’il a fait. À travers cette histoire irréelle, Lasri cherche à démonter le mythe de la vie virtuelle sur les réseaux sociaux et la conviction qu’il est possible de vivre sans internet. «J’ai voulu défendre l’idée qu’il est possible de sortir de la toxicité d’internet et des réseaux sociaux, même si les gens sont de plus en plus esclaves de leur fil d’actualité sur Facebook ou Instagram ou TikTok», raconte l’auteur.

L’idée selon lui est de démontrer que le pouvoir que nous procure internet n’est pas réel. «Nous devenons esclaves de ces algorithmes cherchant à les nourrir constamment même en s’exposant et en exposant sa famille, son quotidien, ses activités au grand public. Ça devient même, pour certains, problématique, car ils s’efforcent tout le temps de plaire au maximum de gens en perdant de leur notoriété. Cet algorithme, cette big data sont en train de rendre tout le monde dingue», indique l’invité du Book Club.
C’est un livre qui représente brillamment le nouveau style de vie des individus. La dépendance à internet, le besoin de s’afficher et d’afficher son entourage, l’obligation de communiquer sans arrêt avec le monde. C’est un rythme fatiguant, lance Hicham Lasri qui reconnaît toutefois la différence entre les générations des années 1970 et 1980 et celles des années 2000 qui n’ont pas de référentiel pour comparer les deux modes de vie : les débuts du digital et le 100% digital.

Pourquoi un livre et pas un film ?

L’histoire de «Big Data Djihad» aurait pu être un film ! D'autant que son auteur est cinéaste-réalisateur à la base. Mais pourquoi avoir choisi l’écriture à la caméra ? Hicham Lasri répond en expliquant que ce qui l’intéresse dans l’écriture c’est l’écriture, la musicalité des mots, les détails de la description des faits et gestes, des états et des sentiments… «Dans mon livre, j’ai également choisi de mettre en valeur l’énergie poétique de la ville de Casablanca que l’on n’arrive plus à ressentir à cause du rythme rapide de la vie dans la capitale économique», note l’invité. Par ailleurs, pour Hicham Lasri, que ce soit dans le cinéma ou dans ses livres, il cherche le côté immersif qui se définit autant pas ses effets que par ses méthodes. «Le challenge pour moi est de permettre au lecteur de voyager à travers les mots, mais en étant capable de voir les images, écouter les voix et même des voix, sentir les odeurs. Le défi est de stimuler ces sens à travers la lecture qui dans ce cas-là est plus proche du théâtre que du cinéma», remarque l’auteur.

C’est un style d’écriture, un combat que l’auteur, cinéaste, réalisateur, dessinateur et photographe mène pour raconter le monde d’aujourd’hui avec ironie certes, mais une profondeur qui nourrit la réflexion. Bienvenue donc dans le monde de Hicham Lasri pour connaître l’histoire de cet homme qui a détruit internet pour se venger. À préciser que cet ouvrage est édité chez Outsider, une maison d’édition fondée par Nadia Assad.

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