Les effets des changements climatiques sur la santé se font ressentir de plus en plus. Émergences de maladies infectieuses, hausse de la mortalité à cause des vagues de chaleur et la sécheresse, crise de la sécurité alimentaire… Ces problèmes touchent aussi bien les adultes que les enfants dans plusieurs pays du monde. Dans son nouveau rapport, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) révèle que plus de 2 milliards d’enfants souffriront de graves conséquences du changement climatique en 2050. «Le mercure est en train de grimper, ce qui a des effets de plus en plus graves sur les enfants. Un enfant sur trois vit déjà dans des pays enregistrant des températures extrêmement élevées, et près d’un enfant sur quatre est exposé à des vagues de chaleur fréquentes. Or la situation ne va cesser de s’aggraver. Au cours des trente prochaines années, de plus en plus d’enfants seront frappés par des vagues de chaleur plus longues, plus intenses et plus fréquentes, qui mettront en péril leur santé et leur bien-être», a déclaré Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef, lors de la présentation du rapport mardi dernier à New York.
Intitulé «L’année la plus froide du reste de leur vie : Protéger les enfants des effets de plus en plus graves des vagues de chaleur», le rapport rappelle que les vagues de chaleur sont particulièrement néfastes pour les plus jeunes, qui sont moins à même de réguler leur température corporelle que les adultes. «Ils courent donc plus de risques pour leur santé comme l’asthme, les affections respiratoires chroniques et les maladies cardiovasculaires.
Par ailleurs, ces épisodes caniculaires ont des répercussions sur l’environnement des enfants et peuvent compromettre leur sécurité, leur nutrition et leur accès à l’eau, autant que leur éducation et leur subsistance à long terme», indique l’agence onusienne.
Selon le rapport, un réchauffement minimal de la planète de 1,7 °C exposerait 1,6 milliard d’enfants à des vagues de chaleur de longue durée. Ce nombre atteindrait 1,9 milliard si la température augmentait de 1,9 degré d’ici à 2050.Face à cette situation, l’Unicef appelle à une augmentation des fonds alloués à l’adaptation afin de protéger les plus jeunes et les plus vulnérables. «Notre planète est en surchauffe, et pourtant, les dirigeants mondiaux ne réagissent pas. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de faire davantage pression sur eux pour qu’ils rectifient la trajectoire empruntée, et prennent les mesures qui s’imposent dès la COP 27 (du 6 au 18 novembre en Égypte) dans l’intérêt des enfants du monde entier, mais surtout des plus vulnérables qui vivent dans les régions les plus touchées», a déclaré Vanessa Nakate, militante pour le climat et ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef. «Ce rapport indique clairement que, sans action urgente, les vagues de chaleur deviendront encore plus dévastatrices que ce que nous anticipons déjà».
Pour cette raison, l’Unicef préconise une mobilisation internationale visant à l’adaptation des services sociaux voués à l’enfance dans le domaine de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, de la santé, de l’éducation et de la nutrition, accompagnée d’un renforcement des dépistages de malnutrition sévère pour les plus jeunes. Plus encore, les auteurs du rapport entendent placer les enfants et le respect de leurs droits au cœur des décisions en matière d’adaptation qui seront prises lors de la COP 27.À leurs yeux, les pays avancés doivent honorer l’engagement qu’ils ont pris lors de la COP 26 de doubler le financement de l’adaptation afin d’atteindre au moins 40 milliards de dollars par an d’ici à 2025, et ce dans la perspective de consacrer au moins 300 milliards de dollars par an aux mesures d’adaptation d’ici à 2030. Les fonds alloués à l’adaptation doivent aussi représenter la moitié de l’ensemble des financements de l’action climatique. «La COP 27 doit faire avancer les négociations sur les pertes et les préjudices, en plaçant la résilience des enfants et de leur communauté au cœur des discussions sur les mesures à prendre et le soutien à fournir», souligne l’Unicef.
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Questions à Hakima Gouchi, pédiatre et néo-natologue«Les motifs de consultation commencent à changer à cause des changements climatiques»
D’après l'Unicef, plus de 2 milliards d’enfants souffriront de graves conséquences du changement climatique en 2050. Est-ce qu’en tant que pédiatre vous commencez justement à ressentir l'impact de ces changements sur la santé de nos enfants ?
Oui, effectivement nous ressentons de plus en plus les effets des changements climatiques sur la santé de nos enfants. Les motifs de consultation commencent à changer. Le taux de certaines maladies liées à la pollution, par exemple, ou aux vagues de chaleur continue d’augmenter.
De quelles maladies s’agit-il exactement ?
Il s’agit essentiellement de la multiplication des maladies infectieuses, des maladies à transmission vectorielle, des maladies digestives, des maladies diarrhéiques causées notamment par l’augmentation des températures et le stress thermique… Et le plus marquant est l’augmentation des cas d’enfants souffrant des maladies respiratoires et pulmonaires tels que l’asthme. Il y a aussi le problème de malnutrition qui concerne plus les enfants vulnérables dans les pays pauvres.
Quels conseils pouvez-vous donner aux parents pour minimiser les effets de ces changements sur la santé de leurs enfants ?
Il faut tout d’abord faire attention à l’alimentation des enfants en leur donnant des repas sains et équilibrés. Il faut aussi encourager l’allaitement maternel. Plusieurs études ont montré que ce dernier protège les enfants de plusieurs maladies notamment l’asthme. Il faut aussi veiller à ce que l’enfant adopte un mode de vie sain et lui apprendre les règles de l’hygiène. Ces mesures devraient le protéger et minimiser un peu l’effet des changements climatiques.