La Banque mondiale, en collaboration avec le ministère des Finances, vient de dresser un nouveau bilan d'étape du Fonds Innov Invest (FII). À l’issue d’une mission conjointe, tenue d'octobre 2021 à février 2022, «Innov Invest reste un projet satisfaisant, qui a permis de mobiliser 47,3 millions de dollars de capitaux privés auprès de 15 investisseurs locaux et internationaux au profit de startups marocaines», indique un rapport de la Banque mondiale, dont «Le Matin» détient copie. Et «Malgré les impacts négatifs de la crise de la Covid-19 sur l'écosystème entrepreneurial au Maroc, le projet a poursuivi son déploiement, grâce à la réactivité du ministère des Finances et de “Tamwilcom”», est-il souligné.
Pour rappel, l’Institution de Bretton Woods est le principal bailleur de fonds du dispositif Innov Invest, géré par «Tamwilcom» (Ex CCG), à travers un prêt de 500 millions de DH (50 millions de dollars). Lancé officiellement fin octobre 2017, le FII a pour objectif d’accroître l’offre de financement de l’innovation et de l’amorçage en faveur des porteurs de projets et des startups innovants durant leurs phases initiales de développement, à travers notamment la mobilisation de financements du secteur privé. Ce dispositif vise à assurer un continuum de financement en faveur des porteurs de projets et startups, du stade de l’idée jusqu’à la croissance.
Selon le rapport d’étape, «Tamwilcom» compte 19 partenaires accrédités (3 gestionnaires de fonds et 16 incubateurs) qui ont un portefeuille de 477 entreprises au 31 décembre 2021. Le financement total reçu par ces entreprises bénéficiaires s'élève à 24,7 de dollars au 31 décembre 2021, soit 24,3 millions pour 17 transactions en Equity (en capital), 6,8 millions de dollars pour 381 subventions d'amorçage, et 3,1 millions pour 79 prêts (soft loans). En outre, «Tamwilcom» a débloqué 2 millions de dollars du FII pour fournir une assistance technique aux trois fonds de capital risque partenaires.
Par rapport aux objectifs fixés à l’horizon 2023, au niveau des capitaux privés mobilisés, les 24,3 millions de dollars engagés par Innov Invest dans les trois fonds ont permis de mobiliser 47,3 millions de dollars supplémentaires pour leur clôture, dépassant l'objectif de 30 millions de dollars. En outre, le nombre ciblé d'entreprises soutenues qui ont introduit une innovation a atteint 432, dépassant l'objectif de 100. En revanche, le nombre de startups recevant un financement par capital-investissement dans le cadre du projet n'a pas progressé aussi rapidement que prévu avec 17 startups sur un objectif de 60 d'ici 2023. Selon le rapport, ceci est dû à la crise Covid-19, au retard constaté sur le volet Business Angels, mais aussi en raison de la structuration des trois fonds opérationnels soutenus par Innov Invest et de la dissolution du Fonds Green Innov Invest (GNII). Rappelons que pour le lancement des activités du «FII», des partenaires privés ont été sélectionnés sur la base des cahiers des charges.
Ainsi, quatre sociétés de gestion ont été retenues initialement pour structurer et gérer des fonds d’amorçage et de capital risque (Azur Innovation, Seaf Morocco Growth Fund, Maroc Numeric Fund II et Green Innov Invest. La revue à mi-parcours a permis au ministère des Finances et à la Banque mondiale d'identifier les axes d'amélioration et les mesures à déployer pour que le FII puisse pleinement atteindre ses objectifs. Ainsi, un soutien programmatique et un instrument de financement supplémentaires devraient être opérationnalisés au stade de l’amorçage et de l’accélération afin de construire un continuum de financement et de conseil pour les startups à toutes les étapes de leur cycle de vie. Aussi, les processus internes du dispositif FII seront améliorés, en particulier pour faciliter le financement et l’investissement par des intermédiaires.
En outre, le gouvernement s’engage à assurer la pérennité des incubateurs qui sont des acteurs essentiels en amont dans la voie entrepreneuriale et qui ont été fragilisés par la crise de la Covid-19. Il s’engage également à faire évoluer le cadre juridique et réglementaire afin d’améliorer l’environnement des affaires. Le gouvernement et la Banque mondiale envisagent désormais d’opérationnaliser les recommandations identifiées et de décider s’il est possible d’amplifier l’impact du projet en tirant parti d’une restructuration ou d’un financement supplémentaire.