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Education : pas de sursaut attendu pour le Maroc dans le classement PISA 2022

Face aux constats désastreux de l’enquête PISA 2018 sur la qualité des apprentissages au Maroc, le ministère de l'Éducation nationale se dit conscient des lacunes du système pédagogique, mais soulève toutefois des réserves par rapport à certaines conclusions. Le système des évaluations, l’égalité des chances et le niveau des enseignants sont des chantiers sur lesquels le Maroc est en train de travailler. Mais il ne faut pas crier victoire tout de suite, PISA 2022 qui sera lancé en avril prochain ne sera pas meilleur et va surtout renseigner sur les pertes des apprentissages à cause de la pandémie.

Education : pas de sursaut attendu pour le Maroc dans le classement PISA 2022
Concernant le niveau de compétences, le rapport note que les filles font mieux que les garçons en compréhension écrite et en sciences.

Renseigner sur la situation de la qualité des apprentissages, permettre un accès équitable à l’éducation et mettre l’élève au centre de toutes les politiques publiques d’éducation. Ce sont là quelques principes sur lesquels l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (INE-CSEFRS) a axé son rapport national sur les performances des élèves marocains à partir des données de l’enquête PISA 2018 (Programme for International Student Assessment). Un programme auquel le Maroc participait pour la première fois pour permettre d’évaluer les compétences des élèves de 15 ans, en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences.

La deuxième participation du Royaume est prévue dans le cadre de l’enquête 2022 qui se déroulera en avril et mai de cette année. Le Maroc devra améliorer ses résultats puisqu’en 2018 il a été classé dans les derniers rangs du classement PISA en matière de performances à l’écrit, en mathématiques et en science. Un espoir qui reste limité si l’on croit Fouad Chafiqi, inspecteur général des affaires pédagogiques au ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports.

«L’enquête 2022 ne va pas apporter de belles surprises, elle va surtout nous renseigner sur les pertes des apprentissages à cause de la pandémie», a-t-il lancé. Toutefois, le responsable reste convaincu que ce genre de rapport permet de redresser les politiques en place et corriger les failles pour gagner en qualité. Première grande recommandation de ce rapport est d’engager davantage d'actions en faveur de l’égalité des chances en milieu scolaire. Selon la chef de projet à l’INE-CSEFRS, Amina Benbiga, il est nécessaire de promouvoir une égalité des chances en termes d’apprentissage au Maroc, quelle que soit la situation sociale ou territoriale des élèves. Et d’insister sur l’obligation de la scolarisation des enfants, au moins jusqu’à l’âge obligatoire. Toujours en relation avec la situation socio-économique, 13% des élèves réussissent à avoir de bons résultats bien qu’ils appartiennent à une catégorie défavorable, a souligné la chef de projet, expliquant que les élèves marocains résilients prennent plus de plaisir à lire, sont beaucoup plus motivés à travailler et sont plus nombreux à vouloir achever leurs études supérieures.

Concernant le niveau de compétences, le rapport note que les filles font mieux que les garçons en compréhension écrite et en sciences, alors qu’en mathématiques, les filles et les garçons ont le même niveau de performance. Toutes ces performances restent en général bien en deçà de la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Une remarque qui amène M. Chafiqi à évoquer la question relative à la manière avec laquelle les élèves sont évalués, car, selon lui, les examens conditionnent les apprentissages. L’enquête a identifié également un taux de 49% des élèves marocains qui ont redoublé au moins une fois durant leur cursus scolaire, sachant que ceux-ci ont un niveau de compétences généralement inférieur à celui des non-redoublants. Un taux que l’inspecteur général des affaires pédagogiques au ministère de l’Éducation nationale confirme qu’il a baissé. «Il y a trois ou quatre ans, on avait 90.000 élèves de la première année qui ont redoublé, aujourd’hui, nous sommes à 69.000», note le responsable. «Une petite amélioration, mais qui reste insuffisante.

La non-inclusivité du système marquée par les faibles acquis des compétences se manifeste essentiellement par le redoublement», résume le responsable. Les standards posés par le rapport PISA en matière de classement des compétences des élèves en lecture, mathématiques et sciences, et qui ont valu au Maroc d’être absent du podium, ont également été remis en question par le représentant du ministère de l'Éducation nationale. «Je trouve personnellement qu’un élève de fin de collège peut théoriquement arriver au niveau 6, mais je constate que dans le rapport, le Maroc est absent», s’étonne le responsable qui annonce à cet égard un programme du ministère qui sera mis en place en cette année et qui consiste à préparer la refonte des programmes du secondaire après avoir finalisé ceux du primaire.

Un autre indicateur inquiétant, et non des moindres, et celui des projections de ces élèves dans les études supérieures. «Seuls 52% des élèves comptent poursuivre leurs études au-delà du baccalauréat ou des études professionnelles, dont 61% de non-redoublants, 63% d’élèves “avantagés”, 66% d’élèves en enseignement privé et 54% d'élèves vivant en milieu rural», a noté Mme Benbiga. Du côté des enseignants, le rapport conclut qu’ils ne sont pas assez qualifiés au regard du niveau d’années d’éducation, de formation au métier d’enseignants et du développement professionnel. «Lorsqu’on forme 15.000 enseignants par an, il faut leur assurer un encadrement par des formateurs expérimentés. C’est en grande partie ce que prévoit la feuille de route du ministère que ce soit au niveau de la formation professionnelle ou le développement professionnel», rassure M. Chafiqi. Le développement professionnel est justement, selon le responsable, ce qui donne des enseignants qualifiés dans le secteur privé par rapport au public qui fait face à la problématique de la masse.

Pour réaliser ce rapport, l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a bénéficié du soutien du programme Millenium Challenge Account – Morocco Agency et de l’appui des experts de l’OCDE.

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