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Eau potable et irrigation : Akhannouch détaille la mise à jour du PNAEPI

La situation de stress hydrique ne peut être géré à court terme que par une rationalisation de la consommation d'eau parallèlement avec le déploiement de mesures urgentes et l'engagement de budgets conséquents alloués aux efforts de gestion des ressources en eau. «Le gouvernement a prévu dans le budget général de 2023 une enveloppe de 10,6 milliards de dirhams, un montant en hausse de 5 milliards de dirhams par rapport à 2022», a souligné le Chef de l’Exécutif qui s’exprimait ce lundi devant les parlementaires.

Eau potable et irrigation : Akhannouch détaille la mise à jour du PNAEPI

Après avoir augmenté les fonds alloués au programme national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation (PNAEPI) 2020-2027 de 115 à 150 milliards de dirhams, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch a livré les détails de la mise à jour de ce programme, lors de la séance plénière consacrée aux questions orales autour de la politique de gestion des ressources hydriques à la Chambre des représentants.

Le responsable a indiqué que les investissements prévus dans le cadre de ce programme seront revus à la hausse, passant de 115 à 150 milliards de DH. L'objectif étant de rattraper les retards enregistrés dans certains projets et l'avancement d'autres, à l'image de la deuxième tranche de la station de dessalement de l'eau de mer à Agadir. "La deuxième tranche de la station de dessalement de l'eau de mer à Agadir, prévue initialement à l'horizon de 2025-2030, a été avancé à 2025. D'autres projets de dessalement de l'eau de mer verront le jour également à Casablanca, Nador, Safi, Dakhla, El Jadida, Marrakech, Essaouira, Guelmim, Tan-Tan et Tiznit", a-t-il assuré. Et de noter que les recommandations approuvées dernièrement par le comité de pilotage de ce programme seront soumises pour approbation Royale.

Le temps de construction des barrages revue à la baisse 

Par ailleurs, Aziz Akhannouch a précisé que la programmation des barrages sera revue avec l'intégration de nouveaux barrages et le raccourcissement de temps de réalisation des barrages programmés. "Le gouvernement planche sur le développement des ressources hydriques à travers le renforcement de la politique des barrages. Le département en charge de l'Eau a tenu des réunions avec les sociétés chargés de la réalisation de ces ouvrages pour le raccourcissement du temps de réalisation des barrages programmés de près de moitié. Actuellement, les travaux se poursuivent pour la réalisation de 20 grands barrages avec une capacité de stockage de 6,4 milliards de m3 à un coût global de près de 31 milliards de DH. Trois barrages sont en cours d'achèvement à Tiddas à Khénifra, à Todgha à Tinghir et Agdez à Zagora et les travaux de trois autres sont en cours de lancement à Taghzirt à Béni Mellal, à Tamri à Agadir-Ida-ou-Tanane et à Oued Lakhdar à Azilal. Deux appels d'offres ont été également lancés pour achever les travaux de deux grands barrages à Larache et à Sefrou pour un coût estimé à 2 milliards de DH", a-t-il déclaré.

S'agissant des petits barrages, le chef de gouvernement a annoncé que les travaux ont été achevés au niveau de deux ouvrages à Tiznit et à Taourirt, tandis que d'autres sont en cours de réalisation à Figuig, Nador, Tata, Errachidia, Benslimane et Chefchaouen. Dans ce contexte, une convention cadre et de partenariat a été signée pour la construction de 129 petits barrages et barrages collinaires entre 2022 et 2024, avec une enveloppe budgétaire de 100 millions de DH par an pour améliorer la connaissance et l'exploration des ressources en eaux souterraines. D'autres projets de collecte des eaux pluviales ont été réalisés à Taroudant, Tiznit, Zagora et Chefchaouen, tandis que de nouveaux seront lancés à Sidi Ifni, Smara, Chichaoua et Khouribga, a-t-il ajouté. 

L'approvisionnement en eau potable pour Zagora assuré à partir du barrage d'Agdz

En ce qui concerne la région de Drâa-Tafilalet, M. Akhannouch a indiqué que la réalisation de forages d'exploration a permis de mobiliser des ressources souterraines supplémentaires, alors qu'a débuté l'exploitation du barrage Hassan Ad-Dakhel pour soutenir l'approvisionnement en eau potable pour l'axe Drâa-Tafilalet. Pour la région de Zagora, un approvisionnement suffisant en eau potable lui sera bientôt assuré grâce au barrage d'Agdz dont le début d’exploitation est prévu dans un proche avenir.

