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Conseil national de la presse : les professionnels divisés

La régulation du secteur de la presse est de nouveau au cœur des débats entre les professionnels du secteur. La situation actuelle du Conseil national de la presse, instance de régulation du secteur, ne fait pas l’unanimité au sein de la profession. Avec un mandat qui arrive à échéance dans quelques semaines, le Conseil présidé par Younes Moujahid n’a toujours pas entamé les préparatifs pour les prochaines élections. Devant le mutisme du département de tutelle, le débat entre les partisans de l’organisation des élections et les défenseurs du report s’intensifie.

Conseil national de la presse : les professionnels divisés

Après les élections du Conseil national de la presse, qui ont eu lieu le 22 juin 2018, la profession passe par une phase assez critique, marquée par un véritable rapport de force opposant les différentes corporations plus ou moins représentatives du secteur. Le point de discorde opposant ces porte-voix des professionnels du monde des médias prend la forme d’un enjeu électoral. Enjeu qui s’exprime sous forme de deux questions. Faut-il passer, immédiatement, au renouvellement des instances du Conseil national de la presse, dont le premier mandat arrive à échéance ? Ou faut-il procéder, d’abord, à un lifting du Code de la presse pour remédier aux nombreux dysfonctionnements relevés au cours de l’exercice du CNP durant ce premier mandat ?

C’est d’ailleurs les réponses à ces deux questions qui opposent sur la scène médiatique deux courants. Un positionnement qui est exprimé par les nombreuses structures agissant dans le secteur, même les plus récentes parmi elles. En effet, le secteur a cette spécificité, qu’on retrouve dans d’autres corps professionnels, d’avoir de nombreuses organisations syndicales qui se présentent en tant que porte-parole des professionnels. Ainsi, du côté des patrons de presse, il existe deux structures au moins. Il s’agit de l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME), la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ). Du côté des journalistes figure en tête le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et un autre syndicat de journalistes affilié à l’Union marocaine du travail (UMT), la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication, auxquels s’ajoute d’autres structures ayant vu le jour récemment, notamment un syndicat affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), le Syndicat national des médias et de la presse, ainsi que l’ancien Club de la presse du Maroc.

Toutes ces organisations participent au débat actuel, mais en revanche, on observe un silence inquiétant du département de la Communication, l’autorité devant veiller au bon déroulement des élections du Conseil national de la presse. Dans l’état actuel des choses, deux positions s’affrontent. Ainsi, l’ANME souligne qu’elle n’est pas satisfaite de la phase passée du CNP. «Nous réfléchissons à un nouveau mécanisme pour l’amélioration du rendement du Conseil et la cooptation de ses membres en dehors du mécanisme des élections. Nous avons élaboré de multiples propositions dans ce sens, pour l’amendement du cadre juridique actuel et que nous allons discuter très prochainement», souligne Driss Chahtan, président de l’ANME.

Une position que défendent aussi les dirigeants du SNPM, qui estiment que les trois textes composant le Code de la presse doivent être amendés (la loi relative au statut des journalistes professionnels, la loi portant création du CNP et la loi relative à la presse et à l’édition). «Il est temps de procéder à une refonte profonde des trois composantes du Code de la presse pour qu’il y ait une nouveau départ de l’exercice professionnel institutionnalisé. Nous avons relevé durant ces dernières années de nombreux dysfonctionnements à corriger dans le dispositif constituant le Code de la presse. Ce qui est tout à fait normal si on se place dans un esprit évolutif pour arriver à une meilleure version qui sert la profession. Dans les communiqués du syndicat, nous avons déjà signalé que ces textes comportent des dispositions inadéquates qui doivent être révisées. Il est temps de les amender, notamment à l’occasion de cette date qui marque la fin du premier mandat du CNP», explique le président du conseil national du SNPM, Abelkebir Khchichne.

M. Khchichne insiste sur le fait que ce n’est pas du tout une demande pour prolonger le mandat des actuels membres du CNP, mais plutôt un appel à un ajustement du contenu du Code de la presse pour qu’il réponde aux intérêts de la profession. Ceci étant, il considère que le mandat du Conseil est une étape fondatrice qui reste positive, du fait qu’elle a permis une autorégulation de la profession. «Il est temps de capitaliser sur les réalisations positives et de corriger les imperfections relevées, d’autant plus que nous passons à une nouvelle étape du paysage médiatique national dans laquelle le capital humain doit être placé au centre», estime-t-il. Par ailleurs, face à ces positions, la FMEJ, le Club de la presse et d’autres structures appellent à ce que les élections du CNP aient lieu d’abord. Car selon eux, c’est aux nouveaux membres élus d’aller dans le sens de la révision de ce cadre juridique critiqué. Un débat qui risque de se poursuivre tant que la question ne sera pas tranchée. 

 

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