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Inflation et relèvement du taux directeur : l'exception quasi mondiale du Maroc !

Face à la montée de l’inflation, la politique monétaire dans les pays développés, émergents et en développement est de plus en plus synchronisée. Selon le FMI, plus des trois quarts des Banques centrales ont augmenté les taux d’intérêt, à 3,8 reprises en moyenne. Le Maroc fait exception en n’ayant pas augmenter son taux directeur en raison d’une inflation qui devrait revenir à un niveau plus raisonnable en 2023 et d’un taux de croissance bas. Il s’agit aussi de continuer à préserver les conditions d’accès aux crédits.

Inflation et relèvement du taux directeur : l'exception quasi mondiale du Maroc !
Selon le FMI, la politique budgétaire doit appuyer les efforts des banques centrales pour maîtriser l’inflation.

Le 21 juin dernier, contrairement à la tendance observée à l’international, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de garder le taux directeur inchangé à 1,50%, alors que l’inflation persiste à des niveaux exceptionnellement élevés. Avec cette décision, Bank Al-Maghrib fait, pratiquement, exception à l’échelle mondiale. En effet, selon le Fonds monétaire international (FMI), pour faire baisser l’inflation, la majorité des banques centrales sont passées à l’action : plus des trois quarts de ces institutions ont augmenté les taux d’intérêt, à 3,8 reprises en moyenne. Pour Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, face à des perspectives mondiales «exceptionnellement incertaines», les pays doivent faire tout leur possible pour faire baisser l’inflation, faute de quoi, la reprise pourrait être compromise et le niveau de vie des personnes vulnérables se dégrader davantage.

De même, la politique budgétaire doit appuyer, et non entraver, les efforts des Banques centrales pour maîtriser l’inflation. «Il s’agit d’une tâche complexe. Face au ralentissement de la croissance, certaines personnes auront besoin d’un appui renforcé, et non moindre. La politique budgétaire doit ainsi réduire la dette tout en prévoyant des mesures ciblées pour soutenir les ménages vulnérables confrontés à de nouveaux chocs, notamment en raison de la hausse des prix de l’énergie ou des denrées alimentaires», a souligné la DG du FMI à l’occasion de la réunion hybride des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des pays du Groupe des Vingt (G20) qui s’est conclue samedi dernier à Bali.

À ses yeux, «l’indépendance des Banques centrales est essentielle au succès de ces mesures, ainsi qu’une communication claire et une approche fondée sur les données». Rappelons que pour Bank Al-Maghrib, deux données majeures ont favorisé le maintien du taux directeur inchangé à 1,50% en juin dernier. Il s’agit de la croissance atone de 1% attendue cette année après un rebond qui aurait atteint 7,9% en 2021. S’ajoute à cela le retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023 à 2%, après 5,3% en 2022.

Le HCP également pour une politique accommodante

Or, pour les économistes de Fitch Solutions, la donne a changé. La flambée de l’inflation devra persister alors que les perspectives de croissance économique au Maroc sont moins baissières qu’attendu. Dans une analyse publiée en juin dernier, ses experts prévoient, en effet, que l’inflation alimentaire restera forte, car les contraintes d’approvisionnement mondiales ainsi qu’une contraction de la production agricole nationale maintiendront les prix élevés. De même, les prix élevés de l’énergie accentuent les pressions inflationnistes, les cours du Brent devront atteindre en moyenne 100 dollars le baril à moyen terme. En outre, ajoute la même source, une récolte agricole meilleure que prévu (une baisse de la valeur ajoutée agricole de 15% au lieu de 19,8% projeté en mars dernier) devrait apaiser les inquiétudes de BAM pour la croissance, l’incitant à augmenter les taux d’intérêt. À noter qu’à la veille de la réunion du 21 juin, Fitch Solutions s’attendait à ce que BAM ose deux hausses du taux directeur de 25 points de base chacune, au second semestre, le portant à 2% d’ici la fin de l'année.

Les projections du HCP ne vont pas dans le même sens. Pour le haut-commissaire au Plan (HCP), qui vient de présenter le Budget économique exploratoire (BEE) 2023, «la politique monétaire en 2022 devrait rester accommodante malgré la montée en flèche de l’inflation, priorisant le soutien d’une économie affaiblie par les crises sanitaires et géopolitiques, et par les conditions climatiques défavorables. Ainsi, le maintien du taux directeur à 1,5% devrait continuer de préserver les conditions d’accès aux crédits». En attendant, le FMI s'apprête à annoncer une nouvelle révision à la baisse de ses projections pour la croissance mondiale en 2022 et 2023. Pour l’institution de Bretton Woods, les risques de détérioration demeureront et pourraient s’aggraver, en particulier en cas de persistance de l’inflation. Ce qui nécessiterait des interventions encore plus poussées des pouvoirs publics et des banques centrales, qui pourraient avoir des répercussions sur la croissance et exacerber les effets de contagion, en particulier dans les pays émergents et les pays en développement.

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