Le Fonds monétaire international (FMI) préconise au Maroc de renforcer ses capacités à s’adapter aux défis climatiques futurs. À l’instar des autres pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), les politiques d’adaptation doivent être pleinement intégrées à toutes les stratégies économiques nationales. Ceci à travers l’élaboration des cadres économiques qui tiennent compte des risques climatiques afin de déterminer les bonnes réponses que les pouvoirs publics doivent y apporter. L’enjeu est de taille, une nouvelle étude du FMI évaluant les répercussions économiques des changements climatiques dans la région montre comment il est désormais urgent de prendre des mesures d’adaptation. Cette analyse, d'environ quatre-vingts pages publiée en anglais, révèle que les catastrophes climatiques que connaît la région MENA et d’Asie centrale réduisent la croissance économique annuelle par habitant de 1 à 2 points de pourcentage. Or ces événements devraient devenir plus fréquents et plus graves à mesure que la planète se réchauffe. «Les pays de la région doivent s’attendre à des pertes (socioéconomiques) désastreuses s’ils ne prennent pas de mesures d’adaptation au changement climatique», alerte l’Institution.
Ces pays doivent ainsi intensifier les investissements publics dans des infrastructures résilientes. Ils doivent également encourager le secteur privé à jouer un rôle accru dans l’adaptation tout en ajustant les stratégies de croissance et de développement inclusifs de façon à prendre en compte les risques climatiques, par exemple en aidant les entreprises affectées par les changements climatiques et en renforçant la protection sociale des ménages vulnérables. «Des simulations réalisées sur le Maroc montrent que des investissements dans des infrastructures hydrauliques amélioreraient la résilience face aux sécheresses, réduiraient de près de 60% les pertes de PIB (de 3,2% à 1% du PIB) et limiteraient l’augmentation de la dette publique», détaille l’étude. Selon le FMI, le secteur agricole marocain, qui employait plus de 30% de la main-d'œuvre et représentait environ 12% du PIB en 2020, reste très sensible aux sécheresses. Avec seulement 10% des terres arables équipées de systèmes d'irrigation, les sécheresses fréquentes ont entraîné des pertes de PIB de 1,2 à 7,6%, au cours des trois dernières décennies. Des investissements supplémentaires dans les infrastructures hydrauliques, notamment dans le développement de l'hydro-agriculture (c'est-à-dire les barrages et les systèmes d'irrigation) peuvent contribuer à réduire l'impact des sécheresses sur les performances macroéconomiques.
Or, pour intensifier les efforts d’adaptation, il faudra augmenter considérablement les dépenses, et partant les financements. De ce fait, les pays ont besoin de davantage de soutien international pour financer l’adaptation, de préférence à des conditions concessionnelles, ainsi que de transferts de compétences et de technologies pour développer leur propre capacité à s’adapter aux changements climatiques. «Entre 2009 et 2019, les organisations bilatérales et multilatérales ont fourni à la région 70 milliards de dollars environ pour financer l’action climatique. Mais une grande partie de ces fonds a été consacrée à des mesures d’atténuation, et seulement un quart environ exclusivement à l’adaptation. Or on estime que les besoins d’adaptation sont beaucoup plus élevés», explique le FMI. Selon l’Institution, la COP27 qui se tiendra cette année en Égypte sera l’occasion pour la communauté internationale d’augmenter sa contribution au financement de la lutte contre le changement climatique et de soutenir l’adaptation dans les pays en développement.