Le Chef du gouvernement, Aziz Akhennouch, a entamé, jeudi, le premier round du dialogue social avec les centrales syndicales les plus représentatives et avec le patronat (la Confédération générale des entreprises du Maroc-CGEM). Ces rencontres, qui ont eu lieu dans un cadre bilatéral, seront suivies par une réunion avec l’ensemble des partenaires sociaux autour de la même table, «probablement dans les dix prochains jours», nous confie le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, dont le syndicat a été le premier à être reçu, jeudi, par le Chef du gouvernement. Le même jour, Aziz Akhannouch a eu un échange avec l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). Les délégations de la Confédération démocratique du travail (CDT) et de la CGEM ont été reçues vendredi. C’est dans ce contexte favorable donc que les trois centrales syndicales les plus représentatives ont préparé, avant de s’asseoir avec le Chef du gouvernement, des mémorandums qui reprennent leurs doléances, mais surtout leur vision de ce que devrait être le dialogue social. Des doléances qui tournent autour de trois principaux axes.
Le premier insiste sur l’importance de l’institutionnalisation du dialogue social. La deuxième porte sur l’augmentation des salaires, compte tenu du contexte actuel marqué par la cherté de la vie et l’augmentation fulgurante des prix, notamment des produits de première nécessité, ainsi que du prix du carburant. Une augmentation qui doit toucher, selon eux, les salaires, le SMIG et le SMAG (qu’ils appellent, au passage, à unifier), tout en appelant à un régime fiscal plus profitable aux travailleurs. Le troisième axe concerne le respect des libertés syndicales et le renforcement du dialogue social sur le plan sectoriel, à l’instar des secteurs de la santé et de l’enseignement. En attendant la tenue des prochaines négociations, le Chef du gouvernement a d’ores et déjà répondu favorablement à certains points. Il s’agit, tout particulièrement, de l’appel insistant à l’institutionnalisation du dialogue social. Ce point figure en bonne place dans le communiqué de la primature publié à l’issue des réunions avec les partenaires sociaux (syndicats et patronat).
En effet, le Chef du gouvernement annonce, en ce qui concerne «l’approche méthodologique» du dialogue, qu’il a été convenu de mettre sur pied «une haute commission qui sera présidée par le Chef du gouvernement et comprenant les secrétaires généraux des syndicats les plus représentatifs et de la CGEM ainsi que les ministères concernés. Cette commission devra examiner les travaux des commissions spéciales. Ce à quoi s’ajoutent une commission tripartite ayant pour mission de remédier aux grands problèmes posés et une commission consacrée au secteur privé, présidée par le ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri. Une autre commission dédiée au secteur public sera présidée par la ministre déléguée auprès du Chef du gouvernement chargée de la Transition numérique et de la réforme administrative, Ghita Mezzour.
De même, une commission technique sera également chargée de traduire en accords les revendications exprimées», souligne le communiqué du Chef du gouvernement. Sur un autre volet, le gouvernement a annoncé sa disposition, dans le cadre du dossier social, à entreprendre, dans les prochains jours, des mesures concrètes visant à préserver le pouvoir d’achat des ménages à travers des aides directes aux secteurs productifs et la subvention des produits de base, ainsi qu’à travers le lancement de dialogues sectoriels. Le gouvernement s’engage également, «malgré les multiples contraintes et le contexte difficile», à se mettre d’accord avec les syndicats sur «des accords clairs dans des délais raisonnables». Par ailleurs, s’agissant de la législation sociale, les partenaires sociaux et le gouvernement se sont dits favorables à la relance des discussions concernant le projet de loi organique relative à l’exercice du droit de grève, le projet de loi sur les syndicats ainsi que la modification du Code du travail, le tout suivant un échéancier précis et dans le cadre d’une approche participative et concertée.
