Depuis l’installation du nouveau gouvernement il y a cent jours, quatre Commissions des investissements se sont réunies à ce jour. Au total, elles ont approuvé 31 projets de conventions et avenants pour un montant global de plus de 22,5 milliards de DH, avec à la clé 11.366 emplois directs et indirects projetés. La première s’était tenue le 23 novembre dernier et avait abouti à l’approbation de 13 projets permettant la création de 5.000 emplois, dont 3.000 indirects, pour un montant global de plus de 2 milliards de DH. Sur ce montant, un milliard émane d'investisseurs locaux, le reste d'investisseurs étrangers dans des secteurs stratégiques comme celui des puces électroniques pour les véhicules ou encore l'industrie pharmaceutique. Lors de cette Commission, il a été annoncé que des commissions régulières allaient se tenir toutes les semaines pour accélérer les différents investissements au Maroc, jusqu'à épurement des différents projets à la fin de l'année 2021.La deuxième commission des investissements s’était réunie le 30 novembre et s’était soldée par l’approbation de 5 conventions et avenants de projets d’investissements pour un montant global de 3,96 milliards de DH.
Les porteurs de ces projets affichent l’ambition de créer 756 emplois directs et indirects. Le secteur des énergies renouvelables représente 75% des investissements projetés, le reste allant au transport. À noter que les projets à capitaux étrangers mixtes présentés lors de cette Commission pèsent pour près de 3 milliards de DH. Les projets à capitaux nationaux représentant, pour leur part, plus de 973 millions de DH. Lors de cette commission, Aziz Akhannouch avait souligné «la nécessité de maintenir un rythme soutenu d’approbation et de signature des conventions d’investissement, afin de se conformer au temps de l’entreprise et de répondre au mieux aux attentes des investisseurs marocains et étrangers».Lors de la troisième Commission des investissements, qui s’était réunie le 7 décembre dernier, 3 projets totalisant 2,07 milliards de DH ont été validés. À la clé, 1.110 emplois à créer. Les projets d’investissements examinés lors de cette commission sont dominés par le secteur des infrastructures avec 1,8 milliard de DH, soit près de 87% du montant global projeté. L'industrie s'est adjugée le reste, soit 270 millions de DH.
La 4e et dernière Commission en date s’est tenue le 5 janvier. Elle a examiné et approuvé 7 projets de conventions et avenants pour un montant global de 7,19 milliards de DH devant permettre la création de plus de 4.500 emplois directs et indirects. Le secteur de l’Enseignement supérieur concentre à lui seul 6,26 milliards de DH, soit près de 87% des investissements projetés. Le secteur du tourisme arrive loin derrière avec 476,1 millions de DH (7%), suivi des secteurs de la logistique (2%), de la santé (1,6%) et de l’industrie (1,6%). Sur les emplois directs prévus, 687 vont à l’Enseignement supérieur, 230 au tourisme, 165 à la santé et 122 à l’industrie & logistique. Les projets à capitaux nationaux pèsent pour l'essentiel des investissements validés avec près de 6,5 milliards de DH, soit plus de 90%. Lors de cette réunion, le Chef du gouvernement a souligné le rôle essentiel des commissions d’investissement dans la facilitation de l’acte d’investir et l’encouragement de l’initiative publique et privée.
Abdelhafid Marzak
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Crédit TVA : enfin un engagement ferme sur les remboursements !
Joli cadeau de fin d'année. Lors du Conseil de gouvernement du 23 décembre 2021, Aziz Akhannouch a annoncé l'activation de l'engagement du gouvernement visant à assainir les arriérés des crédits de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) au profit des entreprises du secteur privé. Le Chef du gouvernement avait précisé que dans le cadre de cet engagement gouvernemental, une enveloppe de 2,5 milliards de dirhams a été mobilisée pour régler les arriérés des crédits TVA. Devait suivre la mobilisation de pas moins de 1,5 milliard de dirhams. Et d’ici fin avril prochain, 9 milliards de DH supplémentaires seront engagés afin de permettre aux entreprises, principalement les petites et moyennes, de disposer de liquidités importantes dans un contexte de crise et ainsi renforcer leur investissement et leur développement. En tout, l’Exécutif s’engage sur le remboursement de 13 milliards de dirhams, correspondant au stock du différentiel de la TVA due par l’administration au secteur privé. Cette annonce est réconfortante pour les entreprises dans ce contexte de crise où leurs trésoreries ont été mises à rude épreuve et continuent de subir des pressions. «L'objectif est de permettre aux entreprises, particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME), de disposer d'importantes liquidités dans leur trésorerie, afin de résister à la crise sanitaire de la Covid-19 et de s'engager dans la dynamique de création de valeur ajoutée et d'opportunités d'emploi», a fait valoir, fin novembre, Akhannouch lors de la séance mensuelle consacrée à la politique publique à la Chambre des représentants sur le thème «Plan d'action du gouvernement pour renforcer la construction de l'État social».S.N.
