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Pourquoi les étudiants en médecine s’opposent à l’intégration de leurs homologues ayant fui la guerre en Ukraine

Au moment où le ministère examine encore les «scénarios» possibles pour garantir aux étudiants en médecine rentrés de force d’Ukraine le droit de poursuivre leurs études, en l’occurrence en les intégrant dans les Facultés de médecine nationales ou dans celles des pays limitrophes de l’Ukraine, notamment de Roumanie, les étudiants des Facultés de médecine marocaines semblent avoir déjà anticipé les résolutions du ministère en annonçant leur refus d’accueillir au sein de leurs Facultés leurs camarades venus d’Ukraine. Voici leurs explications.

Pourquoi les étudiants en médecine s’opposent à l’intégration de leurs homologues ayant fui la guerre en Ukraine
Des centaines de Marocains ont quitté l'Ukraine grâce au dispositif mis en place par les autorités marocaines

Les étudiants des Facultés de médecine publiques du Maroc semblent avoir anticipé les résolutions du ministère de l’Enseignement supérieur concernant le sort des étudiants en médecine de forcés de rentrés d’Ukraine, en annonçant leur refus d’accueillir leurs camarades au sein de leurs facultés «dans l’état actuel des choses». Dans un communiqué publié dimanche dernier, la Commission des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie explique les raisons de ce refus en pointant du doigt d’abord le problème du surpeuplement actuel des facultés, le manque de moyens matériels et financiers, le faible taux d’encadrement des étudiants et le manque de «parterre de stage» au sein des structures hospitalières à cause du retard accusé dans la mise en service de plusieurs CHU programmés depuis plusieurs années, notamment ceux à Agadir et à Tanger. Elle conditionne ainsi l’intégration de ces étudiants par l’amélioration des conditions de formation et la mise en service des CHU encore en construction dans le but de garantir le maintien de la même qualité de formation. «Contrairement aux fausses idées véhiculées sur les réseaux sociaux nous accusant d’être des étudiants égoïstes et anti-patriotes, ce qui a déclenché une vague de haine à notre égard, nous tenons à préciser que nous ne sommes pas contre nos camarades rentrés de force au Maroc pour fuir la guerre.

Au contraire, nous sommes solidaires avec leur cause et nous leur témoignons tout notre empathie et notre soutien. Mais nous sommes contre une décision d’intégration qui ne tient pas compte des difficultés que rencontrent déjà les étudiants marocains au sein des Facultés de médecine et au niveau des stages de formation aux CHU et qui risquent de s’accentuer avec le rajout d’autres étudiants», nous explique Mohammed Kacimi Alaoui, coordinateur de la Commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et pharmacie. Dénonçant des conditions de formation «déplorables» et l’absence d’une volonté gouvernementale de pallier les problèmes existants et mettre en œuvre les réformes programmées dans le cadre d’un accord signé entre le ministère de tutelle et la Coordination nationale des étudiants en médecine en 2019, la Commission nationale annonce son refus «d’être le maillon faible qui paiera le prix fort des fausses décisions prises sur le plan politique». «La Commission estime par ailleurs qu’une telle décision portera atteinte au principe constitutionnel d’égalité des chances.

N’oublions pas qu’un scénario pareil s’était déjà produit en 2011 lorsque des milliers d’étudiants en médecine poursuivant leur formation en Tunisie étaient rentrés au Maroc suite à l’enclenchement du printemps arabe, le gouvernement avait alors brandi son véto quant à leur intégration dans les Facultés publiques. Pourquoi serait-il d’accord pour le faire cette fois ?» s’exclame M. Alaoui. La Commission, qui s’apprête à rencontrer le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui, le 29 mars prochain, ne cache pas son intention de proposer au ministre d’examiner l’éventuelle intégration des étudiants venus d’Ukraine dans des Facultés de médecine relevant des pays limitrophes, comme la Roumanie, ou encore des facultés proposant le même parcours de formation, comme l’Allemagne ou la France.

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