La Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations-service au Maroc (FGNPS) tire la sonnette d’alarme et met en garde contre une «mise à mort» imminente de ses adhérents si rien n’est fait pour sauver le secteur. Pour la FGNPS, contrairement aux idées reçues, la conjoncture actuelle, marquée par la montée des prix des carburants, ne profite aucunement aux commerçants et gérants des stations-service. Pour cette Fédération, l’absence de dialogue avec le ministère de tutelle, d’un côté, et le Groupement des pétroliers du Maroc, de l’autre, menace de faillite plusieurs professionnels de ce secteur. Voici les trois points essentiels de leur cahier revendicatif :
• Primo, la Fédération ne veut plus être victime de la montée des prix des carburants. Elle affirme ainsi qu’elle subit l’impact négatif de la flambée des prix, tout comme le simple consommateur. À cet égard, le secrétaire général de la FGNPS, Reda Nadifi, se plaint de la baisse de la demande sur le carburant en raison de la montée des prix. «Nous ne sommes toujours pas parvenus à réaliser le chiffre d’affaires d’avant la pandémie. Certes, nous sommes arrivés à surmonter cette crise, mais nous peinons à atteindre les 60 à 70% des ventes réalisées avant la pandémie», déplore-t-il. Les propriétaires et gérants des stations-service dressent ainsi un tableau morose de leurs activités, au point d’évoquer la faillite de certains opérateurs. Pour eux, l’augmentation des charges d’exploitation et des coûts des investissements ne peut être compensée par les marges bénéficiaires réalisées sur le litre de gasoil. «Notre marge de bénéfice par litre tourne autour de 6 centimes. Et cette marge est restée invariable depuis 20 ans», affirme le secrétaire général de la Fédération.
• Secundo, la FGNPS se plaint de ce qu’elle qualifie de «concurrence déloyale du marché parallèle B2B», précisant que ce marché se développe en dehors du circuit de distribution des stations et propose des tarifs généralement inférieurs au prix du marché. Certes, cette pratique est temporairement à l’arrêt, mais la Fédération appelle le département ministériel concerné (ministère de la Transition énergétique et du développement durable) à y mettre fin définitivement. Reda Nadifi précise que si cette pratique n’est plus prisée, c’est en raison des faibles marges qui n’intéressent plus ses acteurs, du fait de la montée des prix. Tout en dénonçant ces pratiques, la Fédération reconnait ne pas en connaître l’ampleur ni la part de marché de ses acteurs. Mais elle souligne qu’il s’agit d’une menace. «Car il n’y a pas de contrôle de la qualité des carburants commercialisés, il n’y a pas de garantie de la qualité des camions transportant ces carburants… et on ignore si ce circuit est capté par le fisc», dénonce-t-on du côté de la Fédération qui appelle à ce que cette problématique soit prise en compte dans les décrets d’application des dispositions relatives aux hydrocarbures qui «tardent à voir le jour».
• Tertio, la FGNPS réclame l’ouverture du dialogue avec aussi bien le gouvernement que le Groupement des pétroliers du Maroc. «Le nouveau gouvernement ne s’est pas encore réuni avec nous. Nous avons déposé notre cahier revendicatif et expliqué nos doléances. Mais nous n’avons pas reçu de réponses», affirme le secrétaire général de la Fédération qui précise qu’il n’y a pas de dialogue, non plus, avec le GPM. «On est considéré comme des entités ayant la latitude pour agir sur les prix, alors que ce n’est pas vrai», lance-t-il. Dans ce contexte, la Fédération affirme que s’il n’y a pas de dialogue, le compte à rebours est enclenché pour la mise à mort des gérants et propriétaires des stations-service. «Nous comptons sur l’ouverture du dialogue pour sauver ce qui peut être sauvé», conclut Reda Nadifi.