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Les Régionales de l'investissement : Le potentiel de l'industrie pharmaceutique et médicale exposé à Rabat

​Fortes de leur franc succès en 2021, les «Régionales de l’investissement» de la Banque Populaire reviennent pour capitaliser sur un premier bilan plus que satisfaisant. Nouveauté cette année : focus sur un secteur spécifique à chaque escale régionale, en présence d’un invité de marque. Pour l’étape inaugurale qui a eu lieu à Rabat le 31 mai, c’est le secteur de l’industrie pharmaceutique et médicale qui était sous les feux de la rampe. Un secteur auquel Sa Majesté le Roi Mohammed VI porte une attention particulière pour assurer la souveraineté sanitaire du Royaume, élément essentiel de sa sécurité stratégique.

C'est parti pour la deuxième édition des «Régionales de l'investissement». Le directeur général de la Banque Populaire, Jalil Sebti, a donné le coup d'envoi de ce roadshow le mardi 31 mai à Rabat. Au programme de cette première étape, un grand focus sur le secteur de l'industrie pharmaceutique et médicale. Le ministre du Commerce et de l'industrie, invité spécial de cette première étape, a souligné en ouverture de cet événement qu’«aujourd'hui, nous sommes dimensionnés pour servir un marché de 2 milliards de personnes en ayant un accès facilité pour nos produits à ce marché, en raison de l'absence (ou presque) de barrières commerciales, et grâce aussi à une infrastructure, notamment logistique, qui nous permet d'être connectés au monde de manière régulière et à des tarifs assez compétitifs».

L'objectif est, d’après M. Mezzour, non seulement de substituer les importations, dont la valeur est estimée aujourd'hui à 62,6 milliards de dirhams, mais aussi d'aller vers l'exportation avec un potentiel de 70,5 milliards de dirhams. Cet objectif vaut également pour l'industrie pharmaceutique et médicale marocaine, laquelle est appelée à exploiter tout le potentiel des mouvements de relocalisation post-Covid, mais également de l'objectif stratégique du Royaume d'assurer sa souveraineté sanitaire et celle de l'Afrique. Preuve en est notamment le lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI de la construction de l'usine de fabrication du vaccin anti-Covid-19 et d'autres vaccins, «SENSYO Pharmatech», destinée à positionner le Royaume comme un hub biotechnologique incontournable en Afrique et dans le monde.
Les thèmes des trois panels retenus pour cette première étape ont fait l'objet de discussions profondes et ouvertes par une pléiade d'éminents invités et ont permis de dégager une idée claire sur la réalité et les perspectives de ce secteur, ainsi que sur les leviers de son développement en général, et dans la région de Rabat-Salé-Kénitra en particulier.

Industrie pharmaceutique et médicale : réalités et perspectives

Le secteur de l'industrie pharmaceutique et médicale au Maroc existe depuis plus de 60 ans, emploie 55.000 personnes et génère actuellement un chiffre d'affaires annuel de 16 milliards de dirhams. Il se classe au deuxième rang en Afrique. De par son poids et son historique, ce secteur a atteint aujourd'hui une certaine maturité avec un niveau respectable de savoir-faire et d'expertise. Il est actuellement à un tournant très important, au sortir de la crise de la Covid. Cette pandémie a en effet fait ressortir les forces et les faiblesses de ce secteur. Parmi les points forts, on a pu découvrir notamment une certaine résilience et agilité de ce pan de l'économie, qui a su faire face, contrairement à d'autres pays, même parmi les plus grands, à cette crise. En revanche, des points faibles ont été mis à nu, particulièrement sur le plan législatif et de recherche-développement.

