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Écosystème créatif : l’Unesco appelle à une meilleure diversité culturelle et à la protection des créateurs

Le rapport mondial de l'Unesco «Re/penser les politiques en faveur de la créativité» a été préparé par une équipe d’experts du monde entier. Il aborde la gouvernance des secteurs culturels et créatifs et les effets de la crise Covid-19 sur l'écosystème créatif.

Écosystème créatif : l’Unesco appelle à une meilleure diversité culturelle et à la protection des créateurs
Le rapport mondial de l'Unesco a pris en compte 94 rapports nationaux soumis par des pays qui ont ratifié la convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Alors que l’intérêt pour la culture augmente en temps de crise, les artistes et professionnels de ce secteur souffrent d’une importante régression des conditions et opportunités de travail. La troisième édition du rapport de l’Unesco «Re/penser les politiques en faveur de la créativité», publiée le 8 février, révèle que la pandémie, à elle seule, a causé en 2020 la perte de 10 millions d’emplois dans les industries créatives. L’Unesco estime que cette même année, la valeur ajoutée brute mondiale dans les industries culturelles et créatives a reculé de 750 milliards de dollars. Dans certains pays, les revenus des industries culturelles et créatives ont diminué de 20 à 40%.

«Un paradoxe fondamental est apparu : la consommation mondiale de contenus culturels des individus et leur dépendance à leur égard ont augmenté, alors que, dans le même temps, ceux qui produisent les arts et la culture ont de plus en plus de mal à travailler», a souligné Ernesto Ottone R., sous-directeur général pour la culture de l’Unesco.

Pour une meilleure protection

Ce troisième rapport de suivi sur la convention de 2005 de l’Unesco indique que les investissements publics dans la culture ont diminué pendant la dernière décennie et que les métiers créatifs restent précaires et insuffisamment réglementés. Ceci se répercute sur la diversité des expressions culturelles dans le monde, «un élément structurant pour la cohésion sociale et la paix entre les peuples». Cette situation limite la capacité du secteur culturel, qui représente 3,1% du PIB mondial et 6,2% des emplois dans le monde, à stimuler une croissance économique durable dans les pays en développement. Face à ce constat, l'Unesco appelle les États à «repenser leurs politiques afin qu'à l'avenir, les créateurs soient mieux protégés.» Le rapport incite les gouvernements à assurer aux artistes et aux professionnels de la culture une protection économique et sociale similaire à celle dont bénéficient déjà les personnes travaillant dans de nombreux autres secteurs. Il propose, par exemple de meilleurs régimes de retraite et d’indemnités de maladie pour les travailleurs indépendants. Rappelons que l’étude «Quelles transformations pour les ICC au Maroc : focus sur 4 filières, l’édition, le spectacle vivant, l’audiovisuel et la musique», réalisée récemment au Maroc, a également recommandé un accompagnement pour la mise en œuvre du Chantier Royal relatif à la généralisation de la protection sociale au profit des artistes et professionnels de la culture. Le rapport de l’Unesco propose l'instauration d'un salaire minimum dans l’emploi culturel. De même, s’il reconnaît que le passage accéléré du contenu culturel et des spectacles vers les plateformes numériques offre de nouvelles possibilités, ce rapport souligne l’urgente nécessité de concevoir des systèmes de rémunération plus équitables pour les artistes dont le contenu consommé est en ligne.

Disparités

Le rapport de l’Unesco rappelle les «importantes» disparités entre les pays en développement et les pays développés. «Ces derniers figurant en tête des échanges de biens et services culturels et représentant 95% du total des exportations de services culturels». Il attire aussi l’attention sur les inégalités dans le monde en termes de liberté de circulation en raison de la distribution inégale des financements et de réglementations en matière de visas particulièrement contraignantes. «Ces quatre dernières années, aucune mesure de traitement préférentiel à l'intention des artistes et des autres professionnels de la culture des pays en développement n'a été mise en œuvre, à l'exception de quelques initiatives ayant eu des effets positifs, mais collatéraux et involontaires. Par conséquent, la capacité des professionnels de la culture de ces pays à accéder aux marchés des pays développés reste extrêmement faible». Dans ce cadre, le rapport a rappelé l’alerte lancée par la professionnelle de la culture marocaine basée à Casablanca, Maria Daïf, concernant les rejets de visas ou la délivrance de visas extrêmement courts. Selon l’Unesco, il est important de parvenir à un échange équilibré des biens et services culturels et accroître la mobilité des artistes et des professionnels de la culture pour assurer l’ouverture aux autres cultures du monde. «Parmi les autres problèmes rencontrés par les artistes, on peut citer les restrictions de sécurité imposées par les compagnies aériennes (qui ont accru la difficulté de transporter des instruments de musique et des équipements) et les réglementations nationales en matière de finance, de sécurité ou de voyage, comme les limites de retrait d’espèces qui existent en Libye, au Maroc et en Tunisie», indique le rapport. Néanmoins, le rapport égaie l’image en rappelant le rôle des organisations de la société civile pour encourager la mobilité transnationale dans le secteur culturel. Au Maroc, il donne l’exemple de la plateforme de rencontre des musiciens d’Afrique et du Moyen-Orient établie à Rabat : «Visa For Music».

De même, il note le début d’une transformation en matière de mobilité avec la pandémie de la Covid-19. «Bien que la hausse des coûts et les certificats sanitaires créent des barrières d'accès supplémentaires, il y a de nouvelles opportunités de ré-imaginer la mobilité d'une manière plus accessible sous forme numérique, plus durable et plus écologique».

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Inégalités des genres

Autre inégalité notée par le rapport de l’Unesco est celle des genres. «Bien que la culture et le divertissement constituent des secteurs d’emploi majeurs pour les femmes (48,1%), l’égalité des genres demeure une perspective lointaine. Sur le continent africain, l’égalité des genres dans le cinéma par exemple constitue l’un des plus grands défis. Dans les régions d’Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest, on estime que la part des femmes dans l’industrie du cinéma est inférieure à 10%. Néanmoins, plusieurs pays arabophones et anglophones, notamment l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc, le Nigeria, le Rwanda, la Tunisie et le Zimbabwe, ont montré une dynamique encourageante, avec au moins 30% de professionnelles derrière et devant la caméra. En général, la plupart des postes techniques restent pourtant occupés par des hommes», indique le rapport.

 

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