Former des lauréats d’université compétitifs, responsables, autonomes, disposant de fortes capacités techniques, linguistiques et comportementales et capables de s’adapter aux mutations du marché de travail, tel est l’objectif que se fixe la réforme engagée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Un projet ambitieux et dont la réalisation ne sera pas une tâche aisée, compte tenu de la réalité des universités marocaines. En effet, selon les dernières statistiques fournies par le même département, les établissements d’enseignement public à accès ouvert connaissent le plus grand taux d’abandon au niveau du cycle licence qui atteint 49%. Comment Adellatif Miraoui compte-t-il donc s’y prendre pour faire du système d’enseignement supérieur marocain une machine huilée, productive et en phase avec les besoins de son environnement ?
Cycle licence
Pour le cycle licence par exemple, la nouvelle architecture pédagogique prévoit de mettre en place des modules disciplinaires en anglais, parallèlement à la deuxième langue étudiée. Dans ce sens, l’étudiant sera appelé à passer un test linguistique de positionnement obligatoire à l’entrée pour évaluer son niveau. Il devra ensuite valider le module de langue pour pouvoir décrocher son diplôme, car l’obtention d’une licence sera conditionnée par l’obtention d’un certificat de réussite de niveau B1 en langue étrangère choisie (l’anglais par exemple) et de niveau B2 dans la langue d’enseignement (le français).
Et pour familiariser le futur lauréat avec le marché de travail, ce dernier va devoir passer un stage professionnalisant obligatoire de trois mois qui sera comptabilisé comme un module au niveau de la troisième année. Les stages, qui seront élaborés en étroite collaboration avec les acteurs économiques, dans le cadre de partenariats, contribueront à augmenter les chances d’insertion professionnelle des étudiants et permettront à terme de former des profils pointus disposant de compétences numériques et linguistiques et capables de rivaliser avec les lauréats des grandes écoles et de s’adapter aux besoins du marché de l’emploi.Cycle master
S’agissant du cycle master, des nouveautés sont également prévues, notamment l’enseignement de certaines modules en langue étrangère en vue d’améliorer le niveau des étudiants. En effet, l’usage oral et écrit de la langue étrangère (notamment l’anglais) sera indispensable pour obtenir le diplôme. L’étudiant doit disposer d’un niveau poussé, à savoir C1 en anglais et un niveau C2 dans la langue d’enseignement. Il doit également décrocher un certificat en compétences digitales de niveau 2, notamment dans le domaine du webmarketing et cybersécurité, et devra disposer d’au moins un certificat dans les domaines suivants : l’aisance communicationnelle, la citoyenneté, la gestion du stress, les techniques de rédaction, la créativité ou encore le tutorat et l’action associative.
Cycle doctoral
Pour ce qui est du cycle doctoral, l’obtention de ce Graal passera par l’obtention du certificat du Dalf ou Toefl en langue étrangère ainsi qu’une certaine contribution à la recherche (alimentation de la base des L1 et L2 avec du contenu scientifique). Les doctorants doivent également attester avoir suivi des formations en coaching, en psychologie et en encadrement pédagogique.
Notons que pour pouvoir mener à bon port cette réforme, le ministre prévoit d’améliorer l’offre pédagogique. Cette dernière passera par le renforcement du taux d’encadrement des étudiants à travers l’augmentation du nombre des enseignants et la formation d’une nouvelle génération d’enseignants chercheurs (2.000 par an). Le ministre table également sur l’augmentation significative des mobilités internationales, lesquelles passeront de 1.500 à 15.000 bénéficiaires annuellement. Abdellatif Miraoui prévoit également d’offrir à tous les étudiants l’accès aux plateformes internationales de formation en langues : la langue d’enseignement plus l’anglais ou une autre langue étrangère si la langue d’enseignement est l’anglais. Il annonce son intention d’adopter aussi des méthodes pédagogiques innovantes comme le learning by projects, les classes inversées…, parallèlement à la conclusion de partenariats internationaux pour la formation des enseignants.