Opportunités à saisir

La nouvelle configuration géopolitique mondiale a généré des opportunités à l'issue de la crise de la Covid. Les Européens, en particulier, ont découvert à quel point ils étaient vulnérables pendant cette pandémie, en raison de la délocalisation d'industries clés du secteur vers des pays tels que la Chine. Confrontés à une rupture de stock de médicaments et de dispositifs médicaux pendant cette crise, les pays européens s'emploient aujourd’hui à relocaliser leurs industries pharmaceutiques et médicales. Relocalisation où le Maroc est en haut de la liste pour accueillir des unités industrielles grâce à sa proximité géographique, son capital humain qualifié, la maturité de son secteur pharmaceutique et médical, sa logistique et sa transition vers les énergies propres, mais qui nécessite encore une préparation à certains niveaux.
Parmi les opportunités à saisir, il y a également la généralisation de la couverture médicale qui ouvrira et développera le marché (appelé «Réservoir patient»), pour intégrer 22 millions de citoyens marocains supplémentaires qui viendront s'ajouter aux 14 millions déjà bénéficiant d’une couverture médicale. Sans oublier les opportunités offertes par l'ouverture sur l'Afrique qui offre aux investisseurs marocains un espace pour exporter des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux.

Une stratégie portée par trois acteurs

La stratégie du Maroc pour le développement de ce secteur a été établie par le ministère de de l'Industrie et du commerce, le ministère de la Santé et l'Association marocaine des groupes de santé (AMGS), qui regroupe, en gros, les cliniques privées du Maroc. Ces trois parties ont signé conjointement une convention pour asseoir cette stratégie du «Made in Morocco» afin d'atteindre cet objectif de souveraineté sanitaire et la mise en place effective de la couverture médicale. Cette stratégie a pour finalité de créer un écosystème qui soit un «fast track» des produits développés au sein du cluster médical. Ces derniers s'emploieront donc à fabriquer les produits nécessaires, tandis que le ministère de l'Industrie et du commerce sera chargé, selon les termes de la convention, d'accompagner et de mettre en relation les différents acteurs et de fournir un appui en matière de propriété intellectuelle (problème régulièrement soulevé par les investisseurs marocains). Le ministère de la Santé, pour sa part, se chargera de la certification, de la qualification et des essais des produits. L'AMGS œuvrera donc pour la fabrication de produits purement marocains dans un premier temps, et veillera dans un deuxième temps à ce que la priorité soit donnée à ces produits lors des commandes publiques (70% des commandes nationales) et des commandes privées.

État des lieux du secteur dans la région de Rabat-Salé-Kénitra

En termes de chiffres, il ressort de cela, de prime abord, que la région est sous-représentée en termes d'investissements médicaux et de santé, d’après la présidente de la CGEM de Rabat-Salé-Kénitra, Bouthayna Iraqui Houssaïni. À titre indicatif, sur les 53 industries pharmaceutiques présentes au Maroc, seules trois se trouvent dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. Or cette région est celle qui présente le plus d'opportunités d'investissement au Maroc, grâce à son pôle universitaire avec deux Facultés de médecine, son CHU, la présence d'une dizaine d'hôpitaux (plus six dont l'ouverture est imminente), la présence de 58 cliniques privées (plus six en construction), sans oublier l'hôpital militaire qui est une référence en Afrique, l'hôpital Sheikh Zayed, et le lancement des travaux de construction du nouvel hôpital «Ibn Sina» d'une capacité de 1.000 lits.
En outre, la population de cette région est essentiellement urbaine et même sa population rurale est située à moins de 10 kilomètres des périmètres urbains. De plus, cette région abrite des zones industrielles en cours de développement offrant des avantages intéressants avec des procédures simplifiées qui permettront aux investisseurs d'y implanter leurs unités industrielles.
Autre atout et non des moindres, la présence de la Direction des médicaments et de la pharmacie (DMP) à Rabat, vers laquelle toutes les unités industrielles se tournent pour obtenir leurs certifications et qui est également chargée d'arrêter les normes du secteur. Aussi, souligne l’experte dans le secteur pharmaceutique, Radia Chmanti Houari, l'un des principaux laboratoires pharmaceutiques au Maroc est situé à Aïn Aouda (région de Rabat). Ce laboratoire fournit 50% des antibiotiques consommés au Maroc.

