Menu
Search
Mercredi 24 Avril 2024
S'abonner
close
Mercredi 24 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Économie

Pénurie des semi-conducteurs : la guerre en Ukraine aggrave la situation

Les conséquences de la guerre en Ukraine s'annoncent multiples, notamment pour l'industrie automobile et électronique, y compris au Maroc. L'Ukraine produit, en effet, 50% du volume mondial de néon et 40% du krypton, deux gaz indispensables à la fabrication de semi-conducteurs.

Pénurie des semi-conducteurs : la guerre en Ukraine aggrave la situation
Le néon purifié, un gaz essentiel pour assurer la découpe laser des semi-conducteurs, voit deux de ses producteurs cesser leur production.

Il est très peu connu, mais beaucoup d'entreprises en dépendent indirectement pour la continuité de leur activité. Le néon purifié, un gaz essentiel pour assurer la découpe laser des semi-conducteurs, voit deux de ses producteurs cesser leur production. Ainsi, deux entreprises ukrainiennes, Ingas et Cryoin, produisent, à elles seules, environ 45 à 54% du néon dans le monde à destination des semi-conducteurs, selon les calculs de Reuters basés sur les données des entreprises et du cabinet d'études Techcet.
«Un impact à venir directement chez les fabricants automobile et informatiques dans 3 à 4 mois et le Maroc ne sera en aucun cas épargné par cette nouvelle série de pénuries et de hausse des prix», affirme au journal «Le Matin» un concessionnaire de la place. «Il faut dire que le néon purifié est transporté sous forme compressée par bateaux, les bateaux sont donc déjà en route, mais il faut bien comprendre qu’ils ne partiront plus.

Le temps de trajet des bateaux est de l’ordre de 45 jours, la pénurie sera donc réelle dans environ 3 mois chez les producteurs qui ont souvent 45 jours de stock», explique-t-il. «Une fois la pénurie de semi-conducteurs installée, il faudra encore un peu de temps pour que les fabricants de cartes mères (pour l’automobile, les télévisions, les téléphones) se retrouvent eux aussi en pénurie. Ils ont des stocks tampons… mais ils sont devenus faibles avec le temps. Pour les consommateurs, la pénurie arrivera entre 10 (pour l’électronique) et 45 jours (pour l’automobile), car là aussi, il y a un temps de transport et un stock tampon chez les grossistes nationaux», ajoute notre interlocuteur.
En clair, les conséquences de la guerre en Ukraine s'annoncent multiples pour plusieurs industriels. Le pays produit en effet 50% du volume mondial de néon et 40% du krypton, un autre gaz indispensable à la fabrication de semi-conducteurs.

Or ces deux gaz sont utilisés dans le procédé de lithographie qui consiste à graver le schéma d’une puce sur une galette de silicium ou encore dans les processus d’ionisation de surface… Et de nombreux fabricants majeurs de semi-conducteurs, dont le géant taïwanais TSMC, se fournissent habituellement en Ukraine !
En outre, l’industrie américaine des puces électroniques dépend fortement du néon d’origine ukrainienne et russe. En effet, l’année dernière, environ 45% de l’approvisionnement en gaz rare, y compris le néon, du pays provenaient de la Russie et de l’Ukraine.
Mais il faut noter que les 55% restants ont pour origine la Chine, l’Allemagne et la France. Ainsi, même en situation de tensions avec la Russie et l’Ukraine, ces trois pays pourraient continuer à approvisionner les États-Unis en néon pour éviter une pénurie totale.

Une co-production

Notons que cette spécificité remonte au temps de l’URSS, quand les aciéries russes envoyaient en Ukraine les gaz bruts issus de la fabrication de l’acier pour qu’ils y soient purifiés.
Menacée d’invasion par l’armée russe, la ville ukrainienne d’Odessa est considérée comme la capitale du gaz néon purifié. La société Cryoin, spécialisée dans la purification du gaz néon brut, a arrêté sa production par mesure de sécurité dès le début du conflit, le 24 février. Le 28 février, le média américain «Wired» était le premier à alerter sur le risque «d’une autre pénurie mondiale de puces», qui risquerait de pénaliser de nombreux secteurs, dont l’industrie automobile. Par ailleurs, Wired rappelle que, lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le prix du gaz néon avait bondi de 600%. Entre décembre dernier et aujourd'hui, il y a eu une nouvelle hausse de 500%.

Lisez nos e-Papers