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SIEL : l'évolution de l’écriture des femmes au Maroc mise en avant

«Femmes écrivaines : quelle évolution, quels sujets abordés, quel avenir ?» C'est la thématique discutée par un panel de trois femmes, Bahaa Trabelsi, Fawzia Talout Meknassi et Nora Boukaftane, avec la modération d’Aïcha Belarbi. Un sujet très important qui met en évidence le rôle de la femme écrivaine et son impact dans la société, ainsi que les évolutions qu’elle a connues au Maroc.

SIEL : l'évolution de l’écriture des femmes au Maroc mise en avant
Conférence sur les femmes écrivaines au Siel. Ph. Kartouch

Au 27e SIEL, on peut constater la présence remarquable d’écrits de femmes dans tous les genres littéraires : le roman, la poésie, l’essai et autres. Aïcha Belarbi, en présentant le panel animé par trois femmes écrivaines, Bahaa Trabelsi, Fawzia Talout Meknassi et Nora Boukaftane, souligne que notre société foisonne de contradictions et de centres d’intérêt. Elle encourage ainsi les femmes à se mettre à écrire, aidées et coachées par les femmes écrivaines confirmées. Car chacune a un potentiel extraordinaire qu’elle peut développer et partager avec les autres. Kateb Yassine avait dit qu’«une femme qui écrit vaut son pesant de poudre», dans le sens où son écriture retentit, éclabousse l’assistance et bouleverse l’ordre social. Selon Belarbi, «les femmes ont toujours écrit leur vie, car elles aiment les mots et les paroles, se racontent et créent des histoires. C’est leur façon de séduire et de se venger.

On ne peut évoquer ce sujet sans parler de feu Fatéma Mernissi et tout ce qu’elle a consenti comme efforts, à travers des ateliers qu’elle avait organisés pour inciter les femmes à écrire. Sans oublier que le mouvement féministe a contribué à développer cette écriture de femmes, en abordant divers sujets et problématiques», indique Belarbi, qui a remarqué que la fibre féministe est moins forte chez les hommes. Ce qui différencie, en quelque sorte, l’écriture des deux sexes, selon elle. En prenant la parole, l’écrivaine Bahaa Trabelsi a précisé que l’écriture des femmes (et non écriture féminine qui est un terme totalement désuet), aujourd'hui, n’est pas que romanesque. Mais, si on devait forcément la cataloguer, on dirait qu’à un moment donné on a dit écriture féminine, puis féministe et universelle.

«Quand j’ai commencé à écrire dans les années 1990, on nous a matraqués avec l’appellation d’écriture féminine. Aujourd'hui, dans le monde, ce terme a quelque chose de péjoratif. Car on parle d’écriture pseudo-romantique, sachant que le romantisme est un courant littéraire et artistique. Après, on a l’écriture féministe qui trouve toute sa légitimité et s’incarne dans un cadre à la fois historique et socio-politique, cherchant des textes littéraires, des essais, des romans, mettant en avant les droits des femmes, les droits à l’égalité ou la parité. Elle est à la fois de femmes et d’hommes. Puis il y a l’écriture universelle qui transcende le genre et n’a pas de sexe.

C’est d’ailleurs celle de l’humain que tout le monde revendique et qui aborde toutes les grandes thématiques universelles de l’humanité». Concernant le fait de s’autoproclamer écrivain, Trabelsi dit qu’un écrivain est quelqu'un qui, au cours de son expérience littéraire, a gagné des galons. «Mais pour qu’on puisse dire qu’on est un écrivain, cela suppose que nous ayons un cadre fait de critiques littéraires, de professionnels de la littérature qui peuvent dire que c’est un écrivain ou pas. En attendant cela, on peut parler d’auteurs». Elle a aussi souhaité avoir une table ronde qui parle d’autres problématiques comme la transgression, la liberté, la polygamie, l’héritage, l’avortement et plein d’autres thématiques, avec un panel d’écrivains et d’écrivaines.

De son côté, la deuxième intervenante, Fouzia Talout Meknassi, femme de Médias connue dans le domaine associatif, a dit qu’en écrivant, elle essaye de transmettre des choses qu’elle vit au quotidien et que le sujet des femmes n’a pas été choisi délibérément. «Ce sujet de femmes est venu vers moi. D'ailleurs, dans le texte que j’écris actuellement, il y a aussi des femmes qui racontent l’évolution de Casablanca. Ce qui rejoint un peu mon premier livre qui raconte le vécu des femmes qui font de l’artisanat. Je ne fais que raconter ce qu’elles me disent. Et j’estime que toute femme devrait écrire et raconter ce qu’elle vit ou ce qu’elle voit. Il faut aussi savoir qu’en plus des trois catégories qu’a évoquées Bahaa, il y a la femme qui a écrit le roman, comme Khnata Bennouna au début des années 1950».

Par ailleurs, la professeure universitaire Nora Boukaftane, qui a écrit un ouvrage sur les écrits des femmes pionnières, à travers leur esprit critique des années 1960, la recherche de l’identité, la lutte contre l’obscurantisme social et politique, le soutien au peuple palestinien et les débats sur les idées et libertés. Elle a spécifié que cette production reste caractérisée par la tendance à aller vers des thèmes en rapport avec la condition de la femme et de l’enfant. «Cette littérature, qui a eu du mal à émerger, est apparue dans un contexte social, politique et économique marqué par le changement et l’incertitude.

Le Maroc nouveau est en train de naître et le Maroc traditionnel manifeste sa résistance à ce changement. On peut citer, comme exemple, la question du voile et du travail de la femme qui ont suscité des discussions virulentes entre le modernisme et les tenants du conservatisme. Le récit féminin est né d’une condition sociale dans une situation particulière et spécifique. Ce qui a indéniablement impacté le choix des thèmes et des personnages, à travers une écriture libérée et sans tabous qui aborde plusieurs sujets», conclut Nora Boukaftane, dont l’exposé a montré que si les femmes écrivaines ont été un phénomène exceptionnel par le passé au Maroc, aujourd'hui le domaine de l’écriture des femmes connaît une grande évolution.

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