Est-ce le début d’une nouvelle vague de Covid-19 ? Le rebond du nombre de contaminations constaté depuis le mois dernier se confirme. Alors que la saison des vacances n’a pas encore commencé, le taux d’incidence a plus que doublé en moins d’une semaine, frôlant les 1.000 cas par jour. Un chiffre qui n’a pas été enregistré depuis février dernier. «Nous sommes en train de vivre les prémices d'une nouvelle vague. Il existe une augmentation substantielle des cas journaliers, l'indice de positivité des tests réalisé chaque jour dépasse les 10%, alors qu'il était moins de 1%. Cependant, le nombre de patients admis en soins intensifs et le nombre de morts journalier restent bas pour l'instant», déclare au «Matin» Pr Said Motaouakkil, médecin anesthésiste, réanimateur et membre de la Comité scientifique et technique contre la Covid-19. «Les sous-variants d’Omicron qui sont dominants sont les BA.2 et BA.5. Ce dernier a été détecté ces derniers jours au Maroc. Il est beaucoup plus transmissible que ses prédécesseurs, heureusement qu’il est moins virulent et moins mortel.
Cependant, les sujets âgés et ceux qui sont porteurs de maladies chroniques restent très fragiles devant cette maladie. C'est pourquoi nous insistons sur le port du masque, le lavage des mains, la vaccination par la troisième dose et le traitement rapide si on attrape la maladie», insiste-t-il. Cette nouvelle hausse des cas confirmés de coronavirus au Maroc inquiète les citoyens d'autant plus que la période de Aid Al Adha et des vacances d’été approche à grands pas. Ils commencent à craindre que le gouvernement ne soit obligé de retourner aux mesures restrictives pour parer à une probable dégradation de la situation épidémiologique. «Pour le moment, il serait préférable de laisser la situation sociale et économique reprendre normalement et oublier la politique de restriction. Il faut rester vigilant sans paniquer. L'impact de cette hausse des contaminations ne devrait pas être très important sur notre système de santé tant que les cas graves n’augmentent pas beaucoup. Il faut suivre l’exemple des pays européens où les cas sont beaucoup plus importants, mais la vie continue avec le respect de l'essentiel des recommandations sanitaires», indique Pr Motaouakkil. De son côté, Dr Said Afif, membre du comité scientifique et technique de la vaccination anti-Covid-19, affirme que même si la situation est toujours maitrisée actuellement, rien ne nous garantit qu’elle le restera les prochaines semaines. «Malgré la hausse du nombre de nouvelles contaminations à la Covid-19, on ne peut pas dire que la situation épidémiologique est grave actuellement, puisque le taux de remplissage des lits de réanimation n’est toujours pas très élevé.
Ce rebond peut être expliqué par la grande contagiosité du sous-variant d’Omicron BA.5 qui est en passe de devenir dominant quelques jours seulement après sa détection au Maroc. Nous avons donc intérêt à rester vigilants si on ne veut pas revenir aux mesures restrictives», souligne Dr Afif. «C’est une responsabilité commune de tous les citoyens marocains. Les gens doivent porter leurs masques surtout dans les endroits clos. Sans oublier la vaccination, en particulier des personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques. Lorsqu’on sait que plus de 300.000 personnes âgées de plus de 75 ans et plus d’un million en 65 et 75 ans n’ont pas reçu leur troisième dose, on ne peut que s’inquiéter. Il faut être plus prudent.
Personne ne souhaite retourner aux restrictions sanitaires avec leurs conséquences psychologiques, sociales et économiques». De même, Pr Kamal Marhoum Filali, chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd et membre du Comité Covid-19 à Casablanca, assure qu’un retour aux mesures restrictives n’est pas exclu, surtout à l’approche de Aid Al Adha et des vacances d’été. «Le nombre de nouvelles contaminations augmente et celui des cas sévères admis en réanimation aussi. Même s’il n’est pas très élevé pour l’instant, nous remarquons qu’il est en constante augmentation ces derniers jours. Personnellement, je ne suis pas du tout optimiste pour la suite. Les gens négligent toujours les gestes barrières et le port du masque. Peut-être qu’il n’y aura pas de mesures qui seront prises dans l’immédiat mais si ça continue, l’État sera forcément obligé d’intervenir en imposant de nouveau des restrictions sanitaires pour éviter de lourdes conséquences sur le système de santé», estime le médecin.