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Quand la FRMF sanctionne les dirigeants, mais pas les clubs

Tombée comme un couperet, l’annonce des sanctions infligées aux présidents de trois clubs en Botola D2 suscite plus d’interrogations qu’elle n’en résout. Au moment où les amateurs du football marocain s’attendaient à ce que la FRMF fasse le ménage et mette fin aux soupçons de matchs arrangés, la commission d’éthique a sanctionné des dirigeants, mais n’est pas allée au bout de l’affaire qui a secoué la fin de saison en deuxième division. Si la sanction du président de l'USMO, Abdellah Karim Kazouz, et celle du trésorier du Chabab Benguérir, Sellami Laâdimi, paraissent logiques. Celle d'Abderrazzak Manfalouti, président du TAS, qui a déposé plainte, amène à s'interroger sur quelle base juridique elle a été prononcée. D'un autre côté, la commission d'éthique n'a pas sanctionné le club de l'USMO ni celui du Chabab de Benguérir, contrairement à ce que stipule l'article 100 du Code disciplinaire de la FRMF (lire encadré).

Quand la FRMF sanctionne les dirigeants, mais pas les clubs
Club de l'USMO.

Le football marocain est au cœur d'un nouveau scandale des matchs truqués. Après l'affaire Noureddine Baydi, président du Youssoufia de Berrechid, qui a reconnu lui-même dans des déclarations vidéos avoir cédé un match au Kawkab de Marrakech en 2018, voilà une autre affaire qui éclabousse le football marocain. Il s'agit du match ayant opposé Chabab Benguérir et l'USMO comptant pour la 29e journée de la Botola D2. Les deux clubs ont été accusés par le Tihad de Casablanca (TAS) d’avoir arrangé leur match de la 29e journée de Botola D2 et expédié le club casablancais chez les amateurs. Après avoir instruit le dossier, la commission d’éthique de la FRMF a suspendu le président de l’Union d'Oujda, Abdellah Karim Kazouz, et le trésorier du Chabab Benguérir, Sellami Laâdimi, de toute activité liée au football pour une durée de 5 ans. Ainsi, au lieu d’aller au fond du problème, ladite commission a préféré sanctionner le président de l'USMO et le trésorier de Benguérir, accusés d’avoir truqué le match, ainsi que le président du club plaignant.

Dans les faits, le président du TAS, Abderrazzak Manfalouti, a présenté une plainte devant la commission d’éthique de la FRMF, avec comme preuve l’enregistrement d’une communication téléphonique où le président de l’USMO Abdellah Karim Kazouz aurait avoué avoir offert 150.000 DH au trésorier du Chabab Benguérir, Sellami Laâdimi, contre la victoire des Oujdis. Après avoir entendu les différentes parties et examiné les faits et les preuves présentées, la commission d’éthique a décidé de suspendre les trois responsables. Le président de l’USMO et le trésorier du CJBG ont écopé d’une suspension de 5 ans et d’une amende de 150.000 DH chacun. La chambre de jugement n’a pas donné suite, en revanche, à l’accusation portée contre le gardien de but du CJBG, Ismaïl Zahi, faute de preuves. Le président du TAS, le plaignant dans l’affaire, a écopé d’une suspension d’un an et d’une amende de 20.000 DH, pour avoir tardé à déposer sa plainte à la FRMF.

Le TAS brandit la menace d’escalade

Les dirigeants du Tihad de Casablanca ne décolèrent pas. Le président Manfalouti a confirmé au «Matin» son intention de faire appel et même de porter l’affaire devant le Parlement, voire le Tribunal arbitral du sport (TAS). «Cette décision est inacceptable, affirme Manfalouti. Normalement, comme j’ai tardé à déposer plainte, la commission n’aurait pas dû statuer d’office, car ma plainte aurait été jugée irrecevable.» Le responsable ajoute qu’une conférence de presse sera tenue dans les plus brefs délais. Nous avons tenté de contacter le président de l’USMO, Abdellah Karim Kazouz, en vain.

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Ce que dit la loi

Comme pour l’affaire Baydi, les mesures disciplinaires se sont limitées aux personnes physiques. En aucun cas, les clubs dont les dirigeants ont été sanctionnés n’ont fait l’objet d’une quelconque enquête. Dans son jugement, la commission se réfère au Code d’éthique de la FIFA dans son article 1. Aucune référence n'est faite cependant au Code disciplinaire de la FRMF qui, dans son article 100, définit les sanctions infligées en cas d’influence illégale sur le résultat d’un match. Dans son tableau récapitulatif des sanctions (annexe I), le Code disciplinaire définit les sanctions appliquées. L’influence sur le résultat d’un match entraîne «l’interdiction d’au moins deux ans de toute activité liée au football, une amende d’au moins 100.000 DH et la confiscation des valeurs» pour le dirigeant. Tandis que pour le club, la sanction consiste en un «match perdu par pénalité, retrait d’un point et une amende de 100.000 DH».

Dans le Code disciplinaire de la FIFA, l’article 18 est encore plus spécifique dans son alinéa 2 : «Si un joueur ou officiel est impliqué dans un comportement décrit à l’al. 1 du présent article, son association ou son club pourra voir le match concerné perdu par forfait ou être déclaré inéligible pour une autre compétition, sous réserve que l’intégrité de la compétition concernée soit préservée. Des mesures disciplinaires supplémentaires peuvent être imposées.» Quelles que soient les motivations de la commission d’éthique pour rendre ce jugement, aussi fondées soient-elles, celles-ci envoient un message très ambigu au football national. Suffirait-il désormais de changer de dirigeant pour échapper à la sanction d’une infraction aussi grave que la manipulation de matchs ? Quelles sont les circonstances atténuantes qui limiteraient les sanctions aux officiels, sans toucher les clubs auxquels ils appartiennent ? Quid du résultat sportif de la saison, si la manipulation est avérée ?

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