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Guerre en Ukraine : voici pourquoi la position du Maroc est sage (Rachid Lazrak)

Rachid Lazrak, professeur émérite de droit international a analysé les enjeux de la crise russo-ukrainienne pour le Maroc tout en soulignant la position sage du Royaume par rapport à ce conflit. L’invité de l’Info en Face est également revenu sur les conséquences de cette guerre sur l’Europe dans un contexte international en pleine ébullition.

Guerre en Ukraine : voici pourquoi la position du Maroc est sage (Rachid Lazrak)

Quels sont les enjeux et les effets sur le Maroc du conflit opposant la Russie et l’Ukraine ? C’est l’une des questions qui ont été posées à Rachid Lazrak, professeur émérite de droit international, auteur de nombreuses publications en géostratégie et géo-économie. Invité de l’émission l’Info en Face, M. Lazrak a affirmé de prime abord que «c’est un conflit qui nous dépasse», mais face auquel on ne peut pas rester indifférent, car il y a des conséquences économiques et politiques», a-t-il souligné. Mais l’invité considère que le Maroc a adopté une position très sage, équilibrée et surtout prudente en décidant de ne pas participer au vote de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la Russie. «Le Maroc a fait deux déclarations, la première quand les hostilités avaient éclaté et la deuxième lorsqu’il a fallu justifier sa position lors de l’Assemblée générale. Il a rappelé un certain nombre de principes auxquels il est très attaché, notamment la souveraineté des États, le respect de l’intégrité territoriale et la condamnation du recours à la violence, puis il a proposé son aide humanitaire», rappelle le spécialiste en géostratégie.

Poussant son analyse plus loin, il a tenu à rappeler les significations de cette position. Pour lui, le Royaume ne voulait pas faire de cadeaux à l’Algérie, puisque la Russie est le partenaire militaire du voisin de l’Est. De même, il ne faut pas oublier, ajoutet-il, que la Russie est un membre permanent du Conseil de sécurité et chaque fois que la question du Sahara était abordée, la Russie s’abstenait de voter. «C’est une manière de dire, prenez aussi position pour nous», explique-t-il, en soulignant également que la position du Maroc comporte un autre message en direction de l’Europe, dont la substance est justement que le Royaume n’est pas obligé de la suivre dans toutes ses décisions. «Nous avons pris notre décision en toute indépendance et rappelez-vous que jusqu’à présent, vous n’avez pas voulu vous mouiller dans l’affaire du Sahara et prendre une position très franche. Donc, on n’est pas obligé de vous suivre», argumente Rachid Lazrak.

Dans le même ordre d’idées, l’invité de Rachid Hallaouy considère que la position du Maroc dans l’affaire de l’Ukraine ne semble pas avoir gêné les États-Unis qui soutiennent et continuent de soutenir le plan d’autonomie du Sahara. «Ce qui signifie qu’ils soutiennent la souveraineté du Maroc sur son Sahara», conclut-il. Par ailleurs, en décortiquant les éléments du puzzle du conflit opposant la Russie et l’Ukraine, M. Lazrak n’a pas hésité à revenir sur l’histoire des deux pays et le contexte dans lequel ils ont évolué. Il a rappelé dans ce cadre le processus de dislocation de l’URSS et la position de l’Ukraine à l’époque. Puis il a rappelé l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014… pour dire que la tension entre les deux pays couvait durant des années sans jamais être réglée. Analysant la conjoncture mondiale dans laquelle a lieu ce conflit, l’invité n’a pas hésité à parler de désordre international et même de chaos. Il a cité d’autres conséquences de la crise russo-ukrainienne, telles que le réveil de l’Europe, dont certains pays pensent de plus en plus à renforcer leurs forces armées et à réduire leur dépendance de la Russie. «Des pays comme l’Allemagne ou le Danemark consacrent désormais des budgets colossaux à la défense. De même, des pays neutres comme la Suisse ou la Finlande sont en train de revoir leurs moyens militaires. Tous ces pays sont désormais inquiets», relève-t-il. Énumérant toujours la série des conséquences, il a signalé le réveil de l’OTAN qui était, estime-t-il, «en état de mort cérébrale» et qui est en train de se ressaisir. 
 

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