Les villes de Nador, Berkane et Saïdia alimentées en eau potable à partir des stations de pompage d'Ouled Stout et Moulay Ali

Au niveau du bassin de la Moulouya, et pour alimenter Nador, Driouch, Ras El Ma, Berkane et Saïdia en eau potable, M. Akhannouch a souligné que l’on a commencé à cet effet l'exploitation des eaux des stations de pompage d'Ouled Stout et de Moulay Ali, outre la réalisation de deux canaux d'adduction d’eau potable à partir du barrage de Machraa Hammadi. Par ailleurs, un programme pour la réalisation de 11 petits barrages et barrages collinaires a été élaboré au niveau de ce bassin, en plus de l'acquisition d'unités mobiles de dessalement des eaux salines souterraines et la programmation d’une station de dessalement pour l’Oriental, qui sera implémentée à Nador.

Le raccordement des bassins hydriques du Nord et du Sud à l'étude  

Le responsable a également soulevé l'importance du raccordement entre les bassins du Nord du Royaume à ceux du Sud. "La moitié des ressources hydriques en surface dans les bassins Nord-Ouest du Royaume, dont la surface ne dépasse pas 7% du territoire national. Les études pour le raccordement des systèmes des bassins hydriques sont en cours de réalisation en tenant compte des actualités liées à la demande et des effets des changements climatiques. A cet effet, un projet de raccordement du barrage Garde au niveau du bassin de Sebou au barrage de Sidi Abdellah au niveau du bassin de Bouregreg avec un débit de 15m3/s, d'un coût de 16 milliards de DH, a été programmé en urgence", a-t-il affirmé.

Raccordement achevé des réseaux d'eau potable du nord et du sud de Casablanca

Au niveau du bassin d'Oum Er-Rabie, le raccordement des réseaux d'eau potable du nord et du sud de Casablanca a été réalisé, a indiqué M. Akhannouch. De même, a-t-il poursuivi, l'installation de barrages flottants a permis de commencer l'exploitation des parties inférieures de la retenue du barrage Al Massira. Par ailleurs, et concernant la future station de dessalement de Casablanca, le Chef du gouvernement a indiqué qu'un appel à manifestation d'intérêt a été lancé pour sa réalisation dans le cadre d'un partenariat public-privé et que la date limite de réception des offres a été fixée pour la fin de ce mois de décembre. Concernant la station de dessalement de Safi, M. Akhannouch a fait savoir que son exécution a été accélérée. Ces deux stations, note-t-il, produiront 30 millions de mètres cubes d'eau potable, dont 10 millions de mètres cubes avant la fin de 2023. Pour la ville d'El Jadida, son approvisionnement en eau potable sera assuré à partir de la station de dessalement du Groupe OCP à Jorf Lasfar.

L'usage des eaux non conventionnelles se renforce

Le chef de l'Exécutif a, en outre, souligné la nécessité de l'utilisation des eaux non conventionnelles pour faire face aux changements climatiques, surtout que le Royaume dispose de potentialités importantes dans ce domaine. "Il est nécessaire de valoriser et d'exploiter les eaux non conventionnelles, surtout que le Royaume dispose de deux façades maritimes sur près de 3.500 km. Ainsi, à l'instar de la station de dessalement de l'eau de mer à Chtouka-Aït-Baha dans la région de Souss-Massa, qui permet une production maximale de 400.000 m3/jour d'eau dessalée, le gouvernement légifère actuellement sur la poursuite des études pour la réalisation de la station de Casablanca-Settat, d'une capacité de production de 300 millions de m3 par an, dans le cadre d'un partenariat public privé (PPP), qui permettra d'approvisionner en eau les habitants de cette région d'alléger la pression sur les barrages d'Oum Er-Rbia et Bouregreg", a-t-il expliqué. 

