Depuis le début de la pandémie Covid-19, les professionnels de la santé ne cessent de le répéter. La vaccination est le moyen le plus sûr pour se protéger contre la maladie. Mais la capacité d’Omicron et ses sous-variants d’échapper à l’immunité conférée par une infection antérieure ou par la vaccination peut rendre cette dernière moins efficace. «Les vaccins utilisés actuellement dans le monde, que ce soit les ARN messager, les virus inactivés ou à vecteur viral, sont des vaccins de première génération basés sur la première souche de Wuhan. Ils ont montré une bonne efficacité jusqu’à présent.
Mais nous remarquons malheureusement qu’avec ces vaccins, l’immunité baisse avec le temps surtout avec l’émergence des nouveaux variants, en particulier les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5 qui ont un échappement immunitaire notable, d’où la nécessité aujourd’hui d’avoir des vaccins efficaces», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. Et d’ajouter que «le fait de disposer de nouvelles versions de vaccins mises à jour pour combattre la Covid-19 va permettre d’augmenter le niveau de protection contre les infections et renforcer l’efficacité contre les formes graves et les décès. Ces vaccins “Version 2” joueront un rôle important non seulement dans la lutte contre les nouveaux variants qui existent aujourd’hui mais aussi contre ceux qui apparaitront dans le futur».
Plusieurs laboratoires mettent à jour leurs vaccinsDr Hamdi souligne, en outre, que plusieurs laboratoires travaillent, depuis des mois, pour la réalisation de nouvelles versions actualisées de leurs vaccins afin de mieux lutter contre la maladie. «Plusieurs essais sont en cours pour mettre au point des vaccins efficaces contre Omicron et ses sous-variants. La plupart des laboratoires travaillent actuellement sur des vaccins bivalents ou polyvalents avec des antigènes de la souche classique et d’autres des nouveaux variants. Une deuxième possibilité qui consiste à mettre au point un vaccin universel efficace contre tous les coronavirus serait une très bonne solution pour vaincre la pandémie. Mais malheureusement, cela demande d’énormes investissements et les essais qui ont été faits dans ce sens n’ont pas abouti pour le moment», affirme le médecin.Certains laboratoires ont déjà présenté des vaccins de nouvelles générations qui montrent une bonne efficacité. C’est notamment le cas de Moderna. Dans un communiqué publié le 22 juin, le laboratoire a révélé les résultats des essais cliniques de son nouveau vaccin bivalent qui s'attaquent à la souche initiale et celle d’Omicron et ses sous-variants. Selon le laboratoire, ce nouveau vaccin déclenche une augmentation des anticorps circulants chez tous les participants aux essais, qu'ils aient été précédemment infectés ou non. Ce taux est multiplié par 5,4 dans l'ensemble de la cohorte, et monte à 6,3 chez les participants séronégatifs, qui n’ont été ni été vaccinés ni infectés. Ces résultats semblent perdurer dans le temps, le taux d'anticorps circulants restant très élevé un mois après l'injection de la dose de rappel.
De même, Pfizer et BioNTech ont annoncé, lundi dernier, que les candidats vaccins Covid-19 adaptés à Omicron démontrent une réponse immunitaire élevée contre le variant. «Le candidat monovalent adapté à Omicron administré comme quatrième dose de rappel a provoqué une augmentation de 13,5 et 19,6 fois des titres géométriques neutralisants contre Omicron BA.1 à des niveaux de dose de 30 et 60 microgrammes. Le candidat vaccin bivalent a présenté une augmentation de 9,1 et 10,9 fois par rapport à Omicron... Les rapports moyens géométriques pour la réponse des anticorps neutralisants d'Omicron sont ressortis conformes à l'exigence réglementaire de supériorité», explique le laboratoire. Et de préciser que «des études préliminaires en laboratoire démontrent que les deux candidats adaptés à Omicron neutralisent Omicron BA.4 et BA.5, mais dans une moindre mesure que pour BA.1».
Compléter le schéma vaccinal est le plus urgent au Maroc
Est-ce que le Maroc prévoit d’avoir ces nouvelles versions du vaccin, une fois mis sur le marché ? D’après Dr Said Afif, membre du Comité national technique et scientifique consultatif de vaccination, disposer de ces vaccins n’est pas une urgence. C’est surtout le fait de convaincre les gens, en particulier les personnes âgées et vulnérables, de compléter leur schéma vaccinal qui est le plus préoccupant. «Les Marocains boudent toujours la 3e dose. Et cela nous inquiète beaucoup. Le Royaume est en train de vivre la 4e vague de Covid-19. Les contaminations augmentent et les cas graves et les décès aussi. Nous sommes passés de 37 cas sévères à 129 en moins de deux semaines. Le taux d’occupation de lits dans les services de réanimation qui était de 0,7% le 14 juin dernier est aujourd’hui arrivé à 2,5%. Il s’agit pour la plupart de personnes qui n’ont pas complété leur schéma vaccinal ou qui ne se sont jamais fait vacciner. C'est pourquoi le plus important aujourd’hui est de sensibiliser les citoyens à l’importance de la vaccination pour éviter le pire», insiste Dr Afif.