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SIEL 2022 : Pour l’éditeur Rachid Chraibi, Rabat doit avoir son propre salon du livre

Très passionné par le monde du livre, Rachid Chraibi, fondateur des éditions Marsam, a publié les productions de nombreux auteurs, poètes, peintres et musiciens, entre autres. Sa participation au Salon international de l’édition et du livre (Siel) ne date pas d’aujourd’hui. Cela fait 20 ans qu’il prend part à ce Salon avec les auteurs qu’il publie. Cette année, à la 27e édition du Siel à Rabat qui coïncide avec la consécration de Rabat Capitale de la culture africaine et islamique, les éditions Marsam présentent une cinquantaine de titres avec une trentaine de signatures.

SIEL 2022 : Pour l’éditeur Rachid Chraibi, Rabat doit avoir son propre salon du livre
Rachid Chraibi, fondateur des éditions Marsam ph Sradni

Le Matin : Cela fait plusieurs années que vous participez au Siel à Casablanca. Comment avez-vous trouvé l’idée de son organisation dans la capitale ?
Rachid Chraibi
 : En effet, Marsam a, pendant une vingtaine d’années, été présent au Salon du livre à Casablanca et cette année nous sommes heureux que cet important événement se passe à Rabat. À mon avis, il faut que Rabat ait son propre Salon du livre. Elle le mérite en tant que capitale culturelle, politique et touristique du Royaume. Mais, si on peut aussi maintenir celui de Casablanca, ce serait parfait.

Cette année, le Salon coïncide avec la consécration de Rabat Capitale de la culture africaine et islamique, qu’est-ce que vous avez préparé pour cet événement ?
Nous avons commencé à nous préparer à cet événement depuis janvier 2020. Malheureusement, avec la pandémie, le Salon n’a pu être réalisé pendant 2 éditions. Mais, nous avons continué à travailler et à produire malgré tout. Évidemment, pas avec le même rythme que les années précédentes. Par contre, nous avons publié plusieurs nouveautés. Pour cette édition, nous présentons une cinquantaine de titres, que ce soit dans le Beau livre, le livre de Jeunesse, le roman, le récit ou encore la poésie.

Quel est l’état des lieux de l’édition ces dernières années ?
Nous avons beaucoup souffert ces dernières années pendant la pandémie et même avant. Nous n’arrivons pas à faire de grandes ventes de livres, même à des prix très réduits, par rapport à la qualité que nous offrons. La distribution est un problème crucial au Maroc. Il faudrait que nous ayons une autre manière de distribuer et faire parvenir nos publications. Dernièrement, j’ai traité avec «Tel Quel» pour nous assurer quelques ventes qui ne sont pas énormes. Mais, le plus important est d’avoir un peu de publicité et une visibilité par rapport à nos éditions. J’ai, aussi, conclu un accord avec les super-marchés Asswak Assalam pour distribuer une centaine de nos titres. Dans ce secteur, il faut toujours innover et trouver d’autres alternatives. Puis, en parallèle, il faut encourager la lecture en classe. Dans le temps, il y avait dans les établissements scolaires la lecture suivie. Ainsi, les livres étaient achetés à 40 ou 50.000 exemplaires. Avant, c’était avec les auteurs français. Maintenant que nous avons nos écrivains marocains, ce serait excellent que les livres primés et importants soient inscrits dans les programmes et que les enseignants les proposent comme thème de lecture pour acquérir la langue, les idées et la culture marocaine. À mon avis, il faudrait que le ministère de l’Éducation nationale soit partie prenante dans ce processus du livre. C’est ce qui va booster l’édition marocaine et créer une certaine concurrence entre les auteurs et les maisons d’édition.

Dans une conférence au Salon, les auteurs de l’Afrique ont soulevé la problématique de la non-circulation des livres entre les pays africains. Y a-t-il des solutions à ce frein ?
Il n’y a pas de solution. Quand nous allons dans un Salon africain, très peu de gens achètent nos livres. Ce serait plus intéressant que les libraires achètent nos livres. Il faut qu’il y ait des accords entre ces pays pour trouver des solutions. Il faut, aussi, avoir des Instituts marocains dans ces pays pour pouvoir faire connaître nos livres et notre culture afin qu’ils puissent rayonner chez eux.

Que pensez-vous du soutien de l’État à nos éditions ?
C’est une bouffée d’oxygène pour l’éditeur. Quand on nous donne un peu de soutien, on peut publier plus de titres. Mais, on ne compte pas uniquement sur le soutien de l’État pour suivre nos auteurs et assurer leur promotion. Nous essayons, aussi, d’encourager les jeunes talents.

La lecture joue un rôle important dans le rayonnement de l’édition. Comment peut-on l’encourager ?
Effectivement et là, je salue les Associations qui font des efforts considérables pour donner goût à la lecture aux jeunes. Dans ce sens, nous avons créé, depuis quatre ans, une série que nous appelons «Lecture pour tous», à travers des étuis de quatre contes que nous vendons à 15 DH. Une manière de démocratiser la lecture à un prix abordable. Nos éditions ont, également, toujours offert des livres aux associations caritatives et écoles rurales de différentes régions du Royaume.

Pour réussir ce métier, est-ce qu’un éditeur doit être passionné ou commerçant ?
Il doit être les deux à la fois. Car, pour pouvoir continuer dans ce domaine, il faudrait que l’éditeur s’ingénie à produire et à vendre pas très cher et qu’il ait des actions de générosité. La passion sans la réussite dans la vente ne peut aller très loin. Dans notre cas, nous avons quelques revenus de la galerie qui nous permettent de poursuivre notre travail que nous aimons passionnément.

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