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Enseignement supérieur : les fonctionnaires titulaires d’un doctorat, finie la formule de transferts des postes budgétaires

Bientôt, les fonctionnaires titulaires d’un doctorat n’auront plus la possibilité de faire carrière en tant qu’enseignants dans le cadre de la formule de transferts de postes budgétaires instaurée en 2011 pour combler le déficit des professeurs. C’est l’une des pistes explorées par Abdellatif Miraoui pour améliorer la qualité de l’encadrement dans les universités. Visiblement, les syndicats n’y trouvent pas à redire, mais ne risque-t-on pas de manquer à nouveau d’enseignants si cette mesure est appliquée sans transition ?

Enseignement supérieur : les fonctionnaires titulaires d’un doctorat, finie la formule de transferts des postes budgétaires

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdellatif Miraoui, a déclaré dans une sortie médiatique récente qu'il était temps de rompre avec l'expérience consistant à transférer les postes budgétaires des fonctionnaires titulaires de doctorats vers les universités pour qu'ils puissent y exercer en tant qu'enseignants. M. Miraoui, qui était l'invité de l'émission «Confidences de presse», sur la chaine 2M, a indiqué que 4.000 des 15.000 enseignants universitaires qui officient actuellement dans les universités marocaines étaient des fonctionnaires. Il a poursuivi en disant que «nous devons maintenant passer à une époque de doctorat d'un nouveau type. Un doctorat à dimension internationale dont le titulaire maîtrise plusieurs langues et jouit d’atouts reconnus à l'échelle internationale.

Le docteur aura à passer au moins un an à l'étranger dans le cadre d'une cotutelle ou codirection de thèse au cours des trois années de son doctorat. L'objectif est de former, dans les cinq à dix prochaines années, une nouvelle génération de docteurs et d'enseignants offrant les mêmes aptitudes que ceux qui prendront leur retraite bientôt». Et d’ajouter : «Aujourd'hui, les universités marocaines ont besoin de 800 à 1.000 nouveaux postes, sans compter les besoins des universités privées. Je pense donc que l'arrivée de 2.000 nouveaux docteurs, sur le marché du travail, nous permettra de répondre aux besoins actuels». Cet enchaînement de propos tenus par le ministre est pour le moins déroutant. Ainsi, d'aucuns ont interprété sa déclaration comme une volonté de barrer la voie de l'enseignement universitaire aux fonctionnaires titulaires d'un doctorat. De plus, le ministre a passé sous silence un point crucial, à savoir si les nouveaux postes budgétaires alloués aux universités sont en mesure de répondre à leurs besoins de recrutement (d'enseignants et d'autres personnels) et, partant, renoncer à cette option de transfert de postes budgétaires.

Pour élucider ce point, le secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESUP), Jamal Sabani, a indiqué au «Matin» qu'il ne s'agit pas d'interdire aux fonctionnaires titulaires d'un doctorat d'enseigner dans les universités, mais qu'il s'agit simplement de mettre fin à ce mode de transfert de postes budgétaires. «Cette option avait l'inconvénient d'exclure les titulaires de doctorats non fonctionnaires des concours de recrutement des professeurs de l’enseignement supérieur, ceux-ci n'étant ouverts qu'aux fonctionnaires. Ces concours doivent être ouverts à tous et le recrutement doit donc se faire sur la base de postes budgétaires nouvellement créés», précise M. Sabani. Le SG du SNESUP nous explique que cette mesure de transfert de postes budgétaires trouve son origine dans l'arrivée massive en 2010, 2011 et au-delà, d'un grand nombre de bacheliers sur les bancs des universités (après avoir baissé l'âge de l'entrée obligatoire à l'école à six ans vers la fin des années 1990). Le gouvernement en exercice à l’époque n'avait pas prévu les mesures nécessaires pour accompagner cet afflux massif de nouveaux étudiants. En 2012, se souvient M. Sabani, la loi de Finances avait réservé 300 postes budgétaires à l'enseignement supérieur, toutes catégories confondues (enseignants, cadres...). «L'université marocaine était confrontée à une grave crise.

Et c'est alors que nous avons imaginé cette solution de rapiéçage pour combler ce grand déficit, alors que la mesure la plus évidente était de créer de nouveaux postes budgétaires», affirme M. Sabani, faisant observer que pour faire face à l'augmentation du nombre d'étudiants et compenser le départ à la retraite des professeurs, les universités marocaines affichent un besoin en nombre au niveau des créations de postes budgétaires bien supérieur à celui prévu par les récentes lois de Finances. «Il faut consentir un effort considérable pour combler ces déficits en termes d'enseignants universitaires, et pour cela, il faut que soient créés un nombre important de nouveaux postes budgétaires, accessibles par un concours ouvert à tous, et que les plus méritants gagnent», conclut M. Sabani.

L’ancien secrétaire d’État, chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Khaled Samadi, a indiqué, de son côté, dans une déclaration au site pjd.ma, que cette volonté de faire cesser le transfert de postes budgétaires vers les universités butera sur les contraintes d’ordre financier. «Les universités marocaines font maintenant état d'un besoin annuel de 1.500 nouveaux postes, alors que le ministère des Finances ne valide la création que de 900 nouveaux postes, d’où l’incontournable nécessité de recourir au transfert des postes budgétaires», fait-il remarquer. Par ailleurs, M. Samadi formule une proposition visant à limiter les postes nouvellement créés aux nouveaux titulaires de doctorats non-fonctionnaires, et à laisser aux fonctionnaires désireux d’enseigner dans les universités cette possibilité dans le cadre du transfert des postes budgétaires.
 

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