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Recherche académique sur l'histoire du Maroc : l'avis de Gilbert Sinoué

Référence majeure du roman historique, Gilbert Sinoué revient pour «Le Matin» sur ses débuts en littérature, son intérêt pour la civilisation arabe et son intérêt particulier pour l'histoire du Maroc.

Recherche académique sur l'histoire du Maroc : l'avis de Gilbert Sinoué
Gilbert Sinoué.

Le Matin : M. Gilbert Sinoué, le romancier de renom que vous êtes voudrait-il nous parler de ses premiers pas en littérature et comment en est-il arrivé à puiser dans l'histoire une part du matériau de romans à succès ?

Gilbert Sinoué : Je pense que la vocation (car c’est une vocation que celle d’écrire) est née du plaisir de lire. Très jeune, adolescent au Caire, je me suis passionné pour les romans d’Alexandre Dumas, Jules Vernes, puis progressivement pour des auteurs plus «classiques», tels qu’Albert Camus ou Chateaubriand. Très vite aussi, j’ai été attiré par l’Histoire sans doute parce que j’y trouvais de grandes figures, bien plus intéressantes que celles que l’on côtoie de nos jours. En bref, je dirais que j’ai été porté par le désir de revisiter le passé, en tirer des leçons et y chercher des éclairages pour mieux comprendre le présent.

Qu'en est-il précisément du dosage que vous établissez entre l'imaginaire propre du romancier et l’histoire ?

Dosage est le mot-clef. Quand vous effectuez des recherches sur un sujet pendant un ou deux ans, vous disposez d’un coffret rempli d’informations, avérées ou pas, puisque les historiens se contredisent souvent. Dans un autre, on trouve l’imaginaire, le fantasme de l’écrivain, les personnages de fiction. Toute la complexité du roman historique se tient dans le mélange de ces deux coffrets afin que la documentation ne vienne pas dévorer l’aspect romanesque et inversement. Il s’agit de maintenir un juste équilibre entre le rêve et la réalité. Ce n’est pas toujours facile.

Comment vous est venue l'inspiration des livres que vous avez consacrés notamment à Averroès et à Avicenne ?

Par l’intérêt pour la civilisation arabe. De nos jours, nous avons totalement oublié ce que fut cette immense civilisation. Elle a d’une part été gommée par l’Occident, mais aussi délaissée par la jeunesse musulmane. Qui se souvient de Abbas ibn Firnas, qui fut le premier à entreprendre le projet fou de voler vêtu d’un manteau orné de plumes, en s’élançant du haut du minaret de la Grande Mosquée de Cordoue ? Qui se souvient d’Al Khawarizmi, le père de l’algèbre ? ou d’Al-Razi, le père de la médecine expérimentale, d’Ibn Khaldoun, précurseur de la sociologie moderne, du géographe Al-Idrissi ? C’est mon désir de rappeler cette période qui m’a inspiré ces deux romans.

Dans quelles conditions vous êtes-vous engagé dans «L'île du Couchant» ? Et que vous inspire l'histoire du Maroc ? Avez-vous consulté des historiens marocains ? Quelle a été la réception de ce roman au Maroc où vous êtes venu le présenter à Casablanca ?

L’idée d’écrire sur le Maroc n’est pas née d’hier. J’ai visité ce pays à plusieurs reprises, d’abord en simple touriste, puis pour participer à des rencontres avec les étudiants de divers lycées à Rabat, Marrakech ou Casablanca. Lors de ces rencontres, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec des professeurs, des intellectuels, des personnes passionnantes qui ont semé la graine en moi. C’est ainsi qu’insensiblement est née l’idée d’écrire un triptyque sur l’histoire du Maroc. Trois volumes. Le premier («L’Île du Couchant») couvrant la période de 1672 à 1727. Le deuxième, intitulé le «Bec de Canard», qui va de 1808 à 1912, et le troisième qui s’achèvera le 7 avril 1956, jour de l’indépendance. Bien évidemment, j’ai fait appel à des historiens marocains, et tout particulièrement à Monsieur Mustapha Qadery, qui me fut d’un très grand secours. L’Histoire marocaine contient tous les ingrédients du roman historique. Guerres, rivalités, jalousies, conflits familiaux, luttes pour le pouvoir mais aussi figures féminines exceptionnelles. On ne peut rêver mieux pour un romancier. Le premier tome («L’Île du Couchant») a été merveilleusement accueilli par les lecteurs marocains ; bien au-delà de mes espérances.

 

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