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Hicham Bensaïd Alaoui : «Nous n’irons pas très loin avec les 3% de croissance prévus cette année»

Hicham Bensaid Alaoui, directeur général d'Euler Hermes Acmar, était l'invité de l'Info en face, l'occasion d'analyser la conjoncture économique actuelle et les prévisions.

Hicham Bensaïd Alaoui : «Nous n’irons pas très loin   avec les 3% de croissance prévus cette année»
Hicham Bensaid Alaoui : «Personnellement, je serai partisan du fait de laisser filer un peu la dette parce qu’il faut bien, à un moment, avoir des mesures volontaristes». Ph: Sradni

Le taux de croissance du PIB attendu cette année au Maroc ne pourra pas apporter la reprise économique dont le pays a besoin, indique Hicham Bensaid Alaoui. Le directeur général d’Euler Hermes Acmar était l’invité de Rachid Hallaouy pour l’Info en Face. «Ce n’est pas avec les 3% de croissance que nous irons bien loin, il faudrait peut-être tendre vers les 7% chinois ou indiens ou vers les 3,5% de certaines puissances de la grande époque, mais 3% reste modeste», souligne-t-il. «En 2022, ce n’est pas grâce aux 3% qu’il y aura de l’émergence, parce qu’avant la Covid, quand nous faisions 4,5% de croissance ou 4,4% de croissance moyenne pondérée sur 12 ans, la courbe du chômage ne s’infléchissait pas, l’endettement public ne baissait pas». Pour Hicham Bensaid Alaoui, il serait encore tôt pour se prononcer sur les perspectives de cette année, «je pense que nous maintenons un rythme économique et des prévisions orthodoxes, qui ne vont pas dans le sens d'une aggravation de la situation sanitaire, nous devrons tendre vers les 3%, mais encore une fois 3% ce n'est pas suffisant et il faut que nous trouvions des leviers pour passer à 4%, 5% ou 6% si nous voulons une réelle émergence».

Le DG d’Euler Hermes Acmar précise que pour contrer les effets de la crise sanitaire, «l’endettement est le levier de financement ultime le plus pragmatique». Pour lui, 100% du PIB d’endettement n’est pas forcément tout à fait catastrophique. «Le Japon tend vers les 250%, la Zone euro dépasse allègrement les 100%, idem pour les États-Unis. Tout dépend de ce que nous faisons avec cet argent». Énumérant les infrastructures du Royaume, l’invité de Rachid Hallaouy souligne que «le Maroc est une monarchie extrêmement stable qui fait le bonheur de n’importe quel bailleur de fonds. Nous avons vocation à lever énormément de fonds, ce qui nous permet de financer notre économie. Personnellement, je serai partisan du fait de laisser filer un peu la dette parce qu’il faut bien, à un moment, avoir des mesures volontaristes». Le DG explique, par ailleurs, que le pays dispose de fondamentaux «extrêmement rares, voire uniques en Afrique, mais aussi d’une économie marocaine diversifiée».

Pour relancer la croissance, Hicham Bensaid Alaoui souligne qu’il faut tout d’abord arrêter l’hémorragie, en l’occurrence les effets de la Covid qui ont extrêmement fragilisé la conjoncture économique. «S’il n’y a plus de confinement, si les relations économiques entre partenaires redeviennent un tant soit peu normales, nous pourrons dire que nous aurons à gérer les choses courantes à travers la création de richesses en 2022. Mais il est clair que si nous allons sur les marchés internationaux pour lever des fonds, pour financer les effets du manque à gagner ou le manque de croissance parce que nous avons pris des mesures politiques qui peuvent influencer négativement la croissance, effectivement ce sera problématique». «Je pense que la souveraineté marocaine, tant économique que politique, est un acquis, et si pragmatiquement nous voulons miser sur l'avenir, il faut financer et trouver des sources de financement qui ne peuvent se trouver, heureusement ou malheureusement, que dans des leviers de financement externe».

Relèvement des taux de la Fed, quel impact sur le Maroc

Pour le DG d’Euler Hermes Acmar, le Maroc ne devra pas trop se soucier du relèvement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed). «Si j’avais été Turc, je pense que j’aurai passé quelques nuits blanches. Le grand avantage qu'a le dirham marocain c'est qu'il est indexé de manière très pragmatique sur les monnaies qui nous servent en tant qu'importateur sachant que le Maroc est un importateur net. C'est de dire comme le dirham est indexé à 60% sur un panier euros et à 40% sur un panier dollars, avec une petite zone de flottement, si les taux à l'international augmentent, l'impact sur la monnaie marocaine et l'impact sur l'inflation seront infinitésimales».
«Le pays importe beaucoup plus qu'il n'exporte, nous sommes sur un déficit commercial structurel entre 15 et 20%. Nous sommes des importateurs nets tout simplement parce qu'il faut bien financer la facture énergétique dont les prix augmentent de 35%». Et d’ajouter : «Pour un pays qui pragmatiquement doit rembourser la dette qu'il a et celle qu’il souhaite lever, je trouve qu'une politique de monnaie forte comme le dirham est un choix extrêmement avisé et judicieux».

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