Leviers de développement des investissements et des exportations dans la région

Le Conseil de la région de Rabat-Salé-Kénitra, selon son président, Rachid El Abdi, se fixe un objectif de croissance de 2%, supérieure à la moyenne nationale, pour les six prochaines années. À cette fin, trois axes de travail ont été identifiés :
• Un échange étroit avec les partenaires économiques et institutionnels.
• Travailler sur l’image de la région.
• Mettre en place les instruments de promotion et d’investissement à travers notamment :
− La création d’un Fonds de promotion de l'investissement de 1,25 milliard de DH (déjà opérationnel). La convention-cadre relative à ce Fonds a la particularité d’être paramétrable selon les villes de la région (dans la mesure où la réalité de Rabat n’est pas celle de Témara ou de Khémisset).
− L’adoption d’un manuel de procédures qui a été élaboré en collaboration avec le Centre régional d’investissement (CRI) qui a deux particularités, à savoir la transparence des informations et la formulation très simple des procédures.
Le Conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra mise également sur les atouts de sa région, à savoir le foncier (disponible notamment dans la région de Bouknadel, appelée à devenir une zone d'accélération industrielle, Aïn Johra et Témara) et la formation par le biais d'une collaboration avec les instituts de formation professionnelle afin d'adapter des formations spécifiques aux besoins des investisseurs dans la région, puis d'offrir des solutions de formation directe sur le site de l'investisseur.
Pour le développement de l'investissement et de l'exportation à l'échelle nationale, la directrice générale de l’Industrie au ministère de l’Industrie et du commerce, Lalla Kenza El Alaoui, a parlé de la transformation de la «Banque des projets» en «Task force souveraineté», qui reste une structure physique relevant du ministère de l'Industrie. Cette «Task force souveraineté» collabore avec tous les partenaires (CRI, AMDIE, etc.) et intervient sur le foncier, la formation, la certification, etc. Le premier fruit du travail de cette «Task force» est l'identification de 1.065 projets pour une enveloppe budgétaire totale de 46 milliards de DH, qui permettront de créer 100.000 emplois directs et 150.000 emplois indirects (la part de la région de Rabat-Salé-Kénitra dans ces projets sera de 9% pour 17.500 emplois).

Le directeur général du Commerce au ministère de l’Industrie et du commerce, Abdelouahed Rahal, a indiqué, quant à lui, que la réflexion est engagée pour tirer le maximum de bénéfices de la relocalisation résultant de la perturbation des chaînes de valeur mondiales. La région de Rabat-Salé-Kénitra, a-t-il précisé, est bien positionnée pour accueillir de nouvelles unités industrielles. «À cet effet, une équipe conjointe a été mise en place entre le ministère, les départements concernés et le secteur privé qui a fait une étude des opportunités, dégagé un potentiel théorique et également un potentiel non exploité de 120 milliards de DH. Cette équipe a dégagé ensuite 60 produits qui ont donné lieu à 1.200 couples “marché-produit”. Des fiches ont été rédigées sur chaque marché, comprenant notamment les données d’investissement et les produits pouvant être commercialisés dans ce marché», a expliqué M. Rahal. Il a donné l'exemple du coton au Bénin et au Burkina Faso. L'opportunité à saisir serait d'aller installer dans ces deux pays de petites unités de filature, puis d'amener ce coton filé au Maroc pour en faire des produits finis à exporter.

Le chargé de mission «Partenariats institutionnels stratégiques» à l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE), Ali Mehrez, a expliqué, lui, que l'Agence ne se contente pas d'accompagner les exportateurs, mais les accompagne réellement jusqu'au bout pour qu'ils obtiennent le résultat escompté au départ. Et de faire remarquer que le premier constat qui a été fait est qu'il y a une spécificité de chaque expérience d’exportation. Chaque entreprise qui veut exporter des produits du Maroc suit vraiment un parcours particulier. «Il n'y a pas de modèle d'exportation pour les acteurs marocains», dit M. Mehrez, ajoutant que «des scénarios pour chaque exportateur sont prévus pour l’accompagner de bout en bout». «La stratégie de l’AMDIE repose sur l’anticipation des questions, le balisage du terrain et l’orientation de chaque exportateur en fonction de son cas», a-t-il précisé.
Mohamed Benmokhtar, du CRI de Rabat-Salé-Kénitra, a évoqué pour sa part la loi n°47-18, qui a fixé un cadre de réforme des CRI axée sur leur restructuration, la création de la commission régionale unifiée des investissements (ayant pour principal objectif la simplification des procédures). Les CRI, poursuit M. Benmokhtar, se dotent grâce à cette loi d’un pôle de promotion et d’impulsion économique ce qui revient à dire que chaque région, à travers son CRI, fait sa propre promotion.