Concernant l'utilisation des eaux usées, Aziz Akhannouch a relevé que cette solution constitue une option décisive pour faire face au stress hydrique, ce qui va permettre de réduire la pollution des nappes phréatiques. Dans ce sens, il a indiqué que le gouvernement a élaboré un protocole d'accord pour la réalisation de 8 projets de réutilisation des eaux usées traitées qui permettront d'économiser 12 millions de m3 par an d'un coût de 450 millions de DH. Ces projets seront réalisés à Kelaat Sraghna, Oujda, Rabat, Laâyoune, Chtouka-Aït-Baha, Al Hoceima, Salé, Skhirate, Témara, Benslimane et Errachidia. D'autres projets d'assainissement liquide sont également en cours de réalisation dans le cadre du Programme National d'assainissement liquide et d'épuration des eaux usées.

10,6 milliards de dirhams au budget général 2023 pour le secteur de l'eau

Pour faire face au fort stress hydrique auquel est confronté le Royaume, le gouvernement a prévu dans le budget général de 2023 une enveloppe de 10,6 milliards de dirhams, un montant en hausse de 5 milliards de dirhams par rapport à 2022, pour répondre à cette situation. Le gouvernement a également pris, toujours d’après M. Akhannouch, une batterie de mesures urgentes, en accordant la priorité à l'approvisionnement en eau potable, notamment dans les bassins de la Moulouya, d'Oum Er-Rbia et de Tensift. Le gouvernement a également mis au point un programme d'urgence doté de 3 milliards de dirhams portant sur l'ensemble des bassins hydrauliques touchés par un recul de leurs réserves en eau, outre la signature de plusieurs conventions au coût total de 2,335 milliards de dirhams entre tous les intervenants pour surmonter le déficit en eau au niveau des bassins d'Oum Er-Rabia, Moulouya, Tensift et Drâa-Tafilalet, a fait savoir également le Chef du gouvernement.

Amélioration du Plan national de l'Eau 2020-2050

Le chef du gouvernement a tenu à souligner, dans son exposé, l'importance de l'implication des différentes parties prenantes pour l'amélioration du contenu du Plan national de l'Eau 2020-2050, sur la base des Hautes Orientations Royales et des recommandations du Nouveau Modèle de Développement. "Il est important d'intégrer les mécanismes de gouvernance, de suivi et d'évaluation nécessaires pour garantir l'efficacité du Plan national de l'Eau 2020-2050 avec un coût global estimé à 383 milliards de DH sur les 30 prochaines années, dont une grande partie sera financée par le budget de l'Etat. Il est prévu que ce Plan contribue à la mobilisation de 4,5 milliards de m3 supplémentaires d'eau à l'horizon 2050, en mettant en œuvre des projets de liaison des bassins pour assurer une gestion souple des ressources en eau, en collectant les eaux pluviales et en complétant avec les petits barrages et les lacs collinaires", a-t-il déclaré. Ceci, en accompagnant le développement territorial avec le développement du dessalement de l'eau de mer avec une capacité de production pouvant atteindre un milliard de mètres cubes par an, la réutilisation de 340 millions de mètres cubes par an d'eaux usées traitées et la réduction du taux d'envasement des barrages de 10 à 20% grâce à la préparation des bassins d’eau.

"En adoptant cette vision stratégique, notre pays cherche à atteindre une gestion optimale de la demande en eau et sa valorisation afin d'économiser 2,5 milliards de mètres cubes en reliant les systèmes d'eau, et en améliorant l'efficacité des réseaux de distribution d'eau potable (80% en 2030 et 85% à partir de 2040), en plus de poursuivre le programme d'économie d'eau d'irrigation, pour atteindre 70% des superficies irriguées, et de renforcer les équipements hydro-agricoles modernes pour les zones liées aux barrages, sans oublier l'élaboration d'un programme de collecte et de valorisation des eaux pluviales. Cette vision vise également à préserver les eaux souterraines, à établir une mesure participative et durable dans un cadre contractuel, à réduire l'exploitation des eaux souterraines de 50% d'ici 2030, et atteindre l'équilibre d'ici 2050, en plus de renforcer les mécanismes de contrôle et de prévention des inondations, et de développer un programme préparer les cours d'eau des vallées ; tout ceci nécessitant une mobilisation mondiale pour un nouveau paradigme de production et de consommation durable des ressources en eau", a-t-il conclu.

Lire aussi : Stress hydrique : Aziz Akhannouch tire la sonnette d'alarme au Parlement

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