Menu
Search
Vendredi 22 Novembre 2024
S'abonner
close
Vendredi 22 Novembre 2024
Menu
Search

Flambée des carburants : Les transporteurs prévoient une hausse de 15% de leurs tarifs

Les transporteurs routiers qui menacent de répercuter la hausse des prix des carburants sur les clients finiront par passer à l’acte. L'Association marocaine du transport et de la logistique (AMTL) l’avait déjà fait, avant de se rétracter. La Fédération du transport et de la logistique (FTL), affiliée la CGEM, de son côté, ne cache pas son intention de répercuter la hausse sur les clients, tellement il est intenable pour les professionnels de supporter l’envolée des prix des hydrocarbures. Son président, Abdelilah Hifdi, a confié au «Matin» que sa Fédération publierait un communiqué un peu plus tard dans la journée du mardi 15 février. «Ce sera un communiqué citoyen et notre proposition sera d'augmenter les tarifs de moins de 15%, (peut-être 13%), tout en laissant au transporteur la possibilité de négocier avec son client», affirme-t-il.

Flambée des carburants : Les transporteurs prévoient une hausse de 15% de leurs tarifs

Le prix du gasoil, carburant le plus répandu au Maroc, ne cesse de monter, franchissant le seuil des 11 dirhams le litre. Cette hausse prend des proportions inédites, tirée par une envolée des cours du pétrole à l'international. Face à cette situation, les professionnels du secteur du transport routier de marchandises, de passagers, interurbain, international, de messagerie express, etc., grincent des dents et brandissent, chacun, la menace de répercuter la hausse sur les clients. Une marche en rangs dispersés que la Fédération du transport et de la logistique (FTL), affiliée à la CGEM, veut éviter en se mobilisant pour apporter une réponse unifiée à cette situation dans un premier temps, et ensuite parvenir à un mécanisme qui établira une relation de transparence entre le transporteur et le client devant les fluctuations du prix du pétrole. Les transporteurs routiers, qui menaçaient de répercuter la hausse des prix des carburants sur les clients, passent à l'action.

L'Association marocaine du transport et de la logistique (AMTL) a diffusé lundi un communiqué invitant ses membres à augmenter leurs tarifs de transport de 20% afin de contrebalancer la hausse du prix du gasoil (avant de se rétracter le jour suivant). L'association, dont le siège se trouve à Tanger, et même si elle précise qu'elle est placée sous la coupole de la Fédération du transport et de la logistique (FTL), affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), n'est en définitive qu'une entité de «faible envergure», affirment certains. C'est la réaction de la FTL qui compte le plus au regard de son poids et de sa forte représentativité.

«Le Matin», et pour se faire une idée sur cette réaction, a contacté le président de la FTL, Abdelilah Hifdi, qui nous a annoncé que sa Fédération publierait un communiqué un peu plus tard dans la journée du mardi 15 février. «Ce sera un communiqué citoyen et notre proposition sera d'augmenter les tarifs de moins de 15%, (peut-être 13%), tout en laissant au transporteur la possibilité de négocier avec son client», affirme le président de la FTL, précisant que les membres de Fédération ont pris en compte dans leur réflexion le fait que cette augmentation devait être répercutée sur le client final en dixièmes de centimes, de sorte qu'il ne se rende même pas compte de celle-ci. «Nous ne voulons pas que les spéculateurs se servent de cette revalorisation pour augmenter les prix de leur côté en accusant les transporteurs d'être à l'origine de tous les maux des citoyens», a tenu encore à clarifier M. Hifdi.

Le président de la FTL souligne également que cette flambée des prix des carburants ne touche pas uniquement le gasoil (+30% en un an), le plus utilisé par les transporteurs, mais aussi le pneumatique (+35%) et les huiles. Selon les explications du secrétaire général de la FTL, Rachid Tahri, il faut prévoir aujourd’hui pour un trajet Casablanca-Tanger, une rallonge d'environ 1.500 dirhams à la facture du gasoil. Rallonge qui, jusqu’à aujourd’hui, n'est pas répercutée sur le client. Dans le cas d'une entreprise disposant d'une dizaine de véhicules, effectuant chacun 4 voyages par semaine, cela équivaut à une charge supplémentaire d'au moins 2 millions de dirhams sur un an, fait-il remarquer.