Dispositifs d’accompagnement et de financement

En termes de financement et d'aide, les investisseurs ont à leur disposition plusieurs types de solutions. Aujourd’hui, une société comme «Tamwilcom» (société anonyme détenue par l'État marocain) intervient pour fournir des services financiers traditionnels (principalement dans le «crédit par signature», c'est-à-dire la garantie, et accessoirement le «crédit par décaissement», mais aussi des services non financiers, en aidant à accéder au leasing par exemple) destinés notamment aux TPME.
Son directeur général, Hicham Zanati, a annoncé dans le cadre de ces «Régionales d'Investissement» que le plafond (pour les garanties), fixé à 10 millions de dirhams, a été réévalué en fonction du contexte de crise et s'élève désormais à 15 millions de dirhams. Le plafond de 20 millions de dirhams (tous financements confondus) a été porté également à 30 millions de dirhams.
Tamwilcom vient également de lancer «Fin-Créa», une plateforme numérique exclusivement dédiée aux TPE de moins d'un an, qui peuvent accéder pour la première fois à un financement bancaire et demander un crédit d'investissement pouvant aller jusqu'à 2 millions de dirhams. Cette solution permet aux PME de constituer un dossier conforme aux normes bancaires avant de solliciter un financement auprès de la banque de leur choix.

L'Agence Maroc PME, pour sa part, vient de lancer une nouvelle génération de programmes d'appui multiformes (du conseil et de l'expertise technique au financement et à l'appui à l'innovation). Il s'agit de cinq grands programmes : Istitmar, Mouwakaba, Nawat, Tatwir et Inmaa. Pour les deux premiers (Istitmar et Mouwakaba), ce sont deux programmes qui ont été reconfigurés et enrichis. Nawat est destiné aux micro-entreprises dans le but de les accompagner dans leur gestion quotidienne. Tatwir est destiné aux PME avec trois objectifs : l'élaboration d'un plan de décarbonation, l'optimisation de la facture énergétique et l'accompagnement des projets d'équipement pour l'économie circulaire. Inmaa, pour sa part, consiste en une sorte d'«usine modèle» mise à disposition des TPME industrielles pour les initier à l’«e-management».

Pour la Banque Centrale Populaire, le directeur exécutif en charge du marché des PME, Mohamed Amimi, a souligné que les «Régionales de l’investissement» sont aujourd'hui devenues une plateforme d'accompagnement pour les entrepreneurs, lesquels bénéficient d'une assistance qui va au-delà des workshops organisés dans le cadre de ce roadshow. M. Amimi a également précisé que la BCP met à jour ses programmes en fonction des programmes lancés par l'État (par exemple, la BCP a lancé une ligne de crédit adaptée à la «Task Force Souveraineté»). Il a également mentionné les deux conventions signées avec la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique et le Moroccan Medical & Biomedical Industry Cluster, qui reflètent la volonté de soutenir le secteur de la santé avec une offre couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur de l'investissement dans ce secteur.
M. Amimi a également annoncé que la BCP s'apprêtait à lancer une offre spécialement conçue pour le secteur de la santé, couvrant toute sa chaîne de valeur. Il s'agit de l'offre «Health Invest», qui cible les cliniques privées, les unités de l'industrie pharmaceutique et médicale, les laboratoires d'analyse et de radiologie et les équipementiers du secteur médical. Cette nouvelle offre a pour objectifs :
• Le financement des investissements.
• Le financement de la trésorerie.
• Le financement de la recherche et développement.
Maroc Leasing accorde une attention particulière au secteur de la santé, notamment après la généralisation de la couverture médicale qui ouvrira ce marché et le programme «Made in Morocco». Le directeur général de Maroc Leasing, Adil Rzal, indique à cet égard que le secteur de la santé est un «secteur à risque zéro» où il n'y a pas d'impayés et qui est sur une dynamique qui se voit, par exemple, à travers l'ouverture de cliniques privées même dans les moyennes et petites villes. M. Rzal a souligné par ailleurs que le matériel médical est un équipement éligible au «financement vert» et bénéficie à cet égard des subventions prévues pour l’économie verte et de conditions avantageuses au niveau des crédits.

