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Campagne agricole : le temps est à l’attentisme chez les agriculteurs

Le temps est à l’attentisme chez une bonne partie des agriculteurs. Alors que le travail du sol se fait normalement en été, les agriculteurs hésitent globalement à s’y mettre, inhibés par le coût de cette opération avec notamment le renchérissement des carburants et par la hantise de se retrouver face à une autre sécheresse, après une succession d’années sèches. Ces agriculteurs ne seront pas au bout de leur peine lors de l’étape de l’apport en engrais de fond qui arrive vers le mois d’octobre, et ce à cause des prix des fertilisants qui ont flambé.

Campagne agricole : le temps est à l’attentisme chez les agriculteurs
Les agriculteurs hésitent beaucoup à préparer la campagne agricole.

«Wait and see». C’est l’attitude adoptée par une bonne partie des agriculteurs en cette fin d’été et l’approche de l’automne. L’appréhension d’une nouvelle année de sécheresse les fait dissuader d’entreprendre quoi que ce soit et d’attendre les premières pluies pour entamer le travail du sol. D’autant plus que ce travail est coûteux. «La situation actuelle est en stand-by en quelque sorte», nous déclare Abdelmoumen Guennouni, ingénieur-agronome. En effet, explique-t-il, les agriculteurs hésitent globalement beaucoup à commencer le travail du sol qui se fait normalement en été. Seuls ceux d’entre eux qui en ont les moyens et du courage aussi s’y lancent, car ce travail est très exigeant en carburants dont les prix sont très élevés. Les autres essaient de trouver d’autres solutions pour réduire le nombre de passages dans ce travail de sol pour le faire à moindres frais, poursuit-il.

En plus des moyens financiers, le travail du sol est également conditionné par le type du sol et de la région, nous explique l’expert. En effet, précise-t-il, dans les régions qu’on appelle Bour défavorable (Settat, Abda, Doukkala…) où le sol est très dur, les agriculteurs doivent attendre les premières pluies pour travailler le sol. Par contre, ajoute-t-il, dans les régions qu’on appelle Bour favorable (une partie de la Chaouia, de Fès-Saïss, du Gharb…), la plupart des agriculteurs opèrent ce travail beaucoup plus précocement, à partir du mois de juillet pour ceux qui commencent après la récolte. «Et puisque cette année, il n’y a pas eu de moisson, cela devient vraiment aléatoire, on ne peut pas donner un jugement global», précise-t-il. Chaque agriculteur essaie de trouver une solution à sa situation personnelle, note Abdelmoumen Guennouni.

Le calvaire des agriculteurs en manque de moyens ne s’arrêtera pas là. Ils seront, en effet, mis à rude épreuve lors de l’étape de l’apport en engrais de fond qui arrive vers le mois d’octobre. En effet, les prix de ces fertilisants, notamment les engrais azotés, ont connu une augmentation «phénoménale» que les agriculteurs ne peuvent pas supporter, relève notre interlocuteur. De ce fait, la plupart d’entre eux pensent à ne pas mettre d’engrais carrément surtout que, d’un côté, cette campagne agricole suit une année de sécheresse et donc les agriculteurs n’ont pas la trésorerie qu’il faut et, d’un autre côté, avec les années de sécheresse répétées, ils ne savent pas comment se déroulera la campagne. Donc, ils font face à une multitude de questionnements et de problématiques, note l’ingénieur-agronome. «Les agriculteurs sont vraiment coincés, car après plusieurs années de sécheresse, les trésoreries sont vraiment à plat», conclut-il. D’autant plus que le Crédit Agricole du Maroc ne finance pas tous les agriculteurs ; à peine un quart d’entre eux sont ses clients, souligne Abdelmoumen Guennouni. Par conséquent, pour faire face à ces coûts, ils ont recours à des solutions alternatives, tels l’emprunt dans leur entourage, la recherche d’associés…, indique-t-il.

Idem pour l’élevage. Du fait de la sécheresse, il n’y a pas eu de cultures destinées à l’élevage et au pâturage et les prix des aliments de bétail sont très élevés du fait surtout de l’intervention des spéculateurs, souligne l’expert. Il avance, à cet effet, en guise d’illustration, que la production laitière a baissé, pas seulement à cause du facteur de la basse lactation, mais également faute d’alimentation correcte. 

 

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