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Chaînes de valeur mondiales : comment le Maroc pourra monter en gamme

Le Maroc a réussi à se positionner dans différentes chaînes de valeur mondiales et s'est hissé progressivement vers des segments à forte valeur ajoutée, dont l’automobile et l’aéronautique. Cependant, malgré son taux d'ouverture affirmé, la dynamique de son insertion et de sa montée en gamme demeure faible, par rapport à des pays comparables. Quel est donc le niveau de participation de l’économie nationale à ces chaînes de valeur, en amont et en aval, et comment identifier les origines et les caractéristiques du déficit commercial au Maroc ? Les explications du dernier policy brief de la DEFP.

Chaînes de valeur mondiales : comment le Maroc pourra monter en gamme
Le Maroc a réussi, en l’espace de quelques années, à améliorer son positionnement dans les chaînes de valeur mondiales.

Ayant véritablement pris leur essor à partir des années 1990, les chaînes de valeur mondiales (CVM) ont façonné le commerce sur le globe. Ces réseaux de production internationaux offrent de nombreuses perspectives pour l’Afrique afin de tirer profit des bénéfices de la mondialisation. Et le Maroc, lui, a réussi, en l’espace de quelques années, à améliorer son positionnement dans les CVM. «En ce sens, il y a une augmentation modeste à la fois de l’incorporation de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations nationales et de la valeur ajoutée locale dans les exportations des pays tiers, quoique des disparités notables persistent au niveau des différents secteurs productifs. Sa participation en amont a progressé à un rythme plus élevé que celle en aval. Cette configuration rend l’économie nationale plus vulnérable aux chocs d’offre potentiels de pays positionnés plus en amont des CVM», explique la Direction des Études et des Prévisions financières (DEPF) qui a consacré son dernier Policy brief à l’analyse de la dynamique et du profil de l’intégration du Maroc dans les chaines de valeur mondiales et à l’évaluation de ses contributions intrinsèques au commerce international.

Valeur ajoutée Vs valeur finale

À l’instar de plusieurs pays, le Royaume a pu se positionner dans différentes chaînes de valeur et s'est hissé progressivement vers des segments à forte valeur ajoutée, dont l’automobile et l’aéronautique notamment. «L’appréciation de ces évolutions est devenue de plus en plus complexe et nécessite désormais un type particulier de statistiques pour éviter une déformation de la réalité. En effet, la comptabilisation de ces échanges dans le cadre des statistiques traditionnelles du commerce mondial, effectuée en termes bruts, induit un biais de surestimation des flux commerciaux suite à un double comptage de la valeur des produits intermédiaires dans les transactions internationales. Alors que l’appréciation de ces flux doit prendre en compte la valeur ajoutée au produit, plutôt que la valeur finale du produit», notent les auteurs de l'étude.
Selon le document, le contenu importé des exportations marocaines a connu une progression régulière, quoique modeste, pendant ces deux dernières décennies, pour se situer autour de 31,5% en 2018. La teneur des exportations en produits importés a connu une nette baisse en 2009 (26,5%), sous l’effet de la crise économique et financière internationale, avant de retrouver son niveau d’avant crise. «Comparativement à d’autres pays, le contenu importé au niveau des exportations marocaines, en moyenne entre 2011 et 2018 (32%) est supérieur à celui des pays comme le Chili (15,5%), le Brésil (11,6%), la Colombie (10,9%), l’Argentine (9,6%), la Russie (8,8%) ou l’Arabie saoudite (3,5%). Cette comparaison est à prendre avec nuance dans la mesure où ces pays sont de grands exportateurs de matières premières (produits agricoles et miniers). D’autres pays spécialisés dans l’assemblage détiennent, en revanche, des contenus en importations des exportations plus élevés, dont notamment la Hongrie (46,8%), la République tchèque (41,9%), le Mexique (34,8%), la Corée du Sud (35%), la Malaisie (35,8%) et le Vietnam (46,7%).», est-il expliqué.
En l’espace de 13 ans, le Maroc a gagné 7,6 points dans sa participation dans les CVM pour s’établir à 46,7% en 2018, sous l’effet, principalement, de la composante relative à la participation en amont (5,1 points). Cependant, sa participation en aval a affiché une amélioration de 2,6 points entre ces deux dates en passant de 12,7% à 15,3% entre 2005 et 2018. «Ce résultat dénote d’une dépendance des entreprises nationales à l’égard des intrants étrangers, supérieure à celle des entreprises exportatrices étrangères à l’égard des produits intermédiaires marocains», note l'étude de la DEPF.

Les pistes à emprunter

Concrètement, le Maroc est contraint de déployer des efforts supplémentaires et de relever des défis pour monter en gamme et accélérer le processus de transformation structurelle. Ces défis sont liés d’abord à l’investissement dans le capital intellectuel : cet investissement contribue non seulement à l’amélioration de la productivité, mais également à la différenciation du produit fini de la chaîne et au renforcement de sa présence sur les réseaux mondiaux.
Il s’agit ensuite du renforcement de l’intégration au niveau régional. Ce qui pourrait constituer un tremplin pour une meilleure insertion de notre pays dans les CVM. L’exploitation de la complémentarité des facteurs de production et des ressources au niveau régional renforcerait la compétitivité des industries et les liens avec les économies locales, induisant ainsi des effets d’entraînement catalyseurs de croissance.
L'adaptation du code de travail est également un axe fortement recommandé par les auteurs du document : «Les réglementations strictes en termes d’embauche et de licenciement réduisent les possibilités aux entreprises marocaines de s’adapter aux variations de leur activité économique et de s’adapter aux différents chocs exogènes».

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