Le tissu industriel pharmaceutique et médical rassemble trois acteurs

Le tissu industriel du secteur pharmaceutique et médical au Maroc est composé de trois acteurs :
• Les multinationales directement installées au Maroc.
• Les unités industrielles qui fabriquent sous licence et assurent une forme de sous-traitance de certains produits avec comme résultat un transfert de technologie et de savoir-faire au Maroc.
• Les unités industrielles marocaines qui développent des produits pour le marché marocain (qui exploitent des brevets tombant dans le domaine public pour fabriquer des produits génériques, ou qui font de la recherche et développement, à petite échelle, pour fabriquer des produits purement marocains).

Volet législatif : le chemin est encore long

Pour le secteur pharmaceutique et médical, beaucoup de travail reste à faire sur le plan législatif. Concernant la partie «enregistrement», aujourd'hui, par exemple, pour qu'un médicament puisse être exporté, «il doit être fabriqué et commercialisé au Maroc», explique le président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques, Mohamed El Bouhmadi. Or il y a des cas où des produits ne peuvent pas être commercialisés au Maroc, comme c'est le cas des médicaments pour lutter contre le paludisme. Cette maladie s'est éteinte au Maroc, par conséquent, si un opérateur marocain fabrique un médicament pour la combattre, il ne pourra pas l'exporter, car il n'est pas commercialisé au Maroc, ce qui constitue une «aberration législative».

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Bouchra Berrada, présidente du directoire de la Banque Populaire Rabat-Kénitra

«Plus de 300 millions de dirhams ont été accordés à des projets au niveau de la région de Rabat-Salé-Kénitra»



«Aujourd'hui, nous entamons le deuxième roadshow des Régionales de l’investissement. Le Bilan de l’édition précédente nous a permis de booster nos réalisations en matière d’investissement. Cette édition 2021 s’est soldée par l’identification de quelque 80 projets au niveau de la région de Rabat-Salé-Kénitra. Le programme d’investissement se chiffre à 1,7 milliard de dirhams et le besoin de financement se situe à 1,14 milliard de dirhams. Aujourd'hui, la valeur financière des dossiers qui ont été traités dépasse les 500 millions dirhams et les montants accordés excèdent les 300 millions de dirhams.»

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Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques
«L’industrie pharmaceutique a pu se maintenir grâce à la fabrication locale»



«Je suis ravi d'avoir participé à ces rencontres régionales d'investissement organisées par la Banque Populaire. Ce fut une excellente occasion d'échanger sur les expériences dans le domaine de la santé, d'examiner les opportunités d'investissement et de discuter des grands enjeux qui se posent à notre pays, notamment en termes de santé publique, de couverture sociale universelle et de souveraineté sanitaire et thérapeutique. Le Maroc est aujourd'hui à un tournant en ce qui concerne la couverture médicale universelle, qui concerne 22 millions de citoyens. Par conséquent, tout l'écosystème doit être prêt à réussir ce chantier, qu'il s'agisse des médecins, des établissements de soins ou de l'industrie pharmaceutique, qui est prête à assumer sa responsabilité en matière de santé publique en apportant les médicaments nécessaires à cette population de 22 millions de citoyens.

En termes d'investissement, aujourd'hui, avec l'apport des banques, notamment la Banque Populaire, les investissements deviennent possibles et accessibles. L'industrie pharmaceutique, qui a 50 ans d'existence au Maroc, ne peut se passer d'investissements et elle a pu se maintenir grâce à la fabrication locale. Nous avons donc insisté sur la nécessité de favoriser cette fabrication locale et la préférence nationale, notamment pour les appels d'offres publics. Par rapport à l'ensemble de l'écosystème, l'industrie pharmaceutique tient un rôle fondamental en apportant des solutions adaptées. Bien sûr, nous avons besoin de produits innovants, mais aussi de produits génériques, lesquels sont préconisés par le ministère de la Santé pour assurer la pérennité et l'équilibre de la couverture sociale.»

