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Capital Humain : La Banque mondiale repense sa stratégie pour la région MENA

La Banque mondiale repense son Plan pour le capital humain dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), notamment le Maroc, suite aux chocs socio-économiques induits par la crise Covid-19. La nouvelle stratégie s'articule ainsi autour de trois axes d'action pour une croissance plus inclusive, plus résiliente et plus verte : réparer les pertes, réformer les systèmes de protection sociale, de santé et d’éducation et réinventer le capital humain. Le tout en accélérant la transition numérique.

Capital Humain : La Banque mondiale repense sa stratégie pour la région MENA
Le nouveau plan vise à réinventer le capital humain à travers la création d’une base de compétences pour les économies verte et numérique

Suite à la Covid-19 et ses impacts socio-économiques, l'état du capital humain dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord s’est encore détérioré au cours des deux dernières années. La Banque mondiale (BM) a ainsi réajusté son Plan pour le capital humain, une composante à part entière de sa stratégie globale dans la région MENA. Une stratégie qui identifie le développement du capital humain, le développement numérique et le dynamisme du secteur privé comme des moteurs de la transformation économique, notamment au Maroc. Cette révision a ainsi pour objectif de faire le point sur les avancées réalisées et évaluer l'impact de la Covid-19, mais aussi de tracer la voie à suivre pour accélérer les progrès et exploiter les nouvelles opportunités nées de la pandémie.

Selon l’Institution de Bretton Woods, la pandémie a entraîné une multitude de chocs socioéconomiques dans la région. Le PIB réel par habitant a chuté de 5,6% en 2020 et n’aura augmenté que de 1,5% en 2021. En 2022, le PIB sera inférieur de 6,2% au niveau hypothétique sans pandémie de 2019 (~227 milliards de dollars), avec une croissance globale estimée à 4,4%. (Pour le Maroc, après une contraction de 6,3%, le PIB réel se situerait à 5,3% en 2021, et 3,4% en moyenne sur la période 2022–2024, selon les estimations de la BM en janvier dernier). Le déficit budgétaire moyen s’est creusé, passant de 4,6% avant la pandémie à 9,4% du PIB en 2020. De plus, les recettes publiques réelles en 2020 étaient inférieures de 24% à celles de 2019 et la dette publique aura atteint 54% du PIB en 2021. Ces évolutions macroéconomiques ont eu des effets négatifs sur plusieurs secteurs en relation avec le capital humain entre autres, l’impact sur l’emploi et la protection sociale. D’ailleurs, la participation au marché du travail dans la région MENA a atteint son plus bas niveau depuis 30 ans. En tout, 3,3 millions de personnes ont quitté le marché du travail, le réduisant de 152 millions (2019) à 149 millions (2020) de personnes. Le Maroc aura été parmi les pays les plus impactés, avec un écart de participation au marché du travail de 2,7 points de pourcentage entre 2019 et 2020.

Trois axes d'action

Pour la reprise, la Banque mondiale estime que le capital humain reste un moteur essentiel de la croissance et de la stabilité. Le Plan pour le capital humain dans la région MENA 2022 s'articule ainsi autour de trois axes d'action pour une croissance plus inclusive, plus résiliente et plus verte : réparer les pertes, réformer les systèmes de protection sociale et réinventer le capital humain.
Pour le premier axe, le plan vise à favoriser l'accès aux vaccins et leur déploiement équitable, remédier aux pertes d’apprentissage et protéger les revenus par des transferts monétaires.

Le deuxième axe a, lui, pour objectif de renforcer l'efficacité et la résilience des systèmes de santé et d'éducation, à travers notamment l’amélioration des financements, de la prestation de services et de la gouvernance, mais aussi le partenariat avec le secteur privé à l’instar des programmes de développement de la petite enfance au Maroc et en Jordanie. S’ajoute la transformation de la protection sociale pour l’adapter à l’avenir du travail. À ce sujet, le plan vise à mettre en place des dispositifs de protection sociale productifs et réactifs pour bâtir et protéger le capital humain. Il permettra également d’améliorer la capacité de ciblage : concevoir un système d'identification national et des registres sociaux (le Maroc est déjà engagé dans un chantier stratégique à ce niveau).
Le plan soutient également la collecte et l'analyse des données par le biais d'enquêtes à haute fréquence (notamment au Maroc) et renforce la capacité à élaborer des politiques fondées sur des données probantes (le Maroc et la Banque mondiale sont déjà partenaires sur ce volet à travers notamment le Programme de la performance du secteur public «Ennajaa» financé pour 450 millions de dollars, Ndlr).
Concernant le troisième axe, il a donc pour but de réinventer le capital humain à travers la création d’une base de compétences pour les économies verte et numérique, via le renforcement des investissements dans le développement de la petite enfance, de l'éducation de base et de la formation. Il vise aussi à restructurer les systèmes d'enseignement supérieur pour se préparer à l’économie numérique.

D’ailleurs, le plan préconise de tirer parti de la transformation numérique afin de favoriser l'adoption de nouvelles technologies et l'innovation au service notamment de l'éducation, de la santé et de la protection sociale, y compris dans les zones rurales. Le plan s’intéresse aussi à promouvoir l’inclusion des femmes sur le marché du travail.
Pour atteindre ces objectifs, la Banque mondiale compte augmenter ses financements. Déjà, ses engagements dans les secteurs de l’éducation, la santé et la protection sociale et de travail ont pratiquement doublé entre 2019 et 2021 à 2,36 milliards de dollars. L’institution envisage également de renforcer la collaboration avec les parties prenantes et apporter de l'innovation à ses clients pour relever les défis.

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