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Gestion côtière : le Maroc cité en exemple par la Banque mondiale

La gestion côtière dans la région de Rabat-Salé-Kénitra a valu au Maroc d’être cité en exemple par la Banque mondiale dans un rapport qu’elle vient de publier sur la pollution de l’air, la pollution marine par le plastique et l’érosion des côtes dans la région MENA. Ce rapport indique notamment que la pollution atmosphérique et la dégradation des mers et des littoraux de la région engendrent un coût humain et économique considérable pouvant dépasser 3% du PIB dans certains pays de la région.

Gestion côtière : le Maroc cité en exemple par la Banque mondiale

Le Maroc est cité en exemple dans le domaine de la gestion côtière par la Banque mondiale. Cette institution internationale considère, en effet, dans un rapport qu’elle vient de publier, que «le plan de gestion côtière récemment mis en place dans la région de Rabat-Salé-Kénitra constitue un exemple régional de la manière dont des mécanismes multipartites pour la gestion intégrée des zones côtières peuvent bénéficier aux zones côtières».

Intitulé «Ciels bleus, mers bleues : Pollution de l’air, pollution marine par le plastique et érosion des côtes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord», ce rapport met en évidence la dégradation des actifs naturels «bleus» de la région MENA (un air pur, une mer saine et un littoral stable) et formule des recommandations pour résorber la menace pesant sur ce capital naturel. Il en ressort d'autant que la pollution atmosphérique et la dégradation des mers et des littoraux de la région engendrent un coût humain et économique considérable pouvant dépasser 3% du PIB dans certains pays de la région.

«La pollution atmosphérique et marine nuit à la santé et au bien-être social et économique de millions d’habitants de la région (…). L’amorce d’une reprise post-Covid représente un moment opportun pour changer de cap et choisir une croissance plus verte, plus bleue et plus durable, qui limitera les émissions et la dégradation de l’environnement», souligne Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale (BM) pour la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA).

Les auteurs du rapport notent que les niveaux de pollution atmosphérique des mégapoles de la région MENA figurent parmi les plus élevés au monde, et le citadin moyen respire un air où la concentration en polluants est au moins dix fois supérieure aux valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la qualité de l’air ambiant. Ils indiquent qu’environ 270.000 décès annuels sont imputables à la pollution atmosphérique, «un chiffre plus élevé que le cumul des décès dus aux accidents de la route, au diabète, au paludisme, à la tuberculose, au VIH/Sida et à l’hépatite aiguë». Ces forts taux de pollution coûtent à l’habitant moyen, selon le rapport, au moins 60 jours de maladie au cours de sa vie. Les coûts économiques induits sont considérables : environ 141 milliards de dollars par an, soit 2% du PIB régional, est-il ajouté.

L'érosion des côtes, une menace grandissante

De même, selon le rapport, le niveau de pollution plastique des mers de la région est le plus élevé au monde. «Avec plus de 6 kg de déchets par personne et par an, la pollution marine s’accroît et représente un coût annuel environ égal à 0,8% du PIB régional», selon les estimations du rapport. Cette pollution résulte principalement, selon la BM, d’une gestion inadéquate des déchets solides et d’une surconsommation de plastique, due en partie à l’absence de solutions alternatives. Le rapport relève que dans les régions du Maghreb et du Machreq, près de 60% des déchets ne bénéficient d’aucun traitement adapté et les décharges à ciel ouvert prédominent, y compris dans les pays du Golfe à revenu élevé. Pis, le volume total des déchets produits devrait pratiquement doubler d’ici à 2050 pour atteindre 255 millions de tonnes (contre 129 millions de tonnes en 2016), ce qui viendra encore aggraver la situation, prévient la BM.

En plus de la pollution marine, le rapport pointe également «la menace grandissante» que constitue l'érosion des côtes, dont le rythme dans la région MENA est le deuxième plus rapide au monde. Au Maghreb, plus particulièrement, note-t-il, l’érosion du littoral atteint un rythme moyen d’environ 15 cm par an, soit plus du double de la moyenne mondiale (7 cm/an). «La disparition des plages de la région MENA met en péril les moyens de subsistance, notamment parmi les populations pauvres», déplore la BM. Ce qui «nuit à la pêche, restreint le tourisme côtier et menace les activités connexes». Selon la BM, le coût direct de l’érosion côtière en termes de destruction de terres et de bâtiments (et donc, sans prendre en compte la diminution des recettes touristiques et autres coûts indirects) varie de 0,2% du PIB en Algérie à 2,8% en Tunisie.

Le rapport attribue la dégradation du patrimoine bleu de la région MENA à diverses carences. Il met en cause notamment l’absence de connaissances fiables sur les sources et les secteurs responsables d’une telle détérioration. «Il importe donc d’affiner les études qui déterminent les sources de pollution atmosphérique et de pollution marine par les plastiques, et de produire des travaux plus détaillés sur les dynamiques à l’œuvre dans l’érosion côtière», insistent les auteurs du rapport, estimant que des programmes de sensibilisation sont tout aussi essentiels pour informer le grand public et l’encourager à exiger des changements.

Ce que recommande la Banque mondiale

En ce qui concerne la pollution atmosphérique, le rapport préconise de «chiffrer son coût et d'en faire payer le prix, de réformer les subventions aux carburants fossiles et de créer des marchés pour les émissions polluantes, tout en mettant à disposition des modes de transport plus propres». La BM estime que l’application effective de normes d’émission plus strictes pour le secteur industriel est cruciale, tout comme l’amélioration de la gestion des déchets solides, afin de réduire le brûlage à l’air libre des déchets agricoles et municipaux.

Pour ce qui est de la lutte contre la pollution marine par les plastiques, le rapport recommande de «renforcer la gestion des déchets solides, de créer des structures de marché fiables pour le recyclage et de collaborer plus étroitement avec le secteur privé pour remplacer les plastiques, tout en diminuant les subventions aux combustibles fossiles qui réduisent artificiellement le prix des plastiques par rapport à des solutions alternatives».

S’agissant de la lutte contre le recul des littoraux, pour la BM, les États doivent mieux maîtriser les facteurs d’érosion et définir les zones sensibles, tout en lançant des programmes de gestion intégrée des zones côtières et en adoptant des solutions fondées sur la nature qui protègent les littoraux (comme la végétalisation des dunes ou l’implantation de récifs artificiels). Le rapport recommande d’encadrer les pratiques intensifiant l’érosion côtière, notamment par l’arrêt effectif de toute extraction illégale de sable et la modernisation des barrages qui ne laissent pas passer les sédiments fluviaux vers les côtes.

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