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Flambée des prix des carburants : pourquoi l’aide aux transporteurs n’emballe pas les syndicats

Face à la flambée des prix des carburants, le gouvernement a décidé d'accorder une aide financière ponctuelle aux professionnels du transport routier. Plutôt que de plafonner les prix ou de réduire les taxes y afférentes, l'Exécutif a privilégié cette option, car la plus abordable en termes de finances publiques. Toutefois, sa mise en œuvre ne sera pas une tâche facile pour le gouvernement. Celui-ci doit gérer nombre de contraintes liées aux spécificités de secteurs, à la multiplicité des intervenants et aux professionnels exerçant dans l’informel. Sans oublier que les transports touristique et du personnel seront exclus de ce soutien, ce qui laisse présager des mouvements de colère dans les prochains jours.

Flambée des prix des carburants : pourquoi l’aide aux transporteurs n’emballe pas les syndicats

Le compte à rebours est enclenché pour déterminer qui recevra l'aide financière ponctuelle annoncée par le gouvernement en faveur des professionnels de la route, son montant et ses modalités. Une plateforme a été mise en place à cet effet pour identifier les professionnels éligibles à cette aide, destinée à alléger leurs charges liées aux carburants et, par ricochet, empêcher toute répercussion sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Cependant, plusieurs points d'interrogation persistent quant à ce soutien. Primo, qui va en bénéficier ? D'après les échos reçus à l'issue de la première réunion entre le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, le ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, et les professionnels, qui s'est tenue lundi dernier, il est confirmé que même les professionnels qui ne disposent pas d'une carte professionnelle bénéficieront de cette aide.

Concernant les professionnels du transport touristique et du personnel, ils seront exclus de cette mesure, à en croire certaines sources. Mais les professionnels du transport de voyageurs par autocar et taxi sont concernés, car leurs tarifs sont réglementés par la loi, précisent ces sources. «Il était plus simple de plafonner les prix en tenant compte du produit intérieur brut, et de remettre en service la raffinerie la Samir dans les meilleurs délais. Mais puisque le gouvernement a opté pour cette formule d'aide directe, il doit faire face à un véritable casse-tête», nous indique le secrétaire général de l'Union syndicale du transport routier (affiliée à l'UMT), Aziz Daoudi. «Ce secteur repose largement sur la contribution de professionnels exerçant de façon informelle. Prenons l'exemple des conducteurs de véhicules utilitaires qui transportent les ouvriers agricoles et les marchandises. Ils participent activement à l'économie. Mais vont-ils bénéficier de cette aide ?» s’interroge M. Daoudi.

«Et même pour ceux qui exercent dans un cadre formel, nombre de questions restent ouvertes. Qui, par exemple, du propriétaire de l'agrément, de l'exploitant ou du conducteur du taxi, bénéficiera de cette aide ?» s’interroge encore le syndicaliste, faisant remarquer que «même si on décide de l’accorder au chauffeur, on va se heurter à un autre problème, étant donné que de nombreux chauffeurs possèdent le permis de confiance, mais ne prennent pas le volant». Et le syndicaliste de réitérer que «l'idéal était de plafonner les prix, car vu ce qui se passe au niveau international, la situation est vouée à devenir plus complexe. Aujourd'hui, le prix du litre de gasoil a dépassé les 12 dirhams et une nouvelle hausse est prévue dans 15 jours. M. Lekjaâ avait parlé lors de la réunion de lundi d'une aide pour 2 à 3 mois. Que va-t-on faire après cela ?» En ce qui concerne le transport de marchandises, la flambée des prix des carburants qui sévit actuellement est propice à la prolifération de certaines pratiques frauduleuses. Il s'agit notamment, comme l'explique M. Daoudi, de la surcharge à laquelle les professionnels se livrent pour compenser leurs dépenses en carburant. «La surcharge est assimilée à un délit et, dans certains cas, à un crime au regard de la loi, en raison du danger qu'elle représente tant pour les vies que pour les biens, notamment les infrastructures routières. Pourtant, certains professionnels prennent ce risque», déplore le syndicaliste. Une autre pratique à laquelle recourent les grandes entreprises opérant dans ce secteur du transport des marchandises consiste à s'approvisionner dans les stations-service se trouvant dans les zones franches. «Ainsi, ils achètent le litre de gasoil à un prix inférieur de 34% à celui pratiqué ailleurs, car les zones franches sont exemptes de taxes», nous explique M. Daoudi. Concernant l'introduction du gasoil professionnel, le syndicaliste souligne que cette mesure, déjà mise en œuvre pour les marins pêcheurs, requiert du temps. Or elle pourrait favoriser l'émergence, selon lui, d'un marché noir parallèle, ce qui pourrait expliquer pourquoi le gouvernement tarde à l'appliquer.

Le secrétaire général du syndicat national des taxis marocains (affilié à l’UMT), Abdessadek Boujaara, a indiqué pour sa part que les échanges avec la commission interministérielle mise en place pour opérationnaliser ce soutien porteront sur les aspects techniques afin de s'assurer que cette aide répondra effectivement à l'objectif pour lequel elle a été décidée. «Nous avons décidé de nous mettre en grève pour éviter de répercuter les hausses des prix des carburants sur les clients. À présent, nous examinons avec le gouvernement les modalités de mise en œuvre de cette aide, bien que l'idéal pour nous consistait à plafonner les prix», a dit M. Boujaara dans une déclaration au «Matin».

Ce mercredi 16 mars, le gouvernement a réitéré sa décision d'allouer des aides aux professionnels du transport afin de préserver le pouvoir d'achat des citoyens, compte tenu de la situation économique actuelle. Cette annonce a été faite lors d'un point de presse conjoint du ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, du ministre délégué auprès du ministre de l'Économie et des finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, et du ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas.

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