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Obligations indexées sur l’inflation : une opportunité pour le Maroc (CDG Capital Insight)

Quels sont les outils dont disposent les épargnants et investisseurs afin de faire face à l’érosion des rendements réels due à l’inflation ? Selon les analyses de CDG Capital Insight, il est grand temps de voir émerger au Maroc les obligations indexées sur l’inflation émises par le Trésor public. Pourquoi et quel intérêt de ce mécanisme ? Les réponses.

Obligations indexées sur l’inflation : une opportunité pour le Maroc (CDG Capital Insight)
Un outil de financement indexé à l’inflation peut constituer un outil de gestion actif-passif pour les finances des gouvernements.

Quel levier actionner pour atténuer l'impact de l’envolée de l’inflation, alimentée par la composante importée, le renchérissement des prix des matières premières et énergétiques ? Notons que cette spirale se traduit déjà par un taux d’inflation qui s’est situé dans le Royaume à 5,3% à fin mars dernier sur un an. Une situation qui devra durer, vu que la Banque centrale américaine (Fed) a fini par relever de 50 points de base ses taux directeurs. Cette décision intervient naturellement pour contrer l’inflation et éviter la récession aux États-Unis. Face à ce constat, les analyses de CDG Insight s’interrogent sur les outils dont disposent les épargnants et investisseurs afin de faire face à l’érosion des rendements réels due à cette inflation. «Il semble alors opportun et de circonstance de voir émerger des obligations indexées sur l’inflation émises par le Trésor public», soulignent les auteurs d’un nouveau rapport de la direction insight de CDG Capital autour des Obligations Indexées sur l’inflation : opportunité pour le marché́ financier marocain.

L'idée des obligations indexées sur l’inflation émises par le Trésor public n’est certes pas nouvelle, car les avantages de disposer d’un tel instrument pourraient être multiples tant pour les investisseurs que pour le Trésor ou encore certains établissements publics en tant qu’émetteurs. Il s’agit là, selon les analystes de CDG Insight, de surligner la pertinence d’un tel outil dans un contexte où l’inflation érode la valeur réelle de l’épargne, les craintes d’une inflation prolongée s’agrandissent chez les investisseurs et le Trésor fait face à un risque de hausse de la courbe d’emprunt moyen à long terme.
«Nous pensons donc que les circonstances actuelles constituent une opportunité potentielle pour le Trésor afin de mettre en place un instrument de dette indexée sur l’inflation. Le contexte est en effet propice pour générer une forte demande de la part des investisseurs et des épargnants. Ce faisant, le marché financier marocain aurait acquis un nouvel instrument contribuant davantage au développement de son efficience et sa profondeur», décrypte le rapport.

Un élément essentiel de la gestion actif-passif

Ces obligations sont monnaie courante dans le monde de très longue date, tant au niveau des économies développées que celui des économies émergentes et ont souvent été émises par les États afin de répondre à cette problématique. «Ainsi Israël et le Chili ont émis des obligations indexées sur l’inflation depuis le milieu des années 1950, le Brésil depuis 1964, le Royaume-Uni depuis 1981, le Mexique depuis 1989 pour n’en citer que quelques-uns. Depuis, ces instruments ont joué un rôle crucial dans les économies de ces pays mais aussi dans le développement et le fonctionnement efficient de leurs marchés financiers», relève le rapport.
En clair, le bénéfice de ces instruments ne se limite pas à protéger les épargnants et les investisseurs de l’érosion due à l’inflation ou encore à encourager l’épargne dans un contexte inflationniste. Ceux-ci trouvent une place naturelle dans les portefeuilles des fonds de pension, dont les prestations sont réévaluées à l’inflation ou même à l’actif des assureurs non-vie dont les passifs s’alourdissent avec l’inflation. Ils constituent de ce fait, selon la même source, un élément essentiel de la gestion actif-passif.

Pourquoi il faut foncer

Mais globalement, les États émettent de la dette indexée à l’inflation autant pour des raisons d’efficience des marchés que pour des raisons qui leur sont plus directement avantageuses. Il s'agit notamment de la réduction du coût de la dette souveraine au cas où les anticipations d’inflation par le marché seraient exagérées. Ainsi, les gouvernements émetteurs paient un coupon inférieur s’ils réussissent à maintenir une inflation en dessous du niveau anticipé par le marché. De plus, en complétant leurs besoins de financement par un instrument de dette supplémentaire, qui répond mieux au besoin des investisseurs en termes de protection contre l’inflation, les gouvernements évitent d’exercer une pression à la hausse sur la courbe des taux nominale. «Dans des configurations macro-économiques où l’inflation est très forte et volatile, les obligations indexées se sont avérées être cruciales au financement de l’État. Ce fut le cas pour certains pays d’Amérique latine au milieu du siècle dernier par exemple», explique le rapport.

De même, un outil de financement indexé à l’inflation peut constituer un outil de gestion actif-passif pour les finances des gouvernements, car les revenus fiscaux, particulièrement les impôts indirects (TVA, TIC et droits de douane), sont naturellement indexés sur l’inflation.
Ce mécanisme est également destiné à encourager l’épargne et capter une plus large partie de la monnaie en circulation dans le circuit financier : «Des instruments liés à l’inflation participent au développement du marché financier. Ceux-ci encouragent l’épargne davantage et réduisent la circulation de la monnaie fiduciaire, au bénéfice d’un déploiement de l’épargne plus efficient pour le financement de l’économie productive».

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