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Covid-19 : L'OMS appelle à rouvrir les frontières, les scientifiques acquiescent

Depuis le début de la vague Omicron, l’OMS lance des appels pour que les frontières restent ouvertes malgré les inquiétudes. Le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international de l’Organisation onusienne a recommandé une nouvelle fois aux pays de mettre un terme à la fermeture du ciel, mais aussi de lever l’obligation du pass vaccinal pour les voyages internationaux. Qu'en pensent donc nos experts ?

Covid-19 : L'OMS appelle à rouvrir les frontières, les scientifiques acquiescent
Les scientifiques affirment que fermer le ciel aérien n’est pas une solution pour venir à bout de la pandémie.

La fermeture des frontières et la mise en œuvre d'interdictions générales de voyager ne sont pas efficaces pour arrêter la propagation internationale de la Covid-19. Et c'est l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui le dit ! Le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international de l’OMS a, ainsi, recommandé une nouvelle fois aux pays d’ouvrir leurs frontières, car cette mesure n'apporte aucune valeur ajoutée et continue de contribuer au stress économique et social des États parties. Le Comité a également souligné que le fait de maintenir les frontières fermées peut décourager la notification transparente et rapide des variants émergents préoccupants.
Au Maroc, la réouverture des frontières est très attendue par tout le monde, en particulier, les travailleurs et les entreprises du secteur du tourisme et de l'hôtellerie qui ont été fortement touchés par l’interdiction des voyages internationaux. De son côté, le gouvernement surveille le développement de la situation épidémiologique dans les pays ayant ouvert leurs frontières en attendant de prendre une décision. Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a souligné que des discussions sont en cours actuellement, mais bien que l'ouverture des frontières soit importante, elle demeure liée à la garantie des conditions nécessaires, à même de préserver la santé des visiteurs et des citoyens marocains. Pour sa part, le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, a déclaré dernièrement qu’il faudra attendre la baisse des infections pour pouvoir ouvrir de nouveau l'espace aérien.

Pourtant, les médecins et les scientifiques sont tous favorables à l’ouverture des frontières. Joint par nos soins, Pr Jaâfar Heikel, professeur d'épidémiologie et spécialiste des maladies infectieuses, affirme que toutes les dernières études ont prouvé qu’Omicron est moins virulent que le Delta et que les gens ont peu de chance de développer des formes graves de la Covid-19. C’est la raison pour laquelle il faut en finir avec la fermeture des frontières. «Le grand nombre de contaminations enregistré tous les jours dans le monde n’est pas synonyme de gravité. La vaccination d’une grande partie de la population mondiale ainsi que l’immunité post-infection jouent un rôle important dans la protection des individus. Donc, aujourd’hui, les mesures restrictives importantes telles que l’interdiction des voyages internationaux n’ont pas lieu d’être par rapport à la réalité épidémiologique. Toutes ces données devraient inciter les différents responsables à un assouplissement, voire à un arrêt d’un certain nombre de mesures restrictives qui ont un impact aussi bien sur le plan sanitaire que social et économique», assure le scientifique.

«L'arrivée de touristes étrangers ne risque pas de compliquer la situation épidémiologique»

Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, n'en pense pas moins. Il estime, en effet, que l’OMS a tout à fait raison d’appeler les pays à rouvrir leurs frontières. «Fermer le ciel aérien n’est pas une solution pour venir à bout de la pandémie. Au contraire, cela poussera les pays qui découvrent de nouveaux virus ou variants à le cacher au lieu de le déclarer, ce qui risque de compromettre les efforts internationaux dans la lutte contre la pandémie. Il n’y a donc aucune raison qui justifie la fermeture des frontières jusqu’à présent. Il s’agit d’une mesure qui est censée aider les pays à se préparer à l’arrivée d’un nouveau variant, mais une fois que celui-ci est entré et surtout s’est propagé, ce n’est pas la peine de maintenir la fermeture des frontières», développe le médecin. Et de souligner qu’«au Maroc, nous avons atteint le pic. La décrue des cas positifs commencera dès fin janvier à Casablanca, et peut-être une semaine ou dix jours après dans les autres régions. Nous allons aussi certainement enregistrer un nombre élevé de décès jusqu’à mi-février. Mais l’arrivée de voyageurs en provenance de l'étranger ne risque pas de compliquer la situation épidémiologique, ni de surcharger nos services de réanimation. Le vrai risque est celui des Marocains présentant des symptômes et qui refusent de se faire tester et continuent de propager le virus».

En plus de l’ouverture des frontières, l’OMS a appelé à lever l'obligation du pass vaccinal pour les personnes qui souhaitent voyager à l’étranger. Le Comité d’urgence du Règlement sanitaire international de l’Organisation onusienne a souligné que les mesures de voyage telles que le masquage, le dépistage, l'isolement ou la mise en quarantaine et la vaccination doivent être fondées sur l'évaluation des risques et éviter de faire peser la charge financière sur les voyageurs internationaux. Interrogé à ce sujet, Dr Hamdi estime que l’approche de l’OMS est logique à condition de comprendre ses fondements et l’angle sous lequel l’instance voit les choses. «L’OMS refuse l’usage du pass vaccinal pour les voyages dans un souci d’équité. Elle juge que la vaccination est déséquilibrée dans le monde. Les citoyens de certains pays n’ont pas eu la chance de se faire vacciner, l’Organisation pense alors que cela ne devrait pas être une raison pour les priver de voyage», analyse Dr Hamdi. Ce dernier précise que les responsables dans les pays pensent différemment de l’OMS, car ils ont la responsabilité de protéger leurs citoyens. Il insiste sur l’usage du pass vaccinal qui permet non seulement d’encourager les populations à se faire vacciner, mais aussi de protéger les personnes vaccinées et même les non-vaccinés, leur entourage, ainsi que toute la population des risques liés à la propagation du virus.
 

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