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Fouad Douiri : «Il faut que les grands agriculteurs payent dûment leurs impôts»

​Dans le contexte actuel marqué par une flambée quasi générale des prix, Fouad Douiri, membre du Conseil national du parti de l’Istiqlal, appelle à ce qu’il y ait une intervention de l’État pour traquer les comportements inflationnistes. Pour l’économiste istiqlalien, certains opérateurs économiques doivent faire preuve aujourd’hui de citoyenneté en adoptant des comportements vertueux et non se fixer sur leurs propres intérêts économiques.

Fouad Douiri : «Il faut que les grands agriculteurs payent dûment leurs impôts»
Fouad Douiri

gouvernement a la possibilité de bloquer les prix ou les marges de certains produits pour une période de six mois. Cette option peut concerner aussi bien les carburants que les autres produits. C’est ce qu’affirme Fouad Douiri, membre du Conseil national du parti de l’Istiqlal et de l’Alliance des économistes istiqlaliens. L’ex-ministre de l’Énergie et des mines, qui était l’invité de l’émission «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin», le 20 avril, a indiqué que dans le domaine de la construction, par exemple, où les intrants et produits utilisés ont connu une inflation très importante, certains promoteurs ont pris la décision de ne pas lancer de nouveaux chantiers. «Ce qui constitue une menace sérieuse pour l’emploi», alerte-t-il. Selon lui, même si le Maroc est un pays libéral sur le plan économique, il doit y avoir une intervention de l’État pour limiter la hausse des prix. Ses explications : «si on laisse le marché faire, on risque de rentrer dans une spirale inflationniste. Ma proposition serait donc d’agir dès maintenant pour casser certains comportements inflationnistes».

Dans le secteur du BTP, Douiri estime que l’idéal serait d’identifier les prix des produits sur les marchés internationaux et les prix de leur arrivée au Maroc, secteur par secteur. Ce qui permettra à l’État de voir comment les acteurs agissent sur ces prix. Ensuite, tenir des réunions avec les différents opérateurs de ce secteur pour les sensibiliser à adopter des comportements vertueux. «Nous sommes dans un contexte où les opérateurs doivent faire preuve de citoyenneté et ne regardent pas seulement l’intérêt économique», souligne-t-il.

La compensation est un soutien au pouvoir d’achat

Pour Fouad Douiri, le budget de de la compensation qui va plus que doubler cette année (de 15 à 20 milliards de DH) est un véritable soutien au pouvoir d’achat des citoyens. Et ce n’est pas tout. L’économiste istiqlalien indique qu’il y a un autre soutien au pouvoir d’achat que les gens ont tendance à oublier. «En effet, l’augmentation des cours du charbon aurait pu faire exploser le prix de l’électricité au Maroc cette année. Or le Royaume a décidé de ne pas augmenter le prix de l’électricité. Cette envolée des cours du charbon coûte donc 2 milliards de dirhams de plus par mois. Ce surcoût, aujourd’hui pris en charge par l’ONEE, va être compensé par l’État. Car ce dernier ne peut pas laisser l’ONEE encaisser 25 milliards de DH de pertes cette année. Le charbon étant passé d’une moyenne de 100 dollars à 400 dollars la tonne», détaille Douiri.

Globalement, poursuit-il, si l’on compte les 24 milliards de l’électricité et les 30 à 35 milliards de la compensation, cela veut dire que l’État doit miser entre 50 et 60 milliards de DH pour soutenir le pouvoir d’achat. Soit trois fois ce qui a été dédié à la compensation l’année dernière. Par ailleurs, rappelle Douiri, le gouvernement a lancé un certain nombre de programmes comme «Awrach» et «Forsa» qui sont aussi un moyen de soutenir le pouvoir d’achat à travers l’emploi.

La réforme fiscale pour mobiliser davantage de recettes

Fouad Douiri, qui a été interpellé sur la question du financement du programme social du gouvernement, affirme que chaque année, la loi de Finances réserve un budget pour le financement des actions sociales. Bien sûr, explique-t-il, il va falloir mobiliser davantage de recettes fiscales pour pouvoir financer le programme social. L’économiste ne mâche pas ses mots. Il va falloir s’attaquer à des secteurs qui ne payent pas d’impôts. «Tous ceux qui gagnent de l’argent aujourd’hui doivent payer des impôts», lance-t-il. L’istiqlalien juge anormal, par exemple, que les grands agriculteurs ne payent pas suffisamment d’impôts. «Les grands agriculteurs payent à peine 300 millions de DH d’impôts. C’est très faible comme contribution. Ils payent un IS à 50%, pourquoi ? Je pense que dans le contexte actuel, il va falloir reparamétrer tout cela à travers la réforme fiscale», note-t-il. Douiri annonce, par ailleurs, que la réforme fiscale figure parmi les priorités du gouvernement dans le projet de loi de Finances de 2023 dont la préparation a déjà été enclenchée. Les grandes orientations de ce projet de Budget portent, selon lui, sur la poursuite du déploiement du programme de généralisation de la couverture sociale et la révision de la politique de compensation.

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