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Mohamed Amimi, directeur exécutif en charge du Marché de la PME de la Banque Centrale Populaire
«Sur un potentiel révélé de 16 milliards de DH en 2021, 2,5 milliards ont déjà été approuvés par la Banque Populaire»



«Nous inaugurons aujourd'hui la deuxième édition des Régionales de l’investissement, encouragés par le succès de la première. L'édition 2021 a réuni près de 4.000 participants, en mode présentiel ou à distance, et a été marquée par la tenue de 500 workshops impliquant 350 entreprises. Son bilan a été très important puisqu'il a révélé un potentiel de 16 milliards de dirhams d'investissement, dont une grande partie dans le secteur industriel. Sur ce total, 2,5 milliards de dirhams ont déjà été approuvés par la Banque Populaire.

Pour cette nouvelle édition, nous nous sommes focalisés pour cette première étape à Rabat sur le secteur de l'industrie pharmaceutique et médicale afin d'explorer son apport aux objectifs de souveraineté sanitaire à l'échelle de notre pays et, pourquoi pas, à l'échelle du continent. Nous avons également examiné, lors de cette première étape, les perspectives offertes par la région de Rabat-Salé-Kénitra pour la relance de l'investissement en fonction des objectifs visant à assurer la souveraineté alimentaire, sanitaire, industrielle et énergétique. Cette édition a été, aussi et surtout, marquée par la communication faite en avant-première par la task force relevant du ministère de l'Industrie et du commerce, chargée de donner aux investisseurs une visibilité sur les opportunités qui s'offrent à eux dans le monde, notamment en Afrique.»



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Saïd Benhajjou, président du Moroccan Medical & Biomedical Industry Cluster
«Aujourd'hui, beaucoup d'industriels s’engagent dans l'industrie des dispositifs médicaux»



«Aujourd'hui, nous avons vu dans l'après-Covid combien il est important d'avoir une souveraineté sanitaire et de contrôler les flux d'importation ou de fabrication des dispositifs médicaux. De nombreux industriels marocains sont déjà engagés dans des industries telles que l'aéronautique, le ferroviaire ou l'automobile, et aujourd'hui nous en voyons d'autres s'engager dans l'industrie des dispositifs médicaux : d'une part, pour assurer la souveraineté du Maroc dans ce domaine et, d'autre part, pour faire émerger un nouveau secteur industriel qui servira le Maroc et promouvra ses exportations vers l'Afrique ou l'Europe. La signature d'un partenariat avec la Banque Populaire est en ce sens très importante, car les industriels devront investir et devront être accompagnés dans le développement de leurs entreprises et leurs investissements pour fabriquer des produits de classe 1, 2 ou 3, et donc participer à ce nouvel élan de l'industrie médicale au Maroc.»

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Entretien avec Mohamed El Bouhmadi, président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP)

Industrie pharmaceutique et médicale : «Le Maroc voué à jouer un rôle clé aux niveaux régional et continental»

 L'industrie pharmaceutique et médicale marocaine est promise à un bel avenir. Tant le contexte national, marqué par la généralisation de la couverture médicale, l'encouragement de la préférence nationale et les impératifs de la souveraineté sanitaire, que le contexte international avec le mouvement post-Covid de relocalisation des unités industrielles européennes laissent entrevoir cette belle destinée. Dans cet entretien accordé au «Matin», le président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP), Mohamed El Bouhmadi, parle du potentiel de développement de cette industrie et de ses perspectives, notamment dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, et fait également le point sur les principaux objectifs de la convention signée entre la FMIIP et la Banque Populaire.

Le Matin : Quel est le potentiel de développement de l'industrie pharmaceutique et médicale au Maroc, en général, et dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, en particulier ?

Mohamed El Bouhmadi : L’axe Rabat-El Jadida concentre le plus gros de l’industrie pharmaceutique et médicale au Maroc. Le potentiel de développement est donc plus important en dehors de cet axe, et la région de Rabat-Salé-Kénitra présente des atouts aussi bien sur le plan foncier que par rapport à la présence des administrations, notamment la Direction du médicament et de la pharmacie qui délivre l’ensemble des autorisations pour l’industrie pharmaceutique et médicale. Cette région offre, tout comme les autres régions du Maroc, des avantages pour la Recherche & Développement (R&D). En effet, elle abrite beaucoup de structures universitaires, grandes écoles et centres de recherche, ainsi que des incubateurs de startups.

