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Dialogue social : voici les dossiers sur la table du gouvernement

Le premier round du dialogue social sous le gouvernement Akhannouch aura lieu les jeudi et vendredi 24 et 25 février. Si les discours prononcés lors du sixième Forum parlementaire sur la justice sociale plaident pour la nécessité d'insuffler une nouvelle dynamique à ce dialogue, les citoyens, eux, ont des demandes bien plus pressantes : des mesures concrètes pour améliorer leurs revenus et protéger leur pouvoir d'achat

Dialogue social : voici les dossiers sur la table du gouvernement

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, vient d'inviter les centrales syndicales et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) à un premier round de dialogue social. Dans ce cadre, une série de rencontres individuelles avec les syndicats est prévue jeudi 24 février et avec la CGEM, vendredi 25 février. Le compte du Chef du gouvernement sur Twitter indique que M. Akhannouch invite les centrales syndicales (sans toutefois y ajouter «les plus représentatives»), ce qui laisse penser que toutes les centrales sont concernées par cette première rencontre. La récente réunion que M. Akhannouch a eue avec les syndicats, consacrée à la sensibilisation au parachèvement du protocole vaccinal, conforte cette hypothèse, puisque tous les syndicats y ont participé : les plus représentatifs, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT), ainsi que les syndicats n’ayant pas atteint le seuil des 6% requis pour participer au dialogue social, soit l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), la Fédération démocratique du travail (FDT) et l’Organisation démocratique du travail (ODT).

Le dialogue social reprend donc enfin ses droits, mais dans un contexte très défavorable pour le gouvernement qui, en plus de la conjoncture de la pandémie de Covid, se trouve également aux prises avec une montée du prix du baril de pétrole, une flambée des prix de certains produits de base et une des plus sévères sécheresses que le Maroc ait jamais connues. Lundi 21 février, et à l'occasion de la sixième édition du Forum parlementaire sur la justice sociale, le Chef du gouvernement a souligné que l'objectif de cette première session consistera à délibérer sur les priorités sociales qui retiennent l'attention des représentants de la classe ouvrière au niveau des secteurs public et privé, ainsi que des représentants des hommes d'affaires, que ce soit à court, moyen ou long termes. M. Akhannouch a également souligné que cette session aura pour autre objectif d'engager une réflexion sérieuse et responsable sur les moyens d'institutionnaliser le dialogue social afin qu'il devienne plus exécutoire et régulier, et de convenir d'une charte nationale du dialogue social définissant les droits et les devoirs des différents acteurs, fixant les règles des structures et des institutions du dialogue, et réglementant les modalités de fonctionnement et de coopération entre les différents partenaires sociaux.

Cet appel à l'institutionnalisation du dialogue social fait écho à celui émis depuis bien longtemps par les syndicats, pour qui ce dialogue doit revêtir une dimension beaucoup plus affirmée que ces réunions qui se tiennent uniquement sur fond de pressions sociales et de grèves. Une source au sein de l'UGTM, la branche syndicale du Parti de l'Istiqlal, composante de la troïka gouvernementale, a salué cet appel du Chef du gouvernement à institutionnaliser le dialogue social, affirmant qu'il est temps de mettre en place une instance nationale chargée de ce dialogue. «Notre rencontre avec le Chef du gouvernement sera l'occasion de discuter des voies et moyens de conférer au dialogue social cette dimension institutionnelle», a indiqué cette source au «Matin». À la question de savoir si l'UGTM compte également mettre sur la table la question de l'augmentation des salaires et de la protection du pouvoir d'achat des citoyens, cette source, tout en concédant que la présente conjoncture est des plus complexes, a répondu qu'il y a déjà un accord qui a été signé dans ce sens en 2019 auquel il faudra donner suite, ajoutant que l'UGTM plaidera et contribuera activement aux réflexions sur les moyens d'améliorer les revenus des Marocains.

De son côté, l'UMT, et par la voix de son secrétaire général, Miloudi Moukharik, qui était l'invité de l'émission «l'Info en Face», avait signifié que lors de cette première réunion avec le Chef du gouvernement, la question de la hausse des prix des carburants serait bien abordée. Pour l'augmentation des salaires, M. Moukharik a une vision particulière : son syndicat compte proposer au Chef du gouvernement d'inciter les entreprises à négocier des augmentations par secteur afin que celles qui ont enregistré une croissance importante soient en mesure de conclure des accords dans ce sens avec les représentants syndicaux. Autrement dit, l'UMT ne prévoit pas de revendiquer une augmentation générale des salaires, mais appelle allusivement les entreprises des secteurs en bonne santé à faire un effort à l’adresse de leurs employés. Et le SG de l’UMT n’exclut pas que cette approche sectorielle puisse concerner même le secteur public. «Il est temps d’asseoir cette approche de conventions collectives sectorielles que le gouvernement peut même encourager en opérant des avantages fiscaux pour les entreprises qui les concrétisent», avait-il affirmé.

L’UMT compte également faire la proposition au Chef de gouvernement d’appliquer l’une des revendications historiques des syndicats et qui est «l’échelle mobile des salaires et des prix». «Il est inadmissible que les prix augmentent et que les salaires restent gelés. Nous allons demander de réactiver cette mesure», avait souligné M. Moukharik. La réactivation de cette mesure est l'une des principales revendications que la CDT entend également mettre sur la table. Le syndicat, qui a organisé des marches et des sit-in de protestation récemment à Casablanca et dans d'autres villes, entend bien se saisir de cette première rencontre avec le Chef du gouvernement pour remettre sur le tapis la question des augmentations salariales et la protection du pouvoir d’achat des Marocains, comme l’avait affirmé au «Matin» à maintes reprises son secrétaire général adjoint, Khalid Houir Alami. Il faut rappeler que la CDT n'a pas signé l'accord du 25 avril 2019 entre le gouvernement El Otmani et l'UMT, l'UGTM et l'UNMT, en plus de la CGEM, qui prévoyait une augmentation mensuelle des salaires, sur trois ans, de 400 ou 500 dirhams, pour les fonctionnaires à partir de mai 2019, ainsi qu'une augmentation du salaire minimum (SMIG) de 10% sur deux ans à partir de juillet 2019.

La centrale avait alors motivé son refus de signer en affirmant que le pacte social signé le 26 avril 2011 n'a pas été respecté, ajoutant également que de nombreux points importants devant figurer dans tout pacte social n'ont pas été retenus dans l'accord du 24 avril 2019. L’ODT, quant à elle, a également l'intention de porter la question de la revalorisation des salaires et de la préservation du pouvoir d'achat au menu des discussions avec le Chef du gouvernement. Son secrétaire général, Ali Lotfi, l'a affirmé au «Matin», faisant remarquer que le dialogue social, dans sa configuration actuelle tripartite, exclut de larges segments de la société, d'où la nécessité de créer un Conseil national pour le dialogue social, en plus d'une loi pour l'encadrer dans l'objectif de défendre les intérêts des personnes sans emploi, des retraités, des handicapés, etc. Voilà donc un premier round de dialogue social qui se tient dans un contexte social particulièrement éprouvant et qui ouvre le bal d'un processus de tractations a priori long. Du côté de la CGEM, le président de sa commission sociale, Hicham Zouanat, a promis de répondre à nos questions à l'issue de la rencontre prévue avec le Chef du gouvernement vendredi à 11 h 30.

 

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