Une solution : l'indexation gasoil

Aujourd'hui, au niveau de la régulation, il n'existe pas de mécanisme réglementaire de répercussion. Un tel mécanisme permettrait au transporteur de continuer à offrir un service de qualité, respectueux de l'environnement et tenant compte des exigences de sécurité, en cas d'augmentation par exemple des prix des carburants et des produits qui lui sont indispensables, comme c'est le cas aujourd'hui, nous explique le président de la FTL. «D'où le recours à cet appel citoyen, en l'occurrence le communiqué que la FTL rend public mardi, pour pallier ce vide juridique», indique M. Hifdi. Cela étant, nous travaillons de concert avec l'État pour mettre en place un mécanisme d'indexation obligatoire du gasoil, comme c'est le cas en France avec la loi du 5 janvier 2006.

Ce mécanisme, explique M. Hifdi, instaurera une relation de transparence entre les transporteurs et leurs clients, permettant ainsi aux premiers de répercuter les hausses et les baisses du prix du gasoil au bas de leur facture. «Cela revient à une répartition équitable entre les deux parties, car les clients, de leur côté, vont bénéficier d'une réduction quand les prix des carburants diminueront», explique encore M. Hifdi. Et le président de la FTL de se dire optimiste pour l'avenir. «Nous travaillons avec le ministère des Finances pour réexaminer la fiscalité liée à ce secteur, notamment la TVA, et le ministère du Transport pour voir quelles mesures la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) pourrait prendre en faveur des transporteurs après leur avoir imposé le pass Jawaz, mettant fin aux cartes prépayées qui leur accordaient 10% de réduction».

Porter la TVA sur le gasoil à 20% : un dilemme pour le gouvernement

Parmi les demandes des transporteurs routiers figure notamment celle de porter la TVA sur le gasoil à 20%. Cette mesure contribuera à la structuration du secteur et dégagera pour le Trésor des rentrées supplémentaires. Elle incitera aussi les acteurs informels à rejoindre le secteur formel afin de bénéficier du remboursement des crédits de la TVA. Toutefois, une telle mesure, même si elle favorisera la baisse des prix des billets de transport et des marchandises, par exemple, aura un impact direct sur le pouvoir d'achat des citoyens qui seront donc amenés à payer plus cher leur carburant. De plus, en termes techniques, le gouvernement ne peut pas opérer une distinction entre la catégorie des professionnels et celle des ménages au niveau de la TVA. Par conséquent, même s'il entend cibler l'une ou l'autre catégorie, il en sera incapable. Quelles solutions alors ? Une piste serait de rembourser aux gros rouleurs une partie de la taxe intérieure de consommation (TIC) incorporée dans la grille des prix des hydrocarbures. Ceci reste peu envisageable, compte tenu du contexte budgétaire actuel et des divers projets à vocation sociale mis en chantier.

Un retour à la compensation ?

Raffiner le pétrole au Maroc, trouver des formules de subvention aux produits pétroliers, contrôler la marge bénéficiaire des distributeurs, sont autant de demandes qui sont faites pour encadrer cette hausse des prix des carburants. Le gouvernement, qui n'a pas encore réagi à ces hausses, dispose, selon les experts, de deux solutions : plafonner les prix des hydrocarbures, ce qui est peu probable étant donné que la loi de Finances 2022 ne prévoit pas de fonds réservés à une telle compensation, ou couvrir les importations marocaines d'hydrocarbures par le biais du hedging, une forme de garantie contre la hausse des prix, comme ce fut le cas en 2013. Un hedging qui ne serait pas du goût de tous, d'autant plus que celui de 2013 continue à alimenter les polémiques...

Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.