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Droit de l'héritage : plus de 80% des Marocains refusent qu’on y touche

44% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude réalisée en 2020 sur le régime successoral au Maroc sont contre une révision des dispositions du droit successoral marocain. 36% y sont favorables, pour abroger notamment les termes discriminatoires envers les femmes, et 22% sont sans opinion. Les résultats de cette enquête, qui a porté sur un échantillon de 1.200 personnes et réalisée par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement et l’Organisation marocaine des droits humains, ont été dévoilés mardi dernier à Rabat.

Droit de l'héritage : plus de 80% des Marocains refusent qu’on y touche

Les résultats d’une enquête nationale sur le système successoral marocain, réalisée par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement (AFEMARD), ont été rendus publics mardi dernier. Menée en partenariat avec l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et le soutien de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung au cours de l’année 2020 sur un échantillon de 1.220 personnes issues du milieu rural et urbain, l’étude intitulée «Que pensent les Marocains et les Marocaines du système successoral marocain ?» a recueilli et analysé les avis des Marocains sur des règles bien précises relevant de l’héritage, notamment la règle de la double part pour le sexe masculin, la règle du «Taâsib» et la règle de la différence de culte. Il en ressort que 82% des personnes interrogées soutiennent la règle selon laquelle «un homme a une part équivalente à celles de deux femmes», ce qui confirme, selon les auteurs de cette étude, la position dominante dans la société marocaine et qui s’oppose à toute modification du système d’héritage. Plus surprenant encore selon l’étude, ce sont les femmes qui s’opposent le plus à la réforme du système successoral au Maroc. En effet, selon les statistiques dévoilées, 84,5% des femmes, contre 79,8% des hommes, déclarent que l’engagement d’un débat sur l’égalité des sexes n’est pas nécessaire, voire inutile.

Les auteurs de l’étude justifient la position des femmes interviewées refusant une réforme du système successoral par la «pression de la construction sociale des relations sociales». En effet, la socialisation primaire et secondaire qu’a reçue la femme en étant jeune fille a largement contribué à façonner sa mentalité d’adulte, laquelle mentalité ne considère pas la femme désormais comme égale à l’homme. Outre ce volet, l’étude indique que la position des femmes peut également être attribuée à la pression exercée par la religion et le refus d’engager un débat autour de règles citées clairement dans les textes coraniques. Ainsi et de manière plus globale, l’étude conclut à l’existence de deux positions générales en ce qui concerne la réforme des dispositions du Code de la famille relatives à l’héritage. La première position, qui est affichée par 44% des personnes interviewées, rejette toute modification de la Moudawana. Tandis que la deuxième, exprimée par 36% des interviewés, soutient l’idée d’un amendement des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes en matière d’héritage, sachant que 20% des questionnés n’ont pas exprimé leur opinion.

Les partisans de la réforme du Code de la famille justifient leur position par la nécessité de respecter les exigences de la Constitution de 2011, les engagements du Maroc envers la communauté internationale et la nouvelle réalité dictée par le changement du rôle de la femme qui représente parfois le seul soutien financier de la famille. Enfin, l’enquête a dévoilé que 52% des personnes interrogées ont exprimé leur soutien à l’interdiction de l’héritage entre un musulman et une non-musulmane, sachant que 87,4% des interviewés ont justifié leur position par des raisons religieuses.

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