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Des ministres chez la CGEM
Environnement des affaires : le gouvernement fait part de ses projets et intentions au patronat
Après son installation, le nouveau gouvernement, qualifié de proche des milieux des affaires, s’est empressé de dépêcher ses membres pour rencontrer les opérateurs économiques, essentiellement dans le cadre de la CGEM. Objectif : faire des annonces en ce qui concerne les chantiers sur lesquels travaille le gouvernement pour favoriser la relance de l’économie nationale, qui est malmenée par la douloureuse épreuve de la pandémie, et l’amélioration des affaires.
Le nouveau gouvernement, qualifié de proche des milieux des affaires, a essayé dès son démarrage de confirmer ce jugement. L’Exécutif s’est, surtout, empressé de dépêcher ses membres pour rencontrer les opérateurs économiques, essentiellement dans le cadre de la CGEM. Il en est ainsi de Mohcine Jazouli, ministre délégué en charge de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce, et Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances. Une occasion pour ces ministres de faire des annonces en ce qui concerne les chantiers sur lesquels travaille le gouvernement pour favoriser la relance de l’économie nationale, qui est malmenée par la douloureuse épreuve de la pandémie, et l’amélioration des affaires. Et pour le patronat c’était une occasion de réitérer ses doléances.Les chantiers du gouvernement annoncés lors de ces rencontres, notamment celle avec le ministre de l’Industrie et du commerce, concernent plusieurs domaines. Il s’agit notamment de la valorisation du Made in Morocco par la mise en place d’une plateforme, dont le mode de fonctionnement est à déterminer, pour offrir aux industriels marocains un accompagnement de bout en bout. Il s’agit aussi du chantier de la souveraineté nationale dans des secteurs clés comme l’agro-industrie et la pharmaceutique afin de renforcer la capacité de production nationale.
L’Exécutif annonce aussi poursuivre la mise en œuvre du projet de substitution à l’importation mis sur les rails en 2020. Parmi ces chantiers, figure également l’accès des industriels au réseau de moyenne tension de source renouvelable. Selon le ministre de l’Industrie, les premiers contrats sur les premières zones sont en cours de validation. De son côté, la CGEM a profité de ces rencontres pour exposer de nouveau ses revendications. Elles sont en lien notamment avec les coûts de la matière première et des facteurs de production (énergie, foncier et logistique), l’accès au financement, la nécessité de lier les programmes de financement et de subvention de l’État à un niveau d’intégration locale.
Lahcen Oudoud
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Avec un taux de croissance faible et sans mesures pour la classe moyenne
Loi de Finances 2022 : le gouvernement aurait-il fait preuve de manque d’audace ?
Si pour le gouvernement la loi de Finances 2022 est un budget pour la relance de l’économie nationale, pour bon nombre d’opérateurs économiques et d’économistes, cette loi de Finances s’inscrit plutôt dans la continuité de la politique budgétaire des exercices antérieurs et manque d’audace.
La loi de Finances 2022 a été présenté par le gouvernement comme un budget qui ambitionne de répondre aux attentes fondamentales des citoyens en matière de santé, d’éducation et d’emploi, de redonner du dynamisme à l’investissement privé, d’accompagner l’entreprise nationale et de l’inciter à créer des opportunités d’emploi et à continuer à soutenir l’investissement public. Toutefois, de l’avis de nombre d’opérateurs économiques et d’économistes, cette loi de Finances 2022 s’inscrit plutôt dans la continuité de la politique budgétaire des exercices antérieurs et manque d’audace.Il en est ainsi du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui estime que «si le projet ne se déclare pas comme d’austérité au regard de la profonde récession qui ronge l’économie, il ne s’en éloigne que de peu». En effet, pour le CMC, «à un moment où tous les pays de la planète ont dérogé aux règles de prudence budgétaire et se sont engagés dans des plans de relance conséquents avec d’importantes enveloppes pour le financement, aucun signe d’une véritable relance ne transparaît au travers du projet de Budget établi pour 2022». Même son de cloche de Hicham Bensaïd Alaoui, directeur général d’Euler Hermes Acmar qui était l’invité de l’Info en Face diffusée par «Le Matin». «Avec les 3% de croissance attendus, nous n’irons pas très loin. Il faudrait peut-être tendre vers les 7% chinois ou indiens ou vers les 3,5% de certaines puissances de la grande époque, mais 3% reste modeste», souligne-t-il.
Dans le même ordre d’idées, Abdelkader Boukhriss, économiste et membre de l’Alliance des économistes istiqlaliens, qui était l’invité de l’émission l’Info en Face, il y a quelques semaines, estime que «psychologiquement et en termes de communication, on aurait tout à gagner en annonçant un taux de croissance de 4,5 ou 5%, au moins pour donner des signaux assez forts aux opérateurs économiques». Pour lui, certes, une enveloppe de 245 milliards d’investissements publics est un bon signal pour la relance. Il note également que la relance peut être portée par la demande intérieure, qui sera soutenue par la décision du gouvernement d’accorder une allocation de 1.000 dirhams aux personnes en situation de précarité. Toutefois, il déplore que le gouvernement n’ait pas mis en place des mécanismes de soutien à la classe moyenne.
Lahcen Oudoud