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Cancer : plus de 50.000 nouveaux cas enregistrés chaque année au Maroc

La Journée mondiale contre le cancer, célébrée tous les 4 février, nous rappelle cette amère vérité : cette maladie continue de tuer chaque année des millions de personnes dans le monde. Au Maroc, 50.000 à 55.000 nouveaux cas sont enregistrés annuellement. Un poids pour les patients et leur famille mais aussi pour le système de santé.

Cancer : plus de 50.000 nouveaux cas enregistrés chaque année au Maroc

Depuis deux ans, tous les yeux sont rivés sur la pandémie de la Covid-19, oubliant presque parfois qu’il existe d’autres maladies plus graves et qui causent des millions de décès chaque année. C’est le cas du cancer qui tue 10 millions de personnes par an dans le monde. La Journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février de chaque année, est l’occasion de rappeler la gravité de cette maladie et de sensibiliser le plus grand nombre à l'urgence d'agir pour la prévenir.

Au Maroc, 50.000 à 55.000 nouveaux cas de cancer sont enregistrés annuellement, selon Dr Loubna Abouselham, Chef du service de prévention et du contrôle du cancer à la Direction de l’Épidémiologie et de Lutte contre les maladies au ministère de la Santé. Contactée par nos soins, Dr Abouselham affirme que le cancer du sein représente 20% de l’ensemble des cancers au Maroc, suivi par celui du poumon (12,3%) et du cancer colorectal (7,8%). «Le cancer du sein est le plus fréquent dans le pays. Il représente 35,8% des cas de cancer enregistrés chez les femmes, suivi du cancer du col de l’utérus. Chez les hommes, c’est le cancer du poumon qui arrive en tête, devant le cancer de la prostate», indique-t-elle.

L'expérience marocaine citée en exemple

Pour mieux organiser la lutte contre le cancer au Maroc, le ministère de la Santé a lancé en 2020 son second plan national 2020-2029 qui vise essentiellement à améliorer la qualité de vie des patients et diminuer la morbidité et la mortalité dues au cancer. «Le Plan national de prévention et de contrôle du cancer 2010-2019 a constitué la première stratégie de lutte contre le cancer au Maroc. Il a permis, entre autres, de structurer la filière de l’oncologie et d'étendre l’offre de soins avec des équipements de dernière génération. Nous disposons d’ailleurs aujourd’hui de 11 centres d’oncologie. Grâce à cela, environ 161.000 malades ramédistes ont été pris en charge en 2020. Le plan nous a aussi permis de mettre en place des programmes de santé publique et un programme d’accès aux médicaments, y compris les plus innovants. Le budget alloué pour ces derniers est passé de 58 millions de dirhams en 2010 à près de 200 millions en 2021», détaille la responsable du ministère de la Santé. Et d’ajouter que le second plan décennal lancé en 2020 s’inscrit dans la continuité du modèle réussi de l’expérience marocaine de lutte contre le cancer, cité en exemple au niveau international, avec cette fois-ci un accent particulier sur la gouvernance, la qualité des soins, la recherche et la formation.

Dr Abouselham précise également que la prévention des cancers occupe une place centrale dans le plan national. Elle affirme qu'un effort important est fourni par le ministère pour lutter contre le tabagisme, qui serait à l’origine de 35% des cancers du poumon, et 18,5% de l’ensemble des cancers.

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Questions au président de l'association «Nous et le cancer» et auteur du livre «moi et le cancer»

Mohamed Charrouk : «Le combat contre le cancer est essentiellement une question de moyens en plus d’un mental fort»

Ces deux dernières années ont été marquées par la crise sanitaire de la Covid-19. Quel a été l’impact de la pandémie sur les patients atteints du cancer au Maroc ?
La pandémie de la Covid-19 a été responsable de retard de diagnostic et d’interruption dans la continuité des soins pour de nombreux patients malheureusement.

L'État a concentré ses efforts sur la Covid. Les ressources humaines, notamment les professionnels de santé et les acteurs de la cancérologie, ont été mobilisées pour soulager les services hospitaliers. Résultat : les patients souffrant de maladies chroniques, telles que le cancer, ont été marginalisés aussi bien au niveau de l’accueil dans les hôpitaux que la prise en charge et le traitement.

Néanmoins, je tiens à saluer les professionnels de l'oncologie, médecins et autres, qui travaillent dans des conditions pas toujours confortables.

Que pouvez-vous nous dire sur la prise en charge des personnes atteintes de cancer au Maroc, quelles sont selon vous leurs attentes ?

Le Maroc dispose, certes, des derniers traitements pour le cancer à savoir l'immunothérapie. Mais cela coûte trop cher. Une seule séance peut coûter jusqu'à 60.000 DH sachant que le traitement dure généralement deux ans. Ceci n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde. Nous constatons que le combat contre le cancer est essentiellement une question de moyens en plus d’un mental fort.

Le ministère de la Santé a mis en place le deuxième plan national pour la lutte contre le cancer 2020-2029. Je tiens à saluer tous les efforts consentis pour l’élaboration de cette stratégie dont la mise en œuvre devrait être saine et efficace, d'autant plus que tous les Marocains vont bientôt bénéficier de la couverture sociale. En revanche, il faudrait œuvrer pour mettre en place plus de centres d’oncologie, pour éviter les déplacements des patients qui les fatiguent davantage.

Il faut aussi multiplier les maisons d'accueil pour les malades venant des régions enclavées pour se soigner et trouver une solution pour éviter la pénurie des médicaments. Je souhaite également un appel au ministère de la Santé pour renforcer la coopération avec les associations œuvrant dans la lutte contre le cancer mais aussi avec les anciens malades. Ces derniers, qu’on appelle «patient expert» dans des pays européens, peuvent jouer un rôle important en matière d'accompagnement et de coaching des nouveaux malades.

Quel rôle peut jouer un bon état psychique et émotionnel des patients atteints de cancer dans leur combat contre la maladie ?

Cela peut aider le patient énormément. Nous pouvons même dire qu’avoir un bon état psychique et émotionnel joue un rôle primordial et déterminant dans le combat contre la maladie. Une fois le malade surmonte sa peur de perdre le combat et arrive à s’armer et d'espoir et d'un esprit positif, il a toutes les chances de la vaincre. 

C'est cette mentalité de gagnant qui fait souvent la différence dans la relation du patient avec le cancer.   

Lire aussi : Quoi de neuf dans le traitement des cancers par radio-chirurgie ? (Tribune)

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