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Économies inclusives et plus résilientes : pourquoi il faut révolutionner les politiques publiques

La Conférence de l’«IMF Economic Review» se tient pour la 1re fois en Afrique. Et c’est à Rabat que cet événement de deux jours a démarré ce jeudi. La rencontre a pour objectif de poursuivre les discussions autour de l'accélération de la reprise économique et d’assoir les fondements d’économies durables, inclusives et plus résilientes face aux crises. Elle constitue également une étape supplémentaire dans le processus de préparation des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, programmées pour octobre 2023 à Marrakech.

Économies inclusives et plus résilientes : pourquoi il faut révolutionner les politiques publiques

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale continuent de baliser le terrain pour leurs Assemblées annuelles prévues à Marrakech en octobre 2023. Et l'«IMF Economic Review Conference», organisée sur deux jours à Rabat autour du thème «Transformational Recovery : Seizing Opportunities from the Crisis», est un nouveau pas dans la préparation de cet événement.
La conférence qui a démarré hier, «et qui se tient pour la première fois sur notre continent, est le fruit d’une collaboration fructueuse avec le FMI et IMF Economic Review», a souligné Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, dans son mot introductif.
Initialement programmée pour juin 2020, dans le cadre des préparatifs aux assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, prévues pour octobre 2023 à Marrakech, cette conférence a finalement eu lieu avec deux ans de retard, en raison notamment de la pandémie.

Des effets géostratégiques considérables sur l'économie mondiale

Lors de son intervention, Abdellatif Jouahri a rappelé que malgré des mesures budgétaires et monétaires d’une ampleur exceptionnelle, la pandémie a plongé l’économie mondiale dans une récession, la plus profonde depuis la 2e Guerre mondiale. À tel point qu’en avril dernier, le FMI a évalué les pertes cumulées en termes de PIB par rapport à la tendance pré-pandémie à 13,8 trillions de dollars à l’horizon 2024. Et le conflit en Ukraine est venu assombrir davantage les perspectives de l’économie mondiale.
Le constat est partagé par Gita Gopinath, Premier Directeur général adjoint du FMI : «alors que l’économie mondiale commençait à peine à redresser de la pandémie, voilà qu’elle subit les effets de nouvelles perturbations telles que le conflit entre la Russie et l’Ukraine», a-t-elle rappelé. Et d’ajouter que «le plus grand impact est enregistré en Ukraine. Mais nous remarquons une croissance mondiale plus faible. Et globalement, cette croissance sera inférieure aux attentes, l’inflation mondiale, elle, sera supérieure aux prévisions. La pauvreté et les inégalités augmentent également».

Le FMI prêt à accompagner le Maroc pour consolider ses réalisations

Jihad Azour, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, abonde dans le même sens. «Juste au moment où nous commencions à sortir de la pandémie, la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont donné un coup de frein à la reprise économique mondiale. Le commerce et les chaines d’approvisionnement ont ainsi été de nouveau perturbés», a-t-il précisé. La solution, selon Azour, c’est «un effort ambitieux pour changer la structure des économies de la région MENA de telle sorte que la reprise se produise en même temps que nous construisons les bases d’une économie durable, résiliente et inclusive». Dans ce cadre, précise Azour, «nous sommes prêts à accompagner le Maroc pour capitaliser sur ses réalisations de la dernière décennie».
Des changements aussi profonds pourraient, en effet, anticiper et atténuer les effets des crises futures. Car le risque d’un nouveau choc plane encore sur l’économie mondiale. En effet, «si cette guerre (Russe-Ukraine, ndlr) venait à perdurer, ce qui semble être le cas jusqu’à présent, le monde ne serait pas à l’abri d’une crise alimentaire mondiale, sachant d’ores et déjà, selon les dernières évaluations de la Banque mondiale, qu’entre 75 millions et 95 millions de personnes additionnelles vivent dans l’extrême pauvreté en 2022 comparativement aux projections pré-pandémie», indique Jouahri.

Définir les contours d'un véritable changement de paradigmes

Et c’est justement pour mieux se préparer à des situations de crise et de conjonctures difficiles que des rencontres comme celle-ci «revêtent toute leur importance», précise le wali de Bank Al-Maghrib. Une réflexion profonde est nécessaire pour définir les contours d’un véritable changement de paradigmes qui s’impose en matière d’élaboration et de mise en œuvre de la politique publique. «Le but de cette conférence est clair : elle doit nous aider à mieux comprendre le monde de demain, et ce faisant, nous aider à naviguer dans le monde d’aujourd’hui», a déclaré, pour sa part, Pierre-Olivier Gourincha, Conseiller économique et directeur de la recherche au FMI.

Montée du souverainisme économique

C’est donc tout l’ordre mondial qui est en train d’être refaçonne au gré des intérêts économiques et géopolitiques, souligne Jouahri, qui met l'accent sur les mutations profondes comme la digitalisation, la montée du souverainisme économique, la remise en cause du multilatéralisme et des exigences en matière de lutte contre le changement climatique.
«Au-delà de simples ajustements des choix et des politiques, ce sont bien leurs fondements qu’il faudrait requestionner à l’instar de ce qui a été fait au lendemain de la crise internationale de 2008 quand nous avons assisté à des remises en cause de la théorie macroéconomique, des modèles de prévisions qui en sont basés, de nos systèmes de régulations, de nos dispositifs statistiques...», martèle le patron de la Banque centrale. Pour lui, la problématique d'aujourd'hui est «bien différente de celle pour laquelle nous avions opté avant la pandémie et qui était centrée sur l’intégration économique et la croissance».

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