Le développement d'une industrie pharmaceutique et médicale performante, à l'instar de l'industrie automobile par exemple, est-il envisageable, surtout à la lumière des nouveaux impératifs liés à la souveraineté sanitaire, à la relocalisation des chaînes de valeur mondiales, à l'import-substitution, à l'encouragement du capital national, etc. ?

Tout à fait, et le projet de l’unité des vaccins à Benslimane en est la preuve. Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique marocaine dispose d’un outil technologique de haut niveau, d’une maîtrise des processus industriels et nous avons les compétences et ressources humaines nécessaires. Tous les ingrédients sont donc réunis. La volonté politique est également exprimée. Il faut qu’elle soit déclinée en politiques d’encouragement et d’incitation à la fabrication locale génératrice de valeur ajoutée, d’emplois et de prix accessibles. La fabrication locale est surtout garante de la sécurité sanitaire et souveraineté nationale pour le médicament.

Enfin, le Maroc adhère à la politique africaine afin de parvenir à la souveraineté vaccinale au niveau continental pour faire face à tout risque sanitaire potentiel.
Nous sommes également attentifs à la volonté européenne de re-localisation des chaînes de valeurs mondiales et sommes disposés à participer activement au co-développement, avec l’Europe, d’une industrie forte et porteuse d’indépendance régionale et continentale, dans le respect de nos valeurs et de notre environnement.

Dans quelles proportions la convention que vous avez signée avec la Banque Populaire peut-elle promouvoir la montée en puissance de cette filière au niveau régional et national ?

In fine, cette convention a pour but :
• Relever la question de la souveraineté industrielle et sanitaire du Royaume, à travers la promotion du «Made in Morocco», notamment dans les secteurs devenus stratégiques pendant la crise sanitaire, au rang de priorités que s’assigne le gouvernement, en application des Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
• Développer le secteur de l’industrie pharmaceutique marocaine dans les années à venir, impulsée par le chantier stratégique de généralisation de la couverture médicale universelle au profit de tous les Marocains à l’horizon 2025.
• Dynamiser l’investissement dans le secteur pharmaceutique afin de permettre au Maroc d’opérer une percée à l’international, à travers notamment le lancement de projet de fabrication et de mise en seringue de vaccins visant à faire du Maroc une plateforme de biotechnologie de premier plan.
• Consolider le rôle de la FMIIP dans le renforcement du secteur pharmaceutique marocain pour répondre à la demande de médicaments post-pandémie, et permettre au pays d’atteindre son objectif d’offrir une couverture sanitaire universelle d’ici 2025.
• Assurer le financement qui représente un levier fondamental dans le développement de ce secteur à fort potentiel.
• Consolider le rôle de la Banque Populaire, en tant qu’acteur majeur, dans l’accompagnement du développement des secteurs stratégiques de l’Economie du Royaume.

Par le biais de cette convention, la FMIIP et la Banque Populaire ambitionnent d’agir conjointement pour le soutien des industries de l’écosystème pharmaceutique et médical, afin de permettre le développement d’une industrie marocaine rayonnante et pérenne, à la pointe de la technologie. Pour cela, la Banque Centrale Populaire (BCP) met en place un dispositif d’offres de financement et d’accompagnement adapté aux besoins des entreprises, notamment :
• Financement de l’investissement (en dirhams ou en devises).
• Financement du cycle d’exploitation.
• Financement à l’International.
Grâce aux efforts des acteurs de l’industrie pharmaceutique en matière d'investissement, à une réglementation adaptée et à l’appui des banques pour le financement des projets industriels, le Maroc est appelé à jouer un rôle capital au niveau régional et continental.

 

Dans les coulisses de l'étape Rabat 

La Banque Populaire a donné le coup d’envoi, mardi 31 mai à Rabat, de la deuxième édition de sa tournée nationale « Les Régionales de l’Investissement ». Retour en images sur les coulisses de cette escale et les témoignages des invités venus en force échanger avec les experts de la banque. 

 

 

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