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Chaînes de valeur agroalimentaires : Le Maroc réactive le projet pilote d’alliances productives

En partenariat avec la Banque mondiale, le Maroc réactive le projet pilote d’alliances productives pour un meilleur accès des TPME agricoles aux marchés de l’agrobusiness. Ce chantier structurant s’inscrit dans le programme de renforcement des chaînes de valeurs agroalimentaires au Maroc, financé par l'institution de Bretton Woods pour 200 millions de dollars. L’approche d’alliances productives, qui a démontré son efficacité à l’échelle internationale, relie trois acteurs principaux : un groupe de producteurs, un ou plusieurs acheteurs et le secteur public.

Chaînes de valeur agroalimentaires : Le Maroc réactive le projet pilote d’alliances productives

Le Maroc réactive le projet pilote d’alliances productives pour un meilleur accès des TPME agricoles aux marchés de l’agrobusiness. Ce chantier structurant s’inscrit dans le programme de renforcement des chaînes de valeur agroalimentaires financé par la Banque mondiale (BM) pour 200 millions de dollars. Une alliance productive implique trois acteurs principaux : un groupe de petits/moyens producteurs, un ou plusieurs acheteurs et le secteur public. Les producteurs organisés (OP) concluent un accord avec l’acheteur. Ils élaborent un plan d’affaires dont le secteur public est le partenaire pour la mise en œuvre. Ces activités sont financées par des subventions publiques fournies par le Programme, par une contribution des bénéficiaires et, dans certains cas, par le ou les acheteurs et le secteur bancaire. L’objectif pour les petits producteurs est d’accéder à des marchés plus rémunérateurs, à haute valeur ajoutée, plus fiables et capables d’absorber de plus grandes quantités de produits que les marchés traditionnels (souks, marchands ambulants, vente sur pied). Ce qui permet aussi de contourner la perte de valeur liée aux multiples intermédiaires dans certaines filières. Les producteurs peuvent donc investir dans l’amélioration de leur production en quantité et qualité, puisqu’ils ont la garantie d’un marché bien identifié et sûr.

L’acheteur bénéficie, pour sa part, d’un approvisionnement en produits en quantités et qualités requises et à dates convenues. Il peut être transformateur, acteur de la moyenne et grande distribution ou exportateur. Pour réactiver ce projet, initialement prévu en 2019, l'Agence pour le développement agricole (ADA), qui est chargée de piloter ce chantier, s’apprête à recruter un expert qui va l’accompagner dans la préparation à la mise en place du projet pilote d’alliances productives. Cette assistance technique concerne la sélection des organisations professionnelles et l’élaboration des plans d’affaires répondant aux exigences d’acheteurs dans le cadre des alliances productives. À noter que l’une des caractéristiques fondamentales de l’alliance productive réside dans le fait que c’est à l’organisation de producteurs d’initier la démarche d’alliance avec un acheteur. L’OP peut identifier un acheteur potentiel pour sa production, mais ce n’est pas toujours le cas. Ces OP doivent être motivées pour entrer dans une relation de commercialisation formelle. Toutefois, dans la plupart des cas, pour répondre aux exigences de l’acheteur, une mise à niveau de la production est nécessaire, tant sur le plan des quantités à produire que de la qualité.

De plus, l’objectif d’accéder à des marchés plus rémunérateurs et de retenir une part de la valeur ajoutée au niveau des producteurs implique que l’on passe de la vente en vrac à la vente de produits conditionnés. D’où la nécessité, selon les cas, d’investir dans des magasins de stockage, de l’équipement frigorifique, et de l’équipement pour le calibrage, l’emballage, ou d’investir dans la certification pour la qualité (produits bio en particulier, etc.). C’est la raison de l’élaboration du plan d’affaires. Ainsi, le projet pilote concernera 10 alliances productives au maximum au profit des groupements de producteurs y compris les associations des producteurs, les coopératives et les GIE dans des filières qui seront identifiées au niveau des régions ciblées par le projet (au moins 2 régions). L’assistance technique du projet sera prise en charge par l’ADA. Les Directions régionales de l’agriculture, quant à elles, prendront en charge les investissements nécessaires pour la mise à niveau des structures des organisations professionnelles ressorties par les plans d’affaires (renforcement de capacités, mise à niveau des équipements, certifications, etc.).

Forte valeur ajoutée pour l’approche alliance productive

L’approche alliance productive a été introduite en Amérique latine au début des années 2000 (en Colombie d’abord) par la Banque mondiale et d’autres partenaires (La Banque interaméricaine de développement puis le Fonds international de développement agricole – FIDA). En 2015, la Banque mondiale avait ainsi financé 3.500 alliances productives, à partir de 21 projets dans 10 pays d’Amérique latine pour un montant total d’un milliard de dollars. Une évaluation des résultats effectuée en 2016 a montré des augmentations de la commercialisation de 20 à 60% pour les producteurs impliqués dans une alliance (selon les pays et les filières).

En Colombie, une évaluation d’impact réalisée en 2015 a montré que les revenus des producteurs impliqués dans une alliance étaient de 30% supérieurs à ceux du groupe de contrôle (producteurs organisés, mais pas dans une alliance productive). L’approche a donc démontré son efficacité à tel point que le gouvernement colombien, après deux projets consécutifs avec la Banque mondiale, a décidé de continuer le financement par lui-même. Et ce n’est pas tout. L’approche est maintenant étendue par la BM et le FIDA à d’autres régions (Afrique et Asie). Le Programme marocain d’Appui au renforcement des chaînes de valeur agroalimentaires, financé par la Banque Mondiale sur la période 2018-2023, fournit un cadre qui permet de tester/piloter ce nouvel instrument et de l’évaluer en vue d’une possible adoption et extension.

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