Depuis deux ans, tous les yeux sont rivés sur la pandémie de la Covid-19, oubliant presque parfois qu’il existe d’autres maladies plus graves et qui causent des millions de décès chaque année. C’est le cas du cancer qui tue 10 millions de personnes par an dans le monde. La Journée mondiale contre le cancer, célébrée le 4 février de chaque année, est l’occasion de rappeler la gravité de cette maladie et de sensibiliser le plus grand nombre à l'urgence d'agir pour la prévenir.
**********************
Questions au président de l'association «Nous et le cancer» et auteur du livre «moi et le cancer»
Mohamed Charrouk : «Le combat contre le cancer est essentiellement une question de moyens en plus d’un mental fort»Ces deux dernières années ont été marquées par la crise sanitaire de la Covid-19. Quel a été l’impact de la pandémie sur les patients atteints du cancer au Maroc ?
La pandémie de la Covid-19 a été responsable de retard de diagnostic et d’interruption dans la continuité des soins pour de nombreux patients malheureusement.L'État a concentré ses efforts sur la Covid. Les ressources humaines, notamment les professionnels de santé et les acteurs de la cancérologie, ont été mobilisées pour soulager les services hospitaliers. Résultat : les patients souffrant de maladies chroniques, telles que le cancer, ont été marginalisés aussi bien au niveau de l’accueil dans les hôpitaux que la prise en charge et le traitement.Néanmoins, je tiens à saluer les professionnels de l'oncologie, médecins et autres, qui travaillent dans des conditions pas toujours confortables.Que pouvez-vous nous dire sur la prise en charge des personnes atteintes de cancer au Maroc, quelles sont selon vous leurs attentes ?Le Maroc dispose, certes, des derniers traitements pour le cancer à savoir l'immunothérapie. Mais cela coûte trop cher. Une seule séance peut coûter jusqu'à 60.000 DH sachant que le traitement dure généralement deux ans. Ceci n’est malheureusement pas à la portée de tout le monde. Nous constatons que le combat contre le cancer est essentiellement une question de moyens en plus d’un mental fort.Le ministère de la Santé a mis en place le deuxième plan national pour la lutte contre le cancer 2020-2029. Je tiens à saluer tous les efforts consentis pour l’élaboration de cette stratégie dont la mise en œuvre devrait être saine et efficace, d'autant plus que tous les Marocains vont bientôt bénéficier de la couverture sociale. En revanche, il faudrait œuvrer pour mettre en place plus de centres d’oncologie, pour éviter les déplacements des patients qui les fatiguent davantage.Il faut aussi multiplier les maisons d'accueil pour les malades venant des régions enclavées pour se soigner et trouver une solution pour éviter la pénurie des médicaments. Je souhaite également un appel au ministère de la Santé pour renforcer la coopération avec les associations œuvrant dans la lutte contre le cancer mais aussi avec les anciens malades. Ces derniers, qu’on appelle «patient expert» dans des pays européens, peuvent jouer un rôle important en matière d'accompagnement et de coaching des nouveaux malades.Quel rôle peut jouer un bon état psychique et émotionnel des patients atteints de cancer dans leur combat contre la maladie ?Cela peut aider le patient énormément. Nous pouvons même dire qu’avoir un bon état psychique et émotionnel joue un rôle primordial et déterminant dans le combat contre la maladie. Une fois le malade surmonte sa peur de perdre le combat et arrive à s’armer et d'espoir et d'un esprit positif, il a toutes les chances de la vaincre. C'est cette mentalité de gagnant qui fait souvent la différence dans la relation du patient avec le cancer.Lire aussi : Quoi de neuf dans le traitement des cancers par radio-chirurgie ? (Tribune)