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Devoirs scolaires : Comment s’y prendre pour le bien de l’élève et des parents

Dès la reprise des cours, enfants et parents redoutent le retour du rituel des devoirs scolaires à faire à la maison. Une récente étude américaine attestant qu'aider son enfant à faire ses devoirs n'influence pas sa réussite. Une affirmation qui vient remettre en question certaines idées reçues et l’approche de certains parents, qui, pensant bien faire, pourraient commettre certains faux pas susceptibles d’impacter le parcours scolaire de leurs enfants. Comment s’y prendre alors pour que cet exercice soit plus adapté aux parents et efficace pour l’enfant ?

Devoirs scolaires : Comment s’y prendre pour le bien de l’élève et des parents
Le parent ne doit pas se positionner en tant que professeur, mais plutôt accompagner l’enfant.

Le mois de septembre est synonyme de reprise, surtout pour les parents qui doivent gérer la leur, mais aussi celle de leurs enfants qui reprennent le chemin de l'école. La rentrée marque le retour des devoirs en tout genre à la maison, obligeant les parents à endosser le rôle de professeur pour contribuer à la réussite de leur progéniture. Toutefois, l'aide parentale est loin d'être profitable aux enfants, c'est ce que vient nous apprendre une étude américaine publiée dans la revue «Journal of Research in Childhood Education». Le soutien apporté par les parents pour les devoirs à la maison n’influe pas sur la réussite scolaire, quelle que soit la catégorie socio-économique des familles ou le quotient intellectuel des parents, telle est la conclusion de l’étude. Contactée par «Le Matin», la psychologue et pédopsychiatre Houria Rhoulam partage cet avis tout en pointant du doigt les répercussions des devoirs : «Les parents ne sont pas censés intervenir dans l’apprentissage scolaire de leur enfant qui devrait terminer ses apprentissages en classe. Actuellement, les devoirs représentent une charge excessive pour l’enfant qui passe une grande partie de la journée dans l’établissement scolaire et qui n'a pas besoin de prolonger ses horaires avec d’autres activités scolaires. L’école devrait modérer, voire supprimer les devoirs pour que l’enfant puisse s’épanouir à la maison et développer d’autres compétences et activités qui contribuent à son développement personnel», explique-t-elle.

Le parent, professeur malgré lui
Les devoirs, une mission à laquelle les parents s'attellent, souvent après une longue journée de travail, et avec une méthodologie instaurée, quelques fois, à travers le prisme de leurs propres expériences. Au Maroc comme ailleurs, quelques réflexes récalcitrants d’une ère révolue s'immiscent encore dans l’approche de certains parents, qui font preuve de sévérité démesurée, au risque de créer un blocage chez l’enfant qui pourrait impacter, à court ou à long terme, son parcours scolaire et parfois même professionnel. «Certaines personnes font tout pour éviter de reproduire ce qu’elles ont vécu, tandis que d’autres estiment que la méthode à l’ancienne est l’unique issue. Il est important de rappeler qu’on ne peut pas forcer une personne à apprécier une matière. Toutefois, on peut être ferme tout en faisant preuve de pédagogie, sans pour autant être dans l’agressivité ou l’humiliation. On peut faire aimer à l’enfant certaines activités en adoptant une approche ludique et en restant ouvert au dialogue. Il ne faut pas omettre de prendre en considération les capacités qui diffèrent d’une personne à l’autre, sans oublier l’impact de l’enseignant qui est très important», précise notre interlocutrice.

La patience est mère de toutes les vertus, dit-on. Or, certains parents se retrouvent au pied du mur à la découverte, chaque soir, de l'ampleur de l’effort exigé, à l’instar de la maman de Fatim-Zohra : «Les devoirs à la maison, ça a toujours été un casse-tête pour moi. Avec beaucoup trop de tâches à gérer en même temps, je n’arrivais pas à faire le suivi avec ma fille âgée de 9 ans, qui elle aussi n'arrivait pas à faire ses devoirs seule ou à préparer en avance le cours du lendemain. Je trouve qu'il est absurde de donner un exercice qui ne peut pas être fait sans l’aide de son enseignant, car on y passe beaucoup de temps et ça ne sert à rien de s'énerver. Ce qui n'est pas forcément bénéfique ni pour l’enfant, ni pour les parents. C’est dommage de passer des heures à résoudre des équations sans avoir la moindre idée de la méthode de résolution du problème posé. Je pense qu’il est nécessaire de réfléchir aux moyens de fonctionner autrement pour que les choses avancent. En tant que parent, mon rôle est d’aider l’enfant àÌ€ gérer son stress et non à le subir».

Comment concilier accompagnement et autonomie ?
Manque de temps, fatigue, famille nombreuse, troubles de l'apprentissage… nombreux sont les facteurs qui peuvent rendre rude le moment des devoirs, souvent qualifiés de barbants par les enfants et de corvées par les parents. Néanmoins, il existe certaines solutions qui pourraient rendre ces moments moins pénibles pour les deux parties. D’ailleurs, l’étude américaine citée plus haut suggère tout de même que les parents doivent continuer à s’investir dans le parcours scolaire de leurs enfants, en les épaulant et sans les seconder. Même son de cloche chez la psychologue et pédopsychiatre Houria Rhoulam qui conseille : «Le parent ne doit pas se positionner en tant que professeur, mais plutôt accompagner l’enfant, lui donner les clés pour entreprendre ses devoirs sans être omniprésent tout au long de l’exercice. Le parent doit expliquer à l’enfant sa disponibilité en cas de besoin, cela permet de rassurer l’enfant qui saura faire preuve de plus d’autonomie et d’assurance. Il est également important de lui expliquer qu’il est normal de se tromper lors des corrections afin de ne pas alimenter un éventuel sentiment de peur qui pourrait faire perdre ses moyens à l’enfant. Le but des devoirs est d'évaluer les acquis des élèves afin de corriger leurs lacunes.

Il est donc primordial de ne pas répondre à leurs places». Une méthode qui semble porter ses fruits en ce qui concerne Sanae, mère de trois enfants. «Ma petite dernière, qui a fait son entrée au collège, a besoin de plus d’accompagnement par rapport à ses aînés. J’ai jugé judicieux de la laisser faire ses devoirs seule, avant de venir me voir pour les corriger. En cas d’incompréhension, je me permets de lui réexpliquer la leçon, à ma manière et en lui accordant le temps qu’il faut. J’ai repéré quelques astuces qui fonctionnent dans son cas, notamment les vidéos YouTube pour l'apprentissage par cœur du Coran. Recopier est tout aussi efficace pour mémoriser et permet par la même occasion de travailler son écriture. Toutefois, pour un apprentissage optimal de la langue arabe, j’ai été obligée de l’inscrire à des cours particuliers qui ont un certain coût», nous confie la maman.
Il va sans dire que les devoirs ne devraient pas non plus transformer le quotidien des enfants en une journée sans fin, car il est préférable d’accorder une pause, d’une heure minimum, à l’enfant à sa sortie de l’école pour qu’il puisse respirer et faire la transition vers un autre moment d’apprentissage, avant de passer à table et partager des moments chaleureux en famille, qui sont essentiels pour son équilibre et son épanouissement.
 

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