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Etablissements de paiement : Les nouveaux acteurs s’installent

Le business des établissements de paiement est en effervescence et la compétition s’élargit. De nouveaux acteurs tournés vers le digital et d’autres intéressés par la collecte de dépôts élargissent l’offre de services. «Le Matin» a reçu en exclusivité un benchmark réalisé à partir des communications financières semestrielles et d’informations recueillies auprès des établissements eux-mêmes. En voici les détails.

Etablissements de paiement : Les nouveaux acteurs s’installent

Le marché des établissements de paiement est en effervescence. L’arrivée récente de nouveaux entrants sur ce business, où le plus ancien agrément remonte à 1994 (Wafacash) et le plus récent à octobre 2020 (Al Filahi Cash), pourrait-il y rebattre les cartes ? Comment fonctionnent ces établissements ? Et quels sont les enjeux de cette activité ?

Si l’activité de transfert de fonds d’un émetteur à un bénéficiaire n'est pas récente, il est, toutefois, à noter que Bank Al-Maghrib a octroyé les derniers agréments avec l’idée de réduire la circulation du cash au Maroc. «L’utilisation des espèces est couteuse pour l’économie marocaine. D’une part, il faut bien fabriquer tous ces billets et, d’autre part, cela maintient ou encourage l’informel et, par conséquent, rend plus difficile la collecte des impôts par l’État. Cela crée également une concurrence inacceptable vis-à-vis des sociétés structurées qui, elles, jouent le jeu et payent leurs taxes», explique au «Matin» un analyste de la place.

Les services proposés par les établissements de paiement incluent donc la création de «comptes de paiement» qui encourage la bancarisation de certains clients, notamment ceux éloignés des agences bancaires. Ces comptes de paiement permettant également d’effectuer des règlements de montants modestes.
Ces établissements de paiement ne sont, en effet, pas implantés seulement dans les grandes villes, mais également dans des endroits plus reculés. «Ils reçoivent pour ces activités une rémunération sous forme de commissions sur les transferts et sur les règlements, mais aussi une rémunération de l’argent qu’ils placent chaque soir et nuit sous forme d’intérêts», poursuit notre source.

Selon un Benchmark réalisé à partir des communications financières semestrielles et des informations recueillies auprès de ces établissements eux-mêmes, au 30 juin 2022, ce sont plus de 9.238 points de vente qui sont au service des clients de ces établissements dont certains se cumulent avec le réseau bancaire.

 

Wafacash, Cash Plus, Barid Cash... des opérateurs historiques du marché des établissements de paiement


On peut diviser les établissements de paiement en 3 catégories. Tout d’abord, il existe des établissements historiques dont l’activité est principalement tournée vers le transfert de fonds. Ce sont Wafacash, Cash Plus, Barid Cash, MEA Finance et Damane Cash. Ensuite, il y a des établissements dont l’agrément est plus récent que sont Maymouna, Inwi Money, Orange Money, MT Cash, Lana Cash et Al Filahi Cash. Enfin d’autres établissements opèrent dans l'activité d’acquisition, à savoir le Centre Monétique Interbancaire, M2T et NAPS.

Des établissements de tailles très variées

Ces établissements se différencient aussi par leurs tailles qui sont très variées. Toutefois, si la taille de leur réseau est un bon indicateur de leur activité, il est bien loin d’être le seul. Ainsi, «le meilleur indicateur pour cela est le PNB (produit net bancaire), c’est-à-dire les commissions perçues moins les charges qui ont été nécessaires pour les percevoir, que génèrent chacun de ces réseaux. Bien sûr, ce sont les réseaux les plus anciens qui sont les plus rentables», explique l’analyste.
D’ailleurs, et selon le même document, au 30 juin 2022, le trio de tête s’établissait ainsi : Wafacash (219,4 MDH), Cash Plus (152,4 MDH) et CMI (84,1 MDH). «Il s’agit donc des établissements les plus profitables. Il n’est pas surprenant d’y retrouver 2 des plus anciens qui ont une base de clientèle stable et qui ont amorti depuis longtemps leurs frais d’installation. Le CMI, quant à lui, a une structure de coûts très différents qui lui permet d’intégrer le podium. Si on observe la progression du PNB sur un an, on constate que ces 3 sociétés ont des évolutions différentes. Wafa Cash ne progresse ainsi que de 5%, tandis que Cash Plus bondit de 38%, talonné de près par CMI à 34%», développe notre analyste.

D’autres établissements, dont l’agrément est plus récent et du fait de leur taille plus modeste, connaissent des taux de progression de leur PNB que seul l’effet base peut expliquer. Celui de Lana Cash progresse de 1100%, mais il est à 0,2 million de DH, celui de Digifi explose de 925%, mais son PNB ressort négatif à -3,8 MDH et enfin Al Filahi Cash augmente de 833%, mais à 0,9 million de DH seulement. «On note que parmi les nouveaux entrants, seul Digifi n’atteint pas encore le seuil de rentabilité», souligne notre interlocuteur.
Il conviendrait de ne pas oublier l’indicateur majeur dans le monde financier afin de caractériser la taille d’un établissement : le total de bilan. «Il permet d’évaluer la stabilité financière de l’établissement. Selon cet indicateur, on retrouve, et c’est assez logique, le même trio de tête que pour le PNB, Wafacash (887,4 MDH), Cash Plus (832,5 MDH) et CMI (657,9 MDH)», décrypte l’analyste.


La lutte contre la circulation d’espèces, qu’en est-il vraiment ?


Le souhait de Bank Al-Maghrib était donc que ces acteurs financiers permettent la réduction de la circulation d’espèces. Sur ce point, les établissements de paiement ont des positionnements très différents et leurs résultats en la matière s’en ressentent. Si on observe le total des dépôts de la clientèle au 30 juin dernier, c’est CMI qui est en tête avec 124,7 millions de DH, suivi par Barid Cash à 107,7 millions et enfin Cash Plus à 35,9 millions. En 4e position, on trouve Maymouna avec 30,6 millions de DH. Certains établissements ne sont pas du tout intéressés par cette partie du commerce. Ainsi, Damane Cash n'est qu'à 5 millions de DH, tandis que Wafacash atteint seulement 4,9 millions. «Un autre angle d’analyse est de ramener ces dépôts au nombre d’agences de chaque réseau. On recherche alors un équilibre entre la taille du réseau et le volume des dépôts. Cet équilibre privilégiera les établissements de paiement ayant comme stratégie la collecte de dépôts et dont le réseau n’est pas trop développé». Selon le document, l’établissement dont le dépôt par agence est le plus élevé est Al Filahi Cash avec 151.979 DH par agence, suivi par Maymouna avec 143.878 DH et le troisième est un acteur de taille beaucoup plus importante : Barid Cash avec 82.880 DH par agence.

 

Établissement de paiement, un business rentable une fois la taille critique atteinte

L’analyse de la rentabilité, c’est-à-dire des résultats nets des établissements de paiements, montre clairement que deux éléments sont nécessaires pour atteindre la rentabilité : «D’abord, il convient d’atteindre une taille critique. Ensuite, il faut que les coûts d’installation soient amortis. Bien entendu si la structure de coût est à l’origine plus faible, cela permet d’atteindre plus rapidement le seuil de rentabilité», note l’analyste. Ainsi, et selon le même benchmark, les réseaux dont les résultats nets semestriels arrêtés au 30 juin dernier sont les plus élevés sont Cash Plus (71,5 MDH), Wafacash (64,9 MDH) et CMI (10,7 MDH). De nombreux établissements sont encore en perte. Digifi annonce -24,3 MDH, NAPS perd 9 MDH et M2T est dans le négatif de 4 millions. «On constate ainsi bien qu’un actionnariat de référence stable et financièrement sain est obligatoire dans ce secteur», recommande notre interlocuteur.

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Tout ce qui est possible de réaliser auprès d’un établissement de paiement

La loi bancaire 103.12 du 24 décembre 2014 a institué le statut d'établissement de paiement qui s'applique à des entités non bancaires. Cette même loi explique les services que ces établissements sont aptes à assurer aux citoyens, notamment les opérations de transfert de fonds, les dépôts et les retraits sur un compte de paiement ou la nouvelle possibilité qui consiste à ouvrir un compte auprès d'une entité non bancaire et qu'on nomme un «compte de paiement». À travers ce compte de paiement, la personne a la possibilité d'exécuter un certain nombre d'opérations, notamment le paiement de factures, le paiement à distance et aussi l'exécution des prélèvements.

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Compte de paiement : 3 niveaux et une Wallet complètement gratuite !

Outre le transfert d’argent, ces établissements proposent également à leurs clients trois niveaux de compte et une Wallet complètement gratuite : Le compte de niveau 1 est plafonné et la KYC (Know Your Client) est limitée au numéro de téléphone mobile de la personne à travers son numéro de téléphone adossé à son application. Le détenteur dispose d'un compte «Ribé» sur lequel il peut recevoir jusqu'à 200 dirhams. Le compte de niveau 2 est plafonné, lui, à 5.000 dirhams. Pour le niveau trois, le client ouvre un compte qui est plafonné à 20.000 dirhams. Concrètement, rien n'est prélevé pour l'ouverture de ce compte, aucun frais de tenue de compte n'est prélevé non plus. Or, le client paie des frais au moment du retrait. Et là, on retrouve chez chaque opérateur une politique de tarification différente.

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