Trois femmes, trois profils et trois histoires de souffrance, de lutte, d’espoir, de désespoir… Hayat, Amal et Houda dans le film «Poissons rouges» de Abdeslam Kelai représentent des pans de vies de femmes marocaines mésestimées. Certaines s’enlisent dans les préjugés, d’autres tentent aussi bien que mal de s’en sortir. Présenté dans le cadre du dix-neuvième Festival international du film de Marrakech (Panorama du cinéma marocain), «Goldfishes» ou «Poissons rouges» traite la situation de la femme sous différents angles. Il soulève la problématique de réinsertion des ex-prisonnières ainsi que les difficultés que rencontrent les personnes à besoins spécifiques et leurs familles. Hayat, incarnée par Jalila Talemsi, sort de prison après avoir purgé une longue peine de réclusion criminelle. Elle retourne dans sa ville natale au nord du Maroc pour se retrouver face à un frère qui refuse de l'accueillir de peur de la honte. Sa seule motivation est de rencontrer son fils et de lui expliquer la vérité. Alors qu’elle rêve d’un appui social et juridique, Hayat se confronte à une société qui la rejette. Dans sa quête, elle rencontre Amal (Farida Bouazzaoui), qui travaille dans une usine de fruits, et qui est en charge de sa sœur Houda (rôle interprété par Nisirine Erradi), sa cadette de deux ans atteinte d’un handicap sévère.
À travers les histoires de ces personnages, le scénario du film traite différents sujets sociaux en rapport avec la femme. Dans «Goldfishes», on apprécie le rôle sensibilisateur du cinéma. Abdeslam Kelai aborde aussi le problème du harcèlement des ouvrières et le rêve de l’immigration chez les femmes marocaines. Dans ce film, le réalisateur a mis en valeur le côté humain des personnages féminins capables de donner et d’être solidaires malgré la souffrance. Il a su sortir leur force pour les mener dans une lutte obstinée vers un avenir meilleur. Pour permettre au spectateur de s’immerger dans le récit de «Poissons rouges», Abdeslam Kelai dit avoir opté pour un style visuel et narratif privilégiant la caméra portée à l’épaule placée au plus près des comédiens, les dialogues simultanés, les plans-séquences de longue durée, le montage dans le plan. Il favorise «les ellipses et la condensation, les lumières et couleurs naturelles, la spontanéité vraisemblante du jeu des comédiens, la musique discrète et ancrée dans le patrimoine marocain». Son objectif est de présenter «une œuvre artistique qui transmet un propos socialement pertinent et dramatiquement fort avec un rythme nerveux qui reflète une réalité crue».
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Distinctions du film de Abdeslam Kelai
• «Goldfishes» a remporté le Grand Prix de la septième édition du Festival international du film de Bruxelles (FIFB) dans la catégorie Compétition internationale (long métrage).
• Le film a reçu au FIFB le double Prix d’interprétation octroyé à Jalila Talemsi et Nisrine Erradi.• «Poissons rouges» a reçu le Prix du scénario au 22e Festival national du film de Tanger (FNF).• Jalila Talemsi a reçu au FNF le Prix du rôle principal féminin.*************
Un film soutenu par les Ateliers de l’Atlas
«Les poissons rouges» a été accompagné par les Ateliers de l’Atlas, le programme «Industrie de développement de talents» initié en 2018 par le Festival international du film de Marrakech. À travers ces ateliers, le Festival accompagne l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes marocains, arabes et africains et créé un espace d’échanges entre professionnels internationaux et talents régionaux. La sélection des films se fait suite à un appel à candidatures pour choisir des projets en développement et des films en post-production de cinéastes résidents ou issus de la diaspora du monde arabe ou du continent africain, qui développent ou réalisent leur premier, deuxième ou troisième long métrage de fiction, de documentaire ou d’animation.