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Jeudi 28 Mars 2024
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Prix des carburants : toujours pas d'accord gouvernement-transporteurs

Les membres de la coordination des syndicats du transport routier et le ministre du Transport et de la logistique se sont quittés mardi soir à l'issue de leur réunion sans formuler aucune proposition concrète susceptible de satisfaire les revendications des transporteurs routiers. Les syndicats qui réclament un plafonnement des prix des carburants ont renvoyé la balle au gouvernement pour qu'il agisse d'ici dimanche. À défaut, ils entameront une grève de 72 heures, qui pourra être prolongée jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée.

Prix des carburants : toujours pas d'accord gouvernement-transporteurs

Les syndicats du transport routier sont repartis bredouilles après leur réunion avec le département de tutelle. À leur demande pressante au gouvernement d’intervenir pour plafonner les prix des carburants qui ne cessent d’augmenter suite à la flambée du cours du baril de pétrole, le ministre, Mohammed Abdeljalil, a répliqué qu’il allait faire remonter cette requête au Chef du gouvernement avant de revenir vers eux. En attendant alors la réponse du Chef du gouvernement, les sections sectorielles affiliées à cinq centrales syndicales (UMT, UGTM, CDT, UNTM et FDT) disent maintenir la grève qu’elles avaient annoncée. Une grève prévue pour lundi et à laquelle le Syndicat national des conducteurs de taxi a décidé également de se rallier.
«Tout est entre les mains du gouvernement. Nous avons décidé de faire une grève de 72 heures, reconductible, à partir du lundi 7 mars, si aucune solution n’est mise en place par le gouvernement face à la flambée des prix à la pompe. Et cette solution ne peut consister qu’en un plafonnement des prix et une réduction de la marge bénéficiaire des distributeurs», a indiqué au «Matin» le secrétaire général du Syndicat national des professionnels du transport routier (affilié à la CDT), Mounir Benazzouz.

Et même les syndicats qui ne partagent pas l’idée de recourir à la grève, comme l’Organisation démocratique des transports et de la logistique multimodale, ne projettent pas non plus de camper longtemps sur cette position. «Si le gouvernement n’agit pas pour alléger les coûts des professionnels de la route liés aux carburants, lesquels absorbent aujourd’hui 60% de leurs charges, nous n’aurons alors d’autre choix que de débrayer», avait affirmé au «Matin» le secrétaire général de l’ODTLM, Mustapha Chaoune.
Le gouvernement se retrouve donc au pied du mur. La flambée des prix des carburants pèse lourdement sur les caisses des professionnels de la route, et les plafonner revient à plomber le budget de l’État. Ce mercredi 2 février, le prix du baril de pétrole a atteint 113 dollars et, selon les analystes, il devrait encore s’envoler. Certains experts estiment que la solution la plus appropriée pour le gouvernement Akhannouch est de subventionner directement ces professionnels. Un plafonnement des prix (possible en vertu de l’article 4 de la loi 104.12 sur la liberté des prix et de la concurrence, pour une durée de 6 mois, prorogeable une seule fois) impliquerait de subventionner les prix des carburants pour tous les consommateurs. Or la loi de Finances 2022 ne comporte pas de rubrique consacrée à cette dépense qui peut s’avérer très astreignante, au vu du contexte géopolitique et économique mondial, propice à une montée en flèche des prix des matières premières.

L’Exécutif et par la voix du ministre délégué auprès du ministère de l’Économie et des finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, avait également exclu toute révision des taxes imposées aux produits pétroliers. Ces taxes, avait assuré Fouzi Lakjaâ, sont parmi les plus basses dans la région MENA. «L’impôt constitue 37% du prix du gasoil, contre 53% dans d’autres pays de la région, alors qu’il constitue 47% du prix de l’essence, contre 62% ailleurs», avait-il souligné. Cette révision à la baisse des taxes (taxe intérieure de consommation-TIC et taxe sur la valeur ajoutée-TVA) compte également parmi les propositions des professionnels pour faire baisser les prix.

Le gouvernement est appelé dans tous les cas à apporter une solution aux professionnels de la route, comme il l’a fait pour les agriculteurs sinistrés par la sécheresse. Le 15 février dernier, la Fédération du transport et de la logistique (FTL), affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), avait annoncé qu’elle menait des consultations avec le gouvernement pour évaluer le coût réel de la hausse des prix des carburants, pour ensuite le répercuter sur les clients. Une augmentation des tarifs de transport routier de marchandises d’environ 15% était alors attendue, mais aucune annonce n’a été faite depuis. Le gouvernement a dû considérer que le coût social d’une telle augmentation serait lourd de